Naoden : comment lier valorisation des déchets et production d’énergie verte

Rédigé par

Hortense BECHEUX

Project Manager

5412 Dernière modification le 30/07/2020 - 11:35
Naoden : comment lier valorisation des déchets et production d’énergie verte

Naoden est une entreprise nantaise créée en 2015. Elle conçoit, fabrique et installe des microcentrales bioénergétiques qui transforment des déchets en énergie, à l’échelle locale. Ces petites unités participent à l’amélioration de l’autonomie énergétique des territoires, ainsi qu’à la production locale de richesses. Cela offre ainsi la possibilité à des acteurs privés, comme publics, de s’inscrire dans la transition énergétique et une économie circulaire. Rencontre avec Blandine Tassel, chargée de communication chez Naoden.

1. En quoi consiste votre solution de microcentrale ?

Blandine Tassel : L’idée de base derrière Naoden, c’est la transformation de biomasse en combustible, afin de générer de l’énergie. Nous avons ainsi créé des modèles de microcentrales bioénergétiques, qui produisent de l’électricité et de la chaleur à partir de déchets. Les équipements sont de petite taille, l’emprise au sol est de 100m² (pour un Imperium). Cela permet de placer notre solution sur quasiment tous les terrains, au plus près des besoins du client. De plus, nos centrales sont modulaires. Cela garantit une implantation très rapide, en deux jours, en plus de s’adapter à chaque projet. Notre première microcentrale a été inaugurée en 2017, à Vertou, pour la société « Les Coteaux Nantais », spécialisée dans l’arboriculture et la conservation de fruits. Grâce à cette version pilote, nous avons pu constater la viabilité de nos équipements, et lancer l’industrialisation. Naoden propose donc à ses clients l’installation de microcentrales sur leurs terrains, ainsi qu’un accompagnement tout au long du projet, de la gestion des combustibles à l’exploitation des équipements. Les combustibles valorisables au sein de nos solutions sont : le bois A (non traité), le bois B (traité avec adjuvants), les déchets verts ligneux, les noyaux et coques de fruits. Nous sommes actuellement en R&D sur le sujet des CSR (Combustibles Solides de Récupération), qui à ce jour sont majoritairement incinéré et très peu valorisés.

 

2. En quoi votre projet s’inscrit dans une démarche de transition des territoires ?

B.Tassel : Nos solutions répondent à de nombreux enjeux de la transition énergétique, notamment autour de la gestion des déchets. Nos centrales permettent en effet de valoriser des déchets de façon locale. Cela évite de les enfouir, de les incinérer, ou de les exporter à l’étranger, comme cela se fait actuellement. Il s’agit également pour Naoden de participer activement au développement du recours à l’énergie verte en France. Nous ne pouvons plus continuer à utiliser les énergies fossiles ainsi, il faut proposer des alternatives. Les microcentrales offrent la possibilité de gagner en autonomie énergétique en produisant une énergie verte décentralisée, et ainsi de réaliser des économies financières. De plus, en soutenant le circuit court et les filières de valorisation des déchets sur le territoire, nous contribuons à la création d’emploi local. Enfin, nous avons conçu des unités pensées pour un usage optimal, avec un design tourné vers l’utilisateur. Grâce à la taille de nos centrales, les projets ont une meilleure acceptabilité environnementale que des chaudières biomasse traditionnelles.

 

3. Concrètement, comment les centrales fonctionnent-elles ?

B.Tassel : Naoden utilise le procédé de pyrogazéification pour produire du syngaz à partir de déchets. Ces derniers sont chauffés à environ 1000° C avec une très faible quantité d’oxygène contrôlée. 

Nous proposons deux types de microcentrales, qui fonctionnent sur ce procédé de pyrogazéification :

  • La microcentrale Imperium permet de générer à la fois de la chaleur et de l’électricité grâce au principe de cogénération. Elle est composée d’une unité de gazéification, où le combustible est transformé en gaz. Ensuite, ce gaz est filtré des goudrons créés lors de la pyrogazéification, avant d’être envoyé dans l’unité de production d’énergie. Une microcentrale Imperium génère 90 kW électrique et 160 kW thermique. Il est possible de mettre en parallèle des unités, afin d’aller jusqu’à 900 kW électrique et 1600 kW thermique.

  • La seconde microcentrale que nous proposons est Nobilis, générant exclusivement de l’énergie thermique. Cet équipement est par exemple à destination d’industriels, pour alimenter des fours ou encore pour des bâtiments nécessitant une certaine quantité de chaleur en continu. Comme pour l’Imperium, elle est composée d’une unité de gazéification. Puis, le gaz rejoint un brûleur dans lequel il est brulé afin de générer de la chaleur. Ce brûleur fonctionne au syngaz.

En plus de ces équipements de base, nous proposons aussi une unité de stockage de combustible et une unité de transfert de combustible.

  

4. Un exemple de projet emblématique ?

B.Tassel : En 2018, Naoden a signé une commande avec le syndicat de valorisation de déchet « Kerval Centre Armor » dans le pays de Saint-Brieuc, à Ploufragan. Nous avons installé une microcentrale Imperium au sein de la déchetterie. L’objectif de ce projet était d’étudier l’utilisation de nouveaux combustibles, comme du bois B et des CSR. Il s’agit de vérifier la compatibilité environnementale et technique des solutions que nous proposons avec les déchets issus du Pays de Saint-Brieuc. À l’issue de cette expérimentation, nