[Entretien] Planète Ener-j : la rénovation intégrale et responsable pour ambition

3294 Dernière modification le 11/03/2021 - 11:52
[Entretien] Planète Ener-j : la rénovation intégrale et responsable pour ambition

En proposant des rénovations intégrales à base de matériaux biosourcée Planète Ener-J s’est positionné sur un marché novateur. Après deux ans d’activité et un développement rapide, la petite entreprise souhaite s’agrandir à toute l’Ile de France. Une ambition qui nécessite de recruter de nouveaux artisans partenaires un peu partout dans la région. Le point avec Olivier Jeanson, fondateur de l’entreprise.

 

1. En quoi consiste votre démarche ?

Nous avons mis en place une démarche intégrale de rénovation, qui est accessible aux particuliers et aux petits chantiers. Cela permet de mettre en place un processus de rénovation responsable aussi bien pour des petits travaux de rénovation ponctuels que des travaux plus importants. Face au succès de cette dernière dans le sud de la région parisienne, nous souhaitons maintenant passer à l’échelle supérieure en s’intéressant à toute l’Ile-de-France. Notre ambition est de démontrer que l’on peut réaliser un travail de qualité en privilégiant les matériaux locaux et biosourcés.

Pour en revenir à notre démarche, celle-ci se décline en cinq étapes : analyser, diagnostiquer, préconiser, réaliser et enfin contrôler. En règle générale, nous avons les compétences nécessaires en interne. Mais dans certaines situations, il nous arrive de faire appel à des sociétés extérieures. Ces dernières doivent alors signer une charte, porte notamment sur le process, les matériaux employés, l’acceptation d’être contrôlé et le recyclage des déchets de chantier. Cela nous permet de garantir à nos clients que les prestataires auxquels nous faisons appel respectent notre démarche responsable.

L’avantage d’une démarche intégrale, est qu’il n’y pas de parti-pris particulier sur le chauffage, ou encore sur l’isolation. Nous décidons des travaux à réaliser, en fonction de l’analyse que nous faisons d’un chantier ou d’une maison. Pour assurer la qualité du conseil et de la prestation qui est préconisée, nous avons décidé de nous associer avec Oxily, un cabinet d’étude spécialisé dans la qualité de l’air intérieur et l’efficacité énergétique. Ils nous apportent une dimension réglementaire stratégique, avec des scénarios réalisables permettant à nos clients de valider leur choix.

 

2. Pourquoi s’appuyer essentiellement sur les biosourcés ?

Les matériaux biosourcés présentent des performances environnementales et thermiques très intéressantes. En effet, ce sont des matériaux avec un impact carbone faible, de bonnes caractéristiques isolantes et hygrométriques, et qui s’adaptent facilement aux différents types de projet. De plus, ce sont des matériaux locaux, comme le bois, la paille et le chanvre, ce qui permet de faire fonctionner les filières locales.

Cependant, nous ne prônons pas le biosourcé absolu. Ce qui compte, c’est de mettre le bon matériau au bon endroit. Si nous considérons que le béton sera meilleur qu’un biosourcé à tel endroit, nous utiliserons du béton. C’est comme ça que nous pouvons optimiser au maximum les matériaux utilisés dans la rénovation. C’est très important pour rénover responsable.

S’appuyer sur les biosourcés, c’est aussi une opportunité pour les personnes qui les mettent en œuvre. Les chantiers sont globalement mieux payés, lorsque nous faisons appel à des entreprise extérieures, cela nous permet de respecter leur travail en les payant à leur juste valeur. Avec la hausse de la demande des clients pour les biosourcés, les artisans ont tout intérêt à développer leurs compétences dans ce domaine, pour s’ouvrir à de nouvelles opportunités ou, tout simplement, évoluer à titre personnel. C’est l’occasion pour eux d’apprendre de nouvelles techniques de rénovation, qui correspondent mieux aux nouvelles attentes du marché et aux normes du bâtiment. Pour beaucoup de nos partenaires, c’est aussi l’opportunité de travailler tout en étant en accord avec leurs valeurs.

 

3. Pourquoi cette volonté d’étendre vos activités à l’Ile-de-France?

Pour être honnête, lors de la création de Planète Ener-J, nous ne pensions pas étendre autant nos activités avant 5 ans. Or, il s’avère que nous avons très rapidement acquis une certaine expertise. Nos salariés, des Compagnons, ont fortement monté en compétences. Ils sont tout à fait en mesure aujourd’hui de devenir des chefs de chantiers, de diriger des équipes.

