Post-Béton, lauréat de l’appel à projets FAIRE

Rédigé par

APC Cécile Gruber

Directrice de la Communication

3040 Dernière modification le 03/09/2019 - 11:06
Post-Béton, lauréat de l’appel à projets FAIRE

Pour l’édition 2019 de l’appel à projets innovants FAIRE, 11 lauréats ont été sélectionné dont le projet « Post-Béton », porté par ciguë, une équipe d’architectes qui proposent des alternatives à la chape ciment.

Organisé pour la 3ème année consécutive par le Pavillon de l’Arsenal et la Ville de Paris, l’appel à projets urbains FAIRE a primé ses lauréats le 3 juillet 2019. FAIRE Design Urbain est un laboratoire pour expérimenter les innovations urbaines et architecturales qui répondront aux défis de demain : l’adaptation des villes au changement climatique, la mobilité, l’implémentation de nouvelles technologies, le renforcement des solidarités, la pénurie de matériaux…

Valoriser les déchets de démolition

En Ile-de-France, les chantiers produisent 30 millions de tonnes de déchets par an. Face aux objectifs de la loi de Transition écologique de 2016, qui vise la revalorisation de 70 % des déchets de chantier d’ici 2020, des solutions émergent pour répondre à ces enjeux.

Innovant, le projet Post-Béton ouvre de potentiels horizons en matière de recyclage et de réemploi des déchets de démolition, permettant ainsi de réduire les déchets et aussi de développer une filière locale inscrite dans une démarche d’économie circulaire.  

L’équipe du projet Post-Béton fait des recherches pour développer des alternatives à la chape ciment et proposer une solution pour le réemploi du gisement de matériaux issues des travaux de démolition. Dans le cadre de la construction de leur atelier-agence à Montreuil, ils envisagent de tester cette alternative. Le bâtiment préexistant sera démoli en partie, une ossature en bois sera installée, et les dalles du sol seront créées à partir des matériaux du site réemployés (terres inertes excavées, gravats de béton concassé, briques pilées et plâtres de réemploi) pour créer des dalles de sol. Pour remplacer le ciment en tant que liant, l’utilisation de la terre et du plâtre seront privilégiés.

 

Entretien avec Ciguë Camille Bénard, Hugo Haas, Guillem Renard et Alphonse Sarthout, architectes

En quoi consiste votre projet, pourquoi avoir choisi le nom de « post-béton » ?

Nous avons choisi le titre ‘post béton’ parce qu’il est aujourd’hui évident qu’il faut trouver une alternative au béton : surconsommation d’énergie pour la production de ciment et quasi disparition du sable à l’échelle planétaire et tous les problèmes liés à sa non-recyclabilité. 

L’autre problématique que nous souhaitons traiter aussi via cette recherche est la gestion de nos déchets liés à la démolition. Que faire des tonnes de gravats générés chaque année par l’industrie du bâtiment? 

Notre cadre de recherche s’inscrit dans la construction de nos futurs locaux à Montreuil. Cela nous permet de pouvoir mener une expérimentation dans un cadre que l’on contrôle à 100% et d’assumer seuls la part de risque que toute expérimentation sous-entend. 

Ainsi les deux règles de jeu que nous nous sommes données pour le projet : ne pas utiliser de béton dans la construction et conserver tous nos déchets sur site. 

Quand sera mise en œuvre cette expérimentation sur le site de Montreuil ?

Cette expérimentation commencera d’ici la fin de l’année et devrait se dérouler sur plusieurs mois. L’idée est que l’expérimentation soit finalisée et mise en œuvre dans le bâtiment que l’on souhaite réceptionner courant 2021. 

Vous envisagez des expérimentations de dalle de sol à partir de ce matériau alternatif, existe-t-il d’autres potentiels de valorisation de ce matériau ? 

Nous sommes sur un projet en structure bois. On combine traditionnellement des chapes de béton à des planchers bois pour être plus efficace acoustiquement et apporter une inertie thermique au bâtiment pour le confort d’hiver. C’est pour cela que nous faisons le choix de concentrer la recherche sur la question des sols. Mais comme toute recherche on espère qu’elle ouvrira vers d’autres sujets ou applications potentielles. 

Ce n’est pas la première expérimentation de valorisation des déchets pour l’agence Ciguë, vous avez déjà fait des recherches sur les déchets de papier ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

 Cette recherche s’inscrit également dans un sujet lancé depuis plusieurs années chez Ciguë : la conception de nouveaux matériaux à partir de déchets. La dernière expérimentation faite concernait les déchets de papier générés par notre propre agence. Il en est sorti une série de blocs de rangements faits de la matière recyclée et mise en forme par compression pour la boutique de la Fondation Galerie Lafayette. Ces modules ont ensuite été exposés en 2019 à la Cité de l’Architecture dans le cadre de l’exposition ‘Mobiliers d’architectes’. 

L’ambition de la recherche ‘post-béton’ est de développer cette démarche à une échelle architecturale. 

Projet de mobilier à base de papier compressé pour la Fondation Lafayette
Anticipation Crédit photo : ciguë

Votre projet s’inscrit sur un site délimité avec pour objectif de favoriser les échanges entre les métiers de la démolition, recyclage, maçonnerie et de l’artisanat, et contribue à la réduction des déchets et au réemploi : comment déployer de telles initiatives à plus grande échelle ?

Le processus in situ que nous allons mettre en place va soulever en parallèle de la recherche sur le matériau lui-même la question de la démolition sélective, de son surcoût, de la gestion des volumes, de leur stockage, de leur concassage. Cela nous permettra de confronter et d’évaluer l’intérêt une méthode de recyclage et de réemploi plus artisanale, hyper locale, sans avoir recours à des filières industrielles. 

Phasage et processus d’élaboration du matériau in-situ Crédit photo : ciguë

L’idée est donc de tester des solutions de traitement qui soient plus légères en termes d’infrastructure, de matériel et au final de coût, pour que ce principe soit facilement reproductible par n’importe quel type de structure et pas seulement réservé à des entreprises d’échelle industrielle. L’ambition est d’activer un réseau d’acteurs et d’artisans locaux pour construire une filière plus accessible et pour au final diminuer au maximum le transport de déchets et de matières. 

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