Optimiser le financement et les coûts de la rénovation énergétique

Rédigé par

Jean Pierre Bosquet

R&D, Environnement Santé Bas Carbone

2747 Dernière modification le 17/01/2018 - 08:02
Optimiser le financement et les coûts de la rénovation énergétique

Le titre même de ce papier laisse supposer que dans une opération de rénovation énergétique les coûts soient perçus comme élevés, le financement devenant de ce fait stratégique. Et que la massification de ces opérations pour les propriétaires occupants ou bailleurs dépende de la réduction des coûts. C’est effectivement un enjeu majeur du plan de rénovation énergétique des bâtiments.

Mais le coût peut-il être considéré comme un élément à part, techniquement dissocié du reste du système qui conduit à la rénovation du bien ? 

La question est-elle technique, celle de la constitution même du coût et de ses différents composants ou bien celle de l’acceptation du coût ? Et l’acceptation du coût relève-t-elle d’autres logiques, d’autres approches ? Quels autres ressorts met-elle en jeu ?

Il faut poser un principe de base. En matière de rénovation la décision appartient à « l’habitant », généralement au propriétaire-occupant ou au propriétaire bailleur. Il lui est difficile de disposer d’une vision globale de ce qu’il entreprend. Il perçoit plutôt une succession d’actions et d’obstacles. 

Aujourd’hui Rénover est d’abord et surtout un parcours jalonné d’incertitudes majeures.

  • Incertitude, voire incompréhension de l’origine et de la nature des problèmes rencontrés et de la nécessité d’agir. 
  • Incertitude sur les priorités à mettre en œuvre
  • Incertitude sur les solutions techniques adaptées
  • Incertitude sur le type de professionnels qualifiés et sur lesquels il est possible de s’appuyer en toute confiance. Pas d’interlocuteur identifiable.   
  • Incertitude sur le coût des travaux et de tous les autres frais.
  • Incertitude sur la durée des travaux et leur impact sur l’utilisation du logement, de l’immeuble, sur la vie quotidienne.
  • Incertitude, voire ignorance, sur les bénéfices en termes d’usage, de confort et de santé.
  • Incertitude sur les aides financière et incitations fiscales, systèmes particulièrement instables, y compris la TVA.  
  • Incertitude sur les économies réelles et durables.

Comment dans de telles conditions s’engager sereinement dans un projet quelle que soit son envergure ? Pour se lancer dans de telles opérations le consomm’acteur a besoin de comprendre d’abord et ensuite de certitudes et de garanties.

La clef est certainement là. Le plan de rénovation énergétique des bâtiments doit aller plus loin. Il doit sortir du système expert.

Il faut replacer le client au centre. C’est lui qui doit être le fil conducteur et plus l’immeuble. Il est nécessaire que les différents interlocuteurs  changent de position et de logique. Il est important qu’ils le fassent à l’unisson. Chaque acteur doit arrêter de considérer son secteur comme un domaine d’expertise réservé, quasi-indépendant du reste du système.

Rénover ne peut pas être une succession d’actions quasi indépendantes mais un système de référence dédié qui repose sur un certain nombre de « briques ». Et chaque brique a une influence déterminante sur les coûts.

Quelques exemples de « briques »

L’état des lieux. Connaître les enjeux pour anticiper. 

La plupart des français méconnaissent leur patrimoine et la façon dont il a été bâti, sa constitution. Ils ne disposent d’aucun élément leur permettant une analyse des difficultés qu’ils rencontrent et si diagnostics il y a, ils sont partiels et indéchiffrables. Pour les consommations, eau, gaz, fuel, électricité et autres, ils ne disposent d’aucun élément de comparaison. D’ailleurs ils subissent les difficultés sans chercher à en identifier les véritables causes.

Définir et imposer un « Carnet Santé-Énergies » du logement.

Il s’appuie sur une analyse, des concepts simples, souvent de bon sens, faciles à expliquer. Il bénéficie d’une communication accessible et ludique. Les différents médias sont à l’unisson, plateformes internet spécialisées, réseaux des collectivités territoriales et de l’État, acteurs privés.

Cette communication doit être écrite pour en exclure tout discours technique et techno. Comme une histoire de vie . . .

Ce « Carnet Santé-Énergies » s’impose à chaque transaction, à charge du vendeur et est indispensable pour bénéficier d’aides publiques. Son contenu est codifié, il est directement aidé par la collectivité avec un reste à charge limité.

Il ne peut pas y avoir de programme d’améliorations sans ces connaissances qui ne sont pas seulement physiques, mais interrogent aussi le vécu des utilisateurs, leur ressenti.

La méthode pour programmer les améliorations 

Beaucoup de discours ont cohabité, parfois mal, portés par des objectifs et des intérêts divergents. Faut-il isoler les murs, changer les fenêtres, changer d’énergie. Faut-il bannir le fuel ou l’électricité ? Comment ventiler efficacement ? C’est impossible à suivre.

Il faut prendre le risque d’une méthode-guide à partir de scénarios pré-écrits.

Les types d’habitat sont inventoriés régionalement pour dégager des solutions qui sont  présentées et expliquées pour être appliquées.

Cette méthode propose des solutions que des scénarios déclinent en priorités et en résultats exprimés en confort, santé, qualité de vie, économies en € et en reste à charge. En langage « client ».

Cette méthode est basée sur une vision globale qui sort de la monoculture de l’économie d’énergie. Elle accepte des gestes simples et directement efficaces.

La clef pour déclencher un programme d’améliorations cohérent c’est une méthode certifiée, qui propose des scénarios à suivre directement ou à améliorer. Chaque scénario exprime les « bénéfices clients » dans leur vie quotidienne

Coopération des acteurs - Réalisation du projet

Le mot clefs s’agissant des acteurs sont accompagnement, confiance et hommes de métier.

Rénover est un savoir, un savoir-faire sur le terrain et un savoir être qui mérite des spécialistes.

C’est une véritable école.

Créer et développer une école de jeunes professionnels, ambassadeurs de la méthode.

Une école et qui s’appuie sur les initiatives des territoires. Associer à cette école les autres acteurs architectes, ingénieurs et les entreprises organisées en groupements, des contractants généraux, tous volontaires pour promouvoir et décliner la méthode. Constituer un réseau opérationnel. Cette école permet de diffuser une culture spécifique par la formation (MOOC). Elle développe une expertise unique en collationnant et en affichant toutes les opérations et leurs résultats dans une bibliothèque .Cette école fournit les acteurs de demain pour chaque brique, à chaque niveau du système : carnet santé énergies  – accompagnement client – économie - communication - réalisations.

La mise à disposition d’interlocuteurs identifiables, de spécialistes dédiés à la rénovation est la voie indispensable pour donner confiance.

Financement et augmentation de valeur. Mesure de tous les bénéfices

Le coût, à savoir le montant des travaux brut, est insuffisant et très réducteur pour apprécier l’intérêt d’une opération.

L’habitant peut avoir plusieurs objectifs augmenter le confort, améliorer les conditions de vie,  l’habitabilité, favoriser la santé, diminuer les charges. . . En un mot donner de la valeur à son patrimoine par l’entretien, augmenter la valeur verte comparée à d’autres biens immobiliers.

Remplacer le coût par la valeur et la faire apparaitre à chaque moment par une application gratuite. Les économies et les bénéfices sont évalués par l’application pour permettre la perception de l’augmentation de la valeur globale à l’issue des travaux et par périodes sur une durée de 20 ans. Les résultats ne sont plus exprimés en kw mais en confort, santé, qualité de vie, économies en € et en reste à charge. Les modes de financement anticipent les diminutions de charges et intègrent les aides. 

Exemples :

  • Le carnet Santé-Énergies fait apparaitre le coût des réparations indispensables pour maintenir le bien en état et le délai dans lequel elles doivent être entreprises. Il les compare avec les scénarios et évalue directement la valeur ajoutée par la rénovation.
  • Les solutions issues de la méthode-guide proposent des scénarios dont les résultats sont exprimés en confort, santé, qualité de vie, économies en € et en reste à charge.

Remplacer le coût des travaux par la valeur ajoutée mesurée sur leur durée de vie permet d’apprécier leur coût global pour prendre les décisions en connaissant les véritables enjeux.

D’autres briques indispensables pourront être proposées comme un engagement partagé sur le résultat, ou un système innovant et connecté de mesure et d’appréciation des bénéfices-clients.

L’optimisation des coûts et des financements de la rénovation et leur acceptation dépend de la mise en place d’un système référent de rénovation énergétique des bâtiments qui permet la connaissance des enjeux, définit une méthode, et évalue très directement la valeur ajoutée de chaque opération ou action. L’émergence de nouveaux acteurs engagés et une communication basée sur les bénéfices-clients vérifiés construiront la confiance.

Jean-Pierre Bosquet
Président du Syndicat des Architectes Contractants Généraux 

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