Nous avons eu de bons retours. Nous sommes donc prêts à nous étendre. Mais au-delà de nos compétences, nous considérons qu’il est indispensable que des démarches et initiatives comme la nôtre se généralisent. A notre échelle, nous souhaitons participer à la transition écologique du secteur du bâtiment. Bien entendu, il faut que cela se fasse dans le respect des artisans. Nous avons développé un cercle vertueux de travail et de respect mutuel, tant sur le plan de l’expertise professionnelle de chacun que de l’aspect économique. Cette volonté de s’étendre, c’est donc à la fois vouloir diffuser de bonnes pratiques, mais aussi de former des acteurs à des pratiques responsables, tout en montrant qu’il est possible de travailler en respectant ses prestataires.

 

4. Vous nous parlez de la réussite de votre démarche, avez-vous un chantier en particulier qui l’illustre ?

S’il y a bien un exemple de chantier que je devrais retenir, ce serait une maison que nous avons rénové à Oncy-sur-école pour une professeure de Yoga. La propriétaire était engagée dans une forte réflexion responsable. Elle souhaitait avoir un lieu en accord avec sa pratique : des matériaux sains, peu de chauffage et éviter les problèmes électromagnétiques liés à l’électricité. Ce chantier a été un vrai défi pour Planète Ener-J. Pour la partie matériaux, nous étions dans notre domaine d’expertise. Nous avons utilisé du bois, des plaques de Fermacell pour le sol et les cloisons, de la perlite ou du feutre de chanvre et du parquet en bois massif. En revanche, pour l’électricité et la peinture, nous avons dû faire appel à des artisans extérieurs, qui ont accepté de se former sur le chantier. L’électricien a ainsi découvert la bio-électricité. Quant au peintre, il a eu l’occasion de travailler avec des enduits terre et des peintures dépolluantes. Ce chantier a donc offert à ces deux artisans l’occasion de se former à d’autres techniques de travail, plus responsables.

Finalement, même si le coût de la rénovation responsable est encore élevé pour le client, on voit que bien que ce type de chantier est techniquement possible à réaliser. Et cela notamment grâce aux artisans motivés, désireux de découvrir de nouvelles techniques de travail. Ce sont ces artisans, qui permettent de faire avancer le bâtiment durable, que nous souhaitons soutenir.

 

 

5. Quels sont les difficultés que vous identifiez pour passer à l’échelle régionale ?

De notre côté, nous sommes prêts à passer à l’échelle régionale. Notre situation interne est stable, notre démarche est au point et les équipes sont tout à fait à même de travailler à une autre échelle.

Malheureusement, le recrutement d’artisans est difficile. Il y a un véritable manque de compétences sur la rénovation responsable et surtout d’offre de formation. En fait, la filière verte en France en est encore à ses balbutiements. Nous sommes conscients de cette situation. C’est pour cela que nous avons choisi d’accompagner les artisans qui nous rejoignent. Nous prenons en charge une partie de leur formation et nous nous tournons aussi vers les financements d’un Organisme Paritaire Collecteur Agréé.

En revanche, si on regarde l’état des professions de manière plus globale, il est vrai que la situation est assez difficile. Le premier point est que les artisans ont très peu de temps pour se former, d’autant plus quand ils multiplient les prestations plutôt mal rémunérées. Il y a aussi un manque d’offre de formation. Pour la formation initiale, les lycées pro qui ont les moyens d’enseigner des pratiques liées aux biosourcés et aux méthodes de rénovation que nous utilisons se comptent sur les doigts de la main. Il faut absolument revaloriser ce type de formation et leur donner des moyens, si nous voulons développer les compétences des artisans. Il est trop tôt de notre côté pour en dire plus, mais notre ambition en tant qu’entreprise est de contribuer à cette offre de formation et d’offrir des opportunités aux filières locales.

Il y a aujourd’hui une vraie nécessité de faire le lien entre « la tête et les bras ». En caricaturant, je dirais qu’il y a une partie de la profession qui a les moyens de réfléchir, comme les bureaux d’études ou encore les architectes, et une autre qui court après le temps pour terminer les chantiers ou atteindre une rentabilité suffisante pour vivre. Les deux parties sont déconnectées. Ce n’est pas ainsi que nous pourrons changer les pratiques.

Propos reccueillis par Construction21, la rédaction

 

Plus d'informations sur le site web de Planète Ener-J

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