Numérique responsable : le partage de données entre équipements pour optimiser les usages et les coûts

Rédigé par

Communication CERTIVEA

Direction de la communication

2319 Dernière modification le 06/04/2021 - 09:22
Numérique responsable : le partage de données entre équipements pour optimiser les usages et les coûts

COMMENT CONCILIER TRANSITIONS NUMÉRIQUE ET ENVIRONNEMENTALE ? 
Découvrez notre série de trois articles dédiés au Numérique responsable et à son articulation avec le Bâtiment durable

 

2ème article : Numérique responsable : le partage de données entre équipements pour optimiser les usages et les coûts

 

L’usage du numérique est en plein essor, accéléré par la crise sanitaire actuelle : il facilite les échanges, limite les déplacements et permet une communication instantanée ainsi que le partage simplifié des informations. Compte tenu de ses nombreux impacts, il parait nécessaire que son utilisation soit « responsable » et que des garde-fous soient mis en place. Dans le premier volet de notre série d’articles dédiés au Numérique responsable, nous avons fait le point sur les enjeux du numérique dans le domaine du bâtiment en matière de sobriété et d’efficacité énergétiques. Notre deuxième article est consacré à la nécessité du partage des données entre équipements. En effet, les actions visant à la mutualisation des équipements numériques ou au recours à des interfaces de programmation (APIs[1]) ouvertes sont considérées comme une mesure importante pour réduire l‘Empreinte environnementale du numérique mondial selon une étude récente de Green IT[2].

Hausse des émissions de gaz à effet de serre dues à la multiplication des infrastructures réseaux 

D’après une autre étude de Green IT[3], sur les 24 Mt de gaz à effet de serre (GES) émis par le numérique à l’échelle de la France, ce sont les émissions liées aux infrastructures réseaux qui connaissent la plus forte progression. Cela s’explique par la baisse de la part des équipements des utilisateurs, sachant que des pays développés comme la France arrivent à un pallier, et par le déploiement de nouveaux réseaux (fibre, 4G, 5G…) qui se superposent aux infrastructures existantes en nécessitant notamment l’ajout de nouvelles antennes et de nouveaux câblages.

 

Source : ADEME – La face cachée du numérique (2018)

 

Et les ondes dans tout ça ?

De nombreux équipements issus de la transition numérique (capteurs, actionneurs, objets connectés…) utilisent des technologies sans fil pour faire circuler leurs informations collectées et émettent donc des ondes. En France et en Europe, il existe une réglementation entrée en vigueur en 2017 qui fixe des seuils à ne pas dépasser et des actions à mener pour réduire les champs électromagnétiques. Au-delà de la réglementation se pose la question de l’usage : les technologies sans fil sont plurielles (4G, 5G, bluetooth, LP-Wan…) et n’émettent pas toutes sur les mêmes bandes de fréquence. Par conséquent, elles ne font pas transiter la même quantité d’informations (et n’ont pas les mêmes consommations aussi !). Il convient donc de choisir la bonne technologie en fonction de ses besoins : « on n’a pas besoin d’une autoroute pour faire rouler une bicyclette[4] » !

La nécessaire mutualisation des réseaux et de leurs équipements 

Si le numérique est plébiscité pour la simplification des tâches et des usages qu’il permet, ses impacts environnementaux sont de plus en plus évoqués et critiqués. En effet, le numérique est aujourd’hui responsable de 5,2 % des émissions des gaz à effet de serre (GES), soit environ 2,5 fois plus que l’aviation civile (2%). Les émissions de GES des équipements numériques sont principalement dues aux phases de fabrication et d’utilisation, les plus importantes selon l’analyse de leur cycle de vie (ACV). La phase ‘fin de vie’, considérée comme marginale, comporte assez peu de données.

Actuellement, les bâtiments tertiaires disposent de nombreux réseaux informatiques : GTB (gestion technique du bâtiment), contrôle d’accès, interphonie, vidéosurveillance… Ces réseaux sont souvent physiquement distincts, ce qui amène à la multiplication des équipements qui y sont connectés. En favorisant la convergence vers un seul réseau informatique basé sur un standard reconnu (IP – Internet Protocol), il est possible de créer des synergies entre les systèmes existants, voire de mutualiser les matériels utilisés (équipements réseaux, capteurs multifonctions…).

Selon une enquête du Club Digital de l’ARSEG[5], 48 % des entreprises utilisent un système informatique “propriétaire” (GTB/GTC, système de sécurité…). Ce type de dispositif peut être relié à d’autres systèmes mais des passerelles seront nécessaires, voire un développement supplémentaire par l’entreprise qui a conçu le système initial. La multiplicité de ces systèmes induit des surcoûts de mise en œuvre, une complexité d’exploitation et un besoin permanent de supervision, qui risquent de mener à une plus grande obsolescence et à un renouvellement accru des équipements. Or, comme on l’a vu dans notre premier article, l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre (GES) se fait dans la phase de conception des produits ; il est donc essentiel de prolonger au maximum la durée de vie des équipements en évitant de les changer trop régulièrement, au-delà du fait que cela permet de faire des économies notables !

