Optimiser l’efficacité d’une PAC avec une rénovation performante du bâti

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

1826 Dernière modification le 01/02/2023 - 12:34
Optimiser l’efficacité d’une PAC avec une rénovation performante du bâti

 

La pompe à chaleur air/eau est souvent présentée comme l’équipement de chauffage privilégié pour améliorer les performances énergétiques des bâtiments. Mardi 31 janvier, l’association négaWatt et le CLER organisaient une conférence de presse en ligne pour présenter les enseignements d’une étude dont le message principal était le suivant : la PAC n’est une solution réellement profitable que lorsqu’elle est installée dans le cadre d’une rénovation plus globale de l’édifice. Eclairages. 

L’étude « Rôle de la pompe à chaleur dans la stratégie de rénovation » menée par l’association négaWatt et publiée en novembre 2022 est riche d’enseignements quant aux bonnes conditions d’installation d’une pompe à chaleur dans un logement. Pour obtenir ses résultats, l’enquête se base sur un échantillon d’1,4 millions de logements parmi les moins performants énergétiquement de France : des classes F et G chauffés au fioul ou au gaz.  
Sur ce parc immobilier choisi, des comparaisons ont été effectuées entre plusieurs situations : une pompe à chaleur installée avec des convecteurs électriques, une pompe à chaleur alliée à une chaudière – pour rappel, une PAC « classique » ne présente souvent plus de performances suffisantes pour chauffer un bâtiment lorsque les températures extérieures sont inférieures à 9°C, elle doit donc généralement être associée à un autre système de chauffage – une pompe à chaleur hybride seule, une pompe à chaleur haute température, et une pompe à chaleur couplée à une rénovation globale et performante du bâti. 

Le bilan est sans appel. Sur tous les volets étudiés par négaWatt, la palme du plus performant et du moins polluant revient au duo PAC et rénovation globale. On y apprend notamment que cette combinaison permettrait de : 

  • Diviser par 100 les émissions de GES des logements de classes F et G chauffés au gaz et au fioul
  • Réduire de 70% la facture énergétique d’un ménage, contre 22% avec une PAC haute température, 17% avec une PAC et des convecteurs, 9% pour une PAC hybride et seulement 1,6% avec une PAC seule
  • Diviser par 15 la consommation actuelle d’énergie primaire des logements étudiés. Plus précisément, cela correspond à 16 fois moins d’électricité requise que pour la solution avec appoint par convecteurs, 14,4 fois que pour une PAC haute température et 6,4 fois moins que pour une PAC hybride
  • Nécessiter uniquement 1 GWe (puissance électrique appelée) pour une température extérieure de -5°C, alors que la solution par convecteurs électriques en appoint demanderait 9,6 GWe, les PAC hybrides rien, et les PAC haute température 8,4 GWe.

Conclusion, la combinaison pompe à chaleur et rénovation globale et performante semble être celle à privilégier pour décarboner efficacement le parc immobilier français, à minima celui qui le nécessite en priorité, les classes les moins bonnes du DPE. Plus encore que ce constat, négaWatt affirme dans son étude que « la réalisation d’une rénovation performante est une condition préalable et impérative au fonctionnement correct des PAC. » 

Ceci posé, comment encourager ce type d’opérations d’envergure dans les bâtiments ? Si les travaux de rénovation énergétique sont en forte hausse dans le pays, ils concernent encore en grande majorité des monogestes, soit un seul pôle d’intervention plutôt qu’une révision énergétique générale du bâti. C’est là que le CLER prend le relai de la publication de négaWatt en formulant plusieurs recommandations politiques au niveau national et européen. Parmi elles, restructurer le système d’aides financières existant pour les orienter davantage vers les rénovations performantes, mieux encadrer le prix des équipements et les coûts d’installation – des pompes à chaleur air/eau notamment –, mais aussi renforcer l’accompagnement en conditionnant le changement d’un système de chauffage dans un bâtiment par un passage obligatoire dans un Espace Conseil France Rénov’, où la réalisation d’une rénovation globale pourra être recommandée et guidée par un professionnel dédié. 

 

Télécharger le rapport complet de négaWatt

Partager :