Penser les infrastructures de mobilité comme un écosystème au service de l’attractivité du territoire

Rédigé par

Joris Gaudion

AMO chef de projet senior

692 Dernière modification le 03/09/2021 - 10:08
Penser les infrastructures de mobilité comme un écosystème au service de l’attractivité du territoire

Quel est le rôle des infrastructures de mobilité dans l’attractivité du territoire ? Comment l’aménagement d’infrastructures peut-il valoriser les atouts d’un territoire ? En quoi le développement d’un récit de territoire améliore t-il l’image perçue par les usagers et visiteurs ? Écosystèmes, circuits de mobilités intra et inter territoriaux, nouveaux leviers d’attractivité.

La place des infrastructures et leur organisation sont des clés majeures pour valoriser un territoire et agir sur son attractivité. Dans une volonté croissante de faire toujours plus durable et inclusive, les politiques d’aménagement doivent se penser collectivement pour s’exprimer de manière équilibrée dans le temps, sur l’entièreté d’un territoire mais aussi et surtout pour toutes les parties prenantes. La place des équipements de mobilité est non négligeable dans cette quête de l’attractivité. Pour tendre vers une valorisation bienveillante, les organisations en circuit et en réseaux sont des leviers d’action efficaces pour tendre vers un territoire remarquable, et non plus de simples sites isolés d’attractivité.

La place des infrastructures dans l'attractivité des territoires, faire durable, équilibré et concerté

Mieux aménager et programmer pour s’approprier son territoire, (re)investir les espaces remarquables

L’aménagement d’infrastructures et d’équipements permet de valoriser au mieux ces atouts territoriaux d’une ou de collectivités territoriales – les rendant plus accessibles ou en les mettant en valeur. Cela consiste en outre à offrir certaines singularités aux parties prenantes concernées. En fonction des territoires, des usages et des cibles, ce sont de multiples infrastructures et organisations qui peuvent être pensées et co-construites avec les acteurs locaux. 

Cette diversité et complexité sont incarnées par des principes fondamentaux en matière de politiques d’aménagement du territoire de l’État que sont : « le principe de répartition pour assurer la meilleure distribution possible des richesses sur le territoire ; le principe de création pour instaurer, sur l’ensemble du territoire, les conditions et les mécanismes locaux qui favorisent le développement des activités et des emplois ; le principe de compensation pour corriger les inégalités territoriales en soutenant les espaces en difficulté ; le principe de protection pour préserver les richesses environnementales et culturelles ; le principe de coopération pour construire la politique d’aménagement du territoire avec l’ensemble des acteurs concernés ». [ Source : Préfecture Hauts-de-France ]

Plusieurs entités publiques – nationales, européennes et internationales – viennent en soutien de ces développements. Cela s’exprime par la mise en place de programmes comme ceux du Ministère de la Cohésion des Territoires, via l’ANCT ( Agence National de la cohésion des territoires (ANCT)

 avec un portefeuille d’ailleurs complété par « des Relances avec les Collectivités Territoriales » – par le biais des programmes Action Cœur de Ville ou Petites Villes de Demain, les programmes de recherche et d’observation PUCA-POPSU (PUCA). Des soutiens financiers existent aussi comme celui de la FNADT (FNADT)

Cette construction partenariale permet d’appuyer un marketing territorial cohérent, où les parties prenantes concernées font écosystèmes en agissant de manière concertée et collective. Dans cette approche territoriale de l’attractivité, il faut bien souligner que le territoire est bien plus qu’un simple produit ou une marque ; et donc doit être manipulé de manière prudente et concertée.

Construire une attractivité durable, équilibrée et solidaire, l’importance des échelles

Penser aux différentes échelles territoriales d’un espace est une clé pour une attractivité durable et équilibrée. Il s’agit d’ancrer un espace remarquable dans son environnement. 

Pour passer de sites remarquables à un unique territoire remarquable, travailler sur la mobilité, la connectivité et l’accessibilité des espaces est essentiel. Que ce soit dans son quartier, sa ville, son agglomération, son département voir sa région ou pays, l’aménagement doit se penser d’une manière multi-scalaire pour garantir un rayonnement pour tous. 

Cette vision globale permet d’adapter et anticiper les enjeux liés au développement d’une attractivité accrue, et ainsi éviter tout potentiel conflit avec des citoyens ou acteurs locaux.

Projet de voie verte – Desserte agricole partagée de l’agglomération Evreux Portes de Normandie

Le territoire de l’agglomération d’Evreux est situé à proximité de grands itinéraires cyclables nationaux dont l’Avenue Verte Paris Londres, la Seine à vélo ou la Véloscénie. Ces derniers sont des atouts considérables pour améliorer l’attractivité du territoire, en s’appuyant sur des infrastructures durables déjà présentes. La mise en place d’un schéma départemental de voies partagées et de voies vertes de l’Eure permet d’intégrer les liaisons passant par Evreux pour connecter le territoire à ces grands itinéraires. Aujourd’hui, le travail d’Evreux Portes de Normandie consiste à travailler sur les connexions fines entre son tissu urbain et périurbain mais aussi avec ces itinéraires départementaux et nationaux pour créer un écosystème cyclables multi-scalaire adapté pour tous. Cette stratégie s’applique directement dans la cas du projet de mutation de la voie romaine. Le projet est porté par l’agglomération Evreux Porte de Normandie. Il souhaite mutualiser les usages agricole, cyclable et de promenade sur un tracé de 10 km qui relierait  la ville d’Evreux à plusieurs bourgs ruraux de de l’agglomération à savoir Angerville, Guichainville, Prey et Grossoeuvre.

En savoir plus sur notre référence Plan Vélo à Evreux EPN: https://villeagiledurable.com/references-lavilleeplus/

Intensifier l’attractivité de son territoire passe donc en partie par le développement de transports et une nouvelle organisation des mobilités. La multimodalité est, en outre, un indispensable dans cette valorisation territoriale. Elle permet d’articuler les différents usages des parties prenantes d’une manière fine et complémentaire. 

C’est ainsi que certains espaces stratégiques de connectivité sont propices à un aménagement particulier comme notamment les gares ferroviaires, routières ou les ports. Dans ces lieux où l’on se croise sans se rencontrer, un travail pour rendre ces espaces plus accueillants et bienveillants est une opportunité.

Le nouveau quartier gare de Blois, « pensé pour y vivre »

Blois a décidé d’aménager le quartier de sa gare pour en faire un espace vivant et attractif. Porte d’entrée du territoire, le projet s’appuie sur la redynamisation de ses espaces pour y accueillir divers usages et acteurs locaux. 

Logements, enseignement, végétalisation, flânerie et mobilité, ce sont tant de fonctions que compte articuler ce nouveau quartier pour conjuguer attractivité et bienveillance. [Source]

Penser en termes de circuit pour mieux valoriser les territoires et leurs activités, clé d'une attractivité bienveillante 

La mise en récit d’un territoire en créant des liens : de sites remarquables à territoire remarquable

Renforcer l’attractivité d’un territoire signifie aussi rechercher et marquer une ou des identités locales fortes, de l’histoire d’un territoire, de sa géographie ou d’un savoir-faire particulier. Un levier stratégique dans les politiques d’aménagement consiste donc à mettre en récit son projet et le territoire associé. Il s’agit de faire comprendre les racines, les acteurs et l’horizon que l’on souhaite associer aux espaces et équipements concernés. En créant une communauté apprenante et concernée, des liens se mettent en place sur le territoire, le rendant plus cohérent. De sites remarquables, le territoire devient attractif dans sa totalité.

La ligne verte à Nantes, le récit d’un territoire en baskets

Toute l’année, une ligne verte tracée au sol en cœur de ville permet de ne rien manquer du parcours du Voyage à Nantes. Les étapes culturelles, les principaux monuments, les œuvres d’art et les éléments singuliers de la destination sont indiquées et surtout associées. Ce sont près de 67 lieux et éléments remarquables qui sont mis en relief grâce à une simple ligne, narratrice de l’histoire nantaise ! En vélo ou à pieds, ce parcours est accessible pour tous à tout moment. 

Dans cette quête, une bonne communication et des informations accessibles sont des leviers non négligeables. 

La Vélodyssée, de la Bretagne au Pays Basque en vélo

La Vélodyssée est une véloroute qui traverse la Bretagne et longe l’Atlantique jusqu’à la Côte basque par un parcours tonique et sauvage. Sur plus de 1200 km avec l’océan en toile de fond,  ce sont plus de 70% du trajet qui se réalise sur des voies sans voiture. Ce parcours propose de traverser mais surtout découvrir les trésors de la région grâce à plusieurs balises disposées tout au long de la véloroute. Un travail particulier sur l’accessibilité a été effectué puisqu’il est possible de fabriquer son trajet en avance grâce à un site web et une plateforme interactive de cartographie.

Pour une attractivité bienveillante et partenariale des territoires, penser et intégrer des circuits inter-territoriaux

Dans ce sens, plusieurs territoires se sont déjà réunis pour penser et faire valoir des circuits inter-territoriaux d’attractivité. Ces derniers se sont déjà rassemblés en 2016 et ont réalisé un document dans le cadre du plan Réinvestissons la France. Ce sont 12 propositions qui ont été construites pour une meilleure politique d’infrastructures et d’attractivité des territoires. 

L’objectif est de créer une véritable gouvernance des infrastructures dans un cadre où les investissements publics locaux sont préservés et les financements privés facilités. Cela s’articule autour de 6 grands axes qui sont : 

  • Refonder une politique nationale d’infrastructures ;
  • Renforcer les compétences des nouvelles régions en matière d’infrastructures ;
  • Autonomiser l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport de France) pour disposer d’un véritable outil de financement ;
  • Moderniser le cadre budgétaire et comptable des collectivités locales ;
  • Étendre les possibilités de rémunération par l’usager ;
  • Adapter le régime financier et assurer la sécurité juridique des parties prenantes

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