Réduire la dépendance énergétique d'une unité de méthanisation - 3 questions à Léo Benichou, responsable R&D / innovation biométhane de GRDF sur cet appel à projets

Rédigé par

Ludovic GUTIERREZ

Responsable Grands comptes

1013 Dernière modification le 21/11/2022 - 11:36
Réduire la dépendance énergétique d'une unité de méthanisation - 3 questions à Léo Benichou, responsable R&D / innovation biométhane de GRDF sur cet appel à projets

Réduire la dépendance énergétique des unités de méthanisation est un enjeu sur lequel GRDF se penche au travers de ce nouvel appel à projets. Décryptage de Léo Benichou, responsable R&D / Innovation à la direction biométhane de GRDF

Dans quel contexte s’inscrit ce nouvel appel à projets ?

Les événements géopolitiques marqués par la guerre en Ukraine se combinent à l’arrêt prolongé des centrales nucléaires en France pour introduire des désordres sévères sur les marchés de l’électricité. Pour les industriels qui n’ont pas, comme les particuliers, bénéficiés très tôt d’un bouclier tarifaire, les hausses des prix à l’occasion des renouvellements de contrats peuvent être démesurées.

Avec des factures d’énergie multipliées par cinq et plus, il y a matière à mettre à mal la filière qui affiche une forte dynamique et à décourager les porteurs de projet (1 150 projets inscrits sur le registre des capacités, soit la possibilité de multiplier par 3 la production actuelle de biométhane). Or, les gaz verts – et notamment le biométhane qui est la technologie la plus mature – joueront un rôle essentiel dans la souveraineté énergétique de la France et la décarbonation de l’économie, de l’agriculture notamment.

À quels défis sont confrontés les exploitants de sites de méthanisation ?

Le process de méthanisation a des rendements élevés (max. 0,15 kWhe / kWh biométhane injecté) mais est fortement consommateur d’électricité. L’énergie représente – hors hausses exceptionnelles des prix – 30 % des coûts d’exploitation. Si nous voulons assurer le développement et la pérennité de cette filière – et c’est le mandat de GRDF dans le cadre de sa mission de service public – il faut absolument améliorer la résilience et la sobriété même des sites de méthanisation.
Soutenir l’innovation est également dans notre mission. Or, par nature, on innove bien sous la contrainte. Lorsque, comme dans la période que nous vivons, l’environnement économique et technique évolue fortement, Il ne faut pas nous priver de révéler les opportunités d’innovation. Les appels à projets sont un véhicule parfaitement adapté à cela. Les lauréats bénéficieront d'une participation financière de GRDF d’un montant pouvant aller jusqu’à 40 000 € par expérimentation.

Quelles seraient les pistes et à qui s’adresse cet appel à projets ?

La première piste relève de l’efficacité énergétique. Nous nous adressons donc à des acteurs capables d’analyser les consommations, de les modéliser et d’identifier les leviers pour les optimiser, des bureaux d’études ou des experts ayant les compétences pour accompagner les producteurs de biométhane en ce sens.

Le deuxième axe porte sur la production locale d’énergie renouvelable. Il peut s’agir d’électricité, mais aussi de chaleur. Certaines technologies sont matures dans certains pays, certains usages, mais n’ont pas été appliquées à la méthanisation. Ou ne sont pas autorisées en France, comme par exemple l’usage de la chaleur solaire (produite par du solaire hybride) pour réchauffer les digesteurs. Le changement de contexte devrait ouvrir la possibilité de refaire les études d’opportunité et de faire évoluer le cadre réglementaire. Sur ce volet, nous nous adressons davantage à des entreprises capables de conseiller sur l’installation de solutions d’EnR (photovoltaïque, solaire hybride, cogénération biogaz) ou d’accompagner sur des sujets d’autoconsommation.

Enfin, nous espérons faire émerger des technologies moins matures, qui permettraient de produire de la chaleur et/ou de l’électricité pour améliorer la résilience du modèle et se protéger des évolutions erratiques des prix. Le champ de contraintes évoluant, de nouvelles opportunités peuvent se révéler favorables au développement de nouvelles technologies !

 

Factuellement, cet appel à projets a été lancé en réaction à un contexte économique et énergétique tendu. Mais au-delà de l’urgence, l’innovation doit permettre de résoudre des problèmes structurels et systémiques.

 

Nous avons besoin de tester des approches innovantes voire disruptives, de développer des démonstrateurs et donc d’associer à cet appel à projets des producteurs de biométhane et des acteurs de la filière méthanisation. Le terrain d’expérimentation est chez eux !

- Léo Benichou, responsable R&D / Innovation, direction biométhane GRDF

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