Des infrastructures ouvertes et pérennes 

Avoir un réseau fédérateur des différents systèmes techniques du bâtiment ne suffit pas à assurer un numérique plus responsable. Encore faut-il que les données qui circulent sur ce réseau puissent être facilement mises à disposition (services énergétiques, de confort, santé, sécurité…). Cela permet d’éviter aux prestataires, qui en ont besoin pour mettre en place leur offre de services, d’avoir à installer des compteurs ou mécanismes complexes de récupération de données, qui viennent ajouter des surcouches technologiques coûteuses sur les plans environnemental et financier.

L’interopérabilité constitue ainsi un levier d’action, car il permet aux systèmes informatiques d’échanger avec d’autres systèmes existants ou futurs. En déployant des solutions ouvertes et standardisées, adoptées par le marché, le nombre d’infrastructures nécessaires est diminué et leur durée de vie prolongée, puisque leur ouverture les rend adaptables et aptes à perdurer dans le temps.

Dans ce cadre, si un propriétaire ou locataire souhaite changer d’outil de suivi de ses consommations énergétiques, si ce n’est de prestataire, les données pourront toujours être récupérées sans changer le système technique. La présence d’APIs ouvertes limite en effet l’obsolescence des équipements en rendant les données disponibles aux acteurs qui voudraient développer de nouveaux services, dont on ignore encore la teneur aujourd’hui. En véritable porte d’entrée/sortie numérique, l’API permet de savoir comment échanger avec le bâtiment, par exemple pour alimenter des tableaux de bord de suivi des consommations énergétiques.

Opter pour la mise en œuvre d’un numérique responsable, en questionnant ses usages et en optant pour le matériel approprié et interopérable, aide à en tirer le meilleur parti, tout en réduisant ses impacts environnementaux.
Tout comme l’architecture d’un bâtiment est désormais de plus en plus pensée de façon durable, son architecture numérique doit, elle aussi, être conçue et exploitée de façon vertueuse. Des solutions pour encadrer sa mise en œuvre existent : le Label R2S, en favorisant la mise en place d’un réseau informatique unique et la présence d’interfaces ouvertes, permet justement de réduire ses impacts  pour en avoir l’usage le plus pertinent possible au regard de ses besoins. En accompagnant la réflexion sur les services dont on souhaite disposer au sein d’un bâtiment, et, par voie de conséquence sur la quantité et la qualité de données que l’on veut collecter, ce label prône une approche sobre et responsable de la mise en œuvre du numérique unique en son genre. Pour en savoir plus : r2s.certivea.fr

Par ailleurs, parler de numérique responsable, c’est aussi concilier la collecte et l’analyse des données du bâtiment avec un cadre permettant d’assurer la sécurité des données, que ce soit celles de l’entreprise (clients inclus) ou  celles de ses collaborateurs. Cette thématique fera l’objet de notre troisième et dernier article sur ce sujet.

 

[1] Application Programming Interface (API) : solution informatique qui permet à des applications de communiquer entre elles et de s’échanger mutuellement des services ou des données.
[2] Empreinte environnementale du numérique mondial – Réalisée par GreenIT.fr , dans le cadre de ses travaux sur le numérique responsable et la sobriété numérique, entre décembre 2018 et juillet 2019, cette étude porte sur les impacts environnementaux du numérique mondial et leur évolution de 2010 à 2025. Elle s’appuie sur une méthodologie d’Analyse du Cycle de Vie (ACV) de type screening. Années considérées : 2010 à 2025.
[3] Réalisée par un collectif d’experts indépendants entre janvier et juin 2020, cette étude, baptisée « iNum », vise à quantifier les impacts environnementaux du numérique en France et à identifier des pistes d’actions adaptées aux spécificités françaises. Cette étude s’appuie sur une méthodologie d’Analyse du Cycle de Vie (ACV) de type screening. Les résultats publiés sont des résultats finaux après revue de pairs. Ils ont été légèrement mis à jour le 30 janvier 2021 (uniquement les assiettes de comparaisons des impacts qui n’ont pas évolués). Années considérées : 2019 (à terme 2010-2030).
[4] Comment s’y retrouver dans les offres de connectivité IoT dédiées – Mars 2019
[5] ARSEG : Association des directeurs de l’environnement de travail. Source : Enquête du Club Digital de l’ARSEG. Workplace Magazine n°284 – Juillet 2019

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