Paris, 1ère ville française à tester les toits blancs “coolroof” pour limiter la chaleur estivale

Rédigé par

Zacharie Lachèvre

Assistant marché institutionnel

12064 Dernière modification le 12/10/2018 - 09:44
Paris, 1ère ville française à tester les toits blancs “coolroof” pour limiter la chaleur estivale

 Paris en surchauffe ?

La ville de Paris connaît depuis trois années des températures estivales inédites, avoisinant régulièrement les 40° degrés en journée (l'année 2017 aura été l'une des années les plus chaude enregistrée depuis plus d'un siècle selon l'agence onusienne World Meteorological Organization). L'augmentation de la chaleur en ville est le fait d'une trop forte minéralisation (routes, bâtiments) et des activités humaine (transport et climatisation surtout).

Il en résulte la création d'îlots de chaleur urbains : il peut faire jusqu’à 10°C plus chaud en ville qu’à la campagne. 

  • Paris tout en blanc ? Dans son tout nouveau “plan climat” voté avant l’été, la ville de Paris a justement décidé de “ réinventer ses bâtiments pour s’adapter aux canicules”
  • Les solutions proposée ? Mieux concevoir les bâtiments, les verdir, et - plus original - peindre les toits avec une peinture reflective (procédé dit “cool roof”). 

Alors demain, Paris tout en blanc pour limiter la chaleur ?

L’idée n’est pas parisienne : les grecs peignaient leurs villages en blanc pour renvoyer le maximum de rayonnement solaire dans l’espace et ainsi rafraîchir les villages. Récemment, New York a peint plus de 500,000m² de ses toits en blanc (voir encadré).

A Paris, les étanchéités conventionnelles des toitures sont plutôt sombres (zinc, bitume) : ces toitures montent ainsi fortement en température (jusqu’à plus de 80°C), chaleur qui est transmise à la fois dans le bâtiment et alentour (îlot de chaleur). Les peindre en blanc permettrait-il de lutter efficacement contre l’inconfort estival ? 

Ecole Louis “Blanc” : jusqu’à 6°C de moins dans la salle peinte en blanc

Pour en avoir le cœur net, la Mairie de Paris a décidé en Juin 2017 de lancer une phase de test du « cool roofing ». Pour réaliser l’opération, elle a fait appel à l'entreprise ESS (certifiée Économie Sociale et Solidaire) Cool Roof France, qui développe depuis 2015 une peinture à base d’eau, de résine et de pigments, fortement réflective et respectueuse de l’environnement.

Le choix s’est porté sur 2 salles de classes du dernier étage de l’école primaire Louis Blanc dans le 10e arrondissement, où la température avant peinture avait été relevée à plus de 38°C. Des thermomètres ont été positionnées à l’intérieur de ces deux classes et sur leurs toits. Le toit d’une des deux salles de classes a été peint, l’autre non.

Après un an d’analyse des températures, sans aucune autre modification des usages ou des équipements, le bilan est édifiant :

  • Le toit de la salle peinte en blanc est plus frais jusqu’à plus de 20°C que le toit de la salle non peinte.
  • A l’intérieur des classes, la différence a atteint plus de 6°C.

Les objectifs fixés dans le plan climat semblent donc bien pertinents, et fort de ce constat, la Mairie cherche à dupliquer l’expérience. En particulier, l’idée de peindre sous des panneaux photovoltaïques est à l’étude : moins un panneau a chaud, plus il produit !

 

Jusqu’à plus de 20°C de différence sur le toit

 Suppression des températures d’inconfort à l’intérieur

Les objectifs fixés dans le plan climat semblent donc bien pertinents, et fort de ce constat, la Mairie cherche à dupliquer l’expérience. En particulier, l’idée de peindre sous des panneaux photovoltaïques est à l’étude : moins un panneau a chaud, plus il produit !

 Extrait du plan climat de la ville de Paris

 

Bloomberg, l’homme qui a peint les toits de New York en blanc

Lorsqu’il était maire de New York, Michael R. Bloomberg (désormais “envoyé spécial des Nations Unies pour l’action pour le climat”) avait lancé une initiative insolite baptisée “New York Cool roof initiative”. L’idée ? Alors que Big Apple souffre chaque été de températures caniculaires, le Maire a mobilisé des milliers de citoyens volontaires pour monter sur les toits noirs chauffant à plus de 80°C, et les peindre en blanc. Résultat ? La température à la surface des toits a diminué de 40°C aux heures les plus chaudes de la journée, réduisant les températures au sol de 10°C et de 20°C dans les bâtiments.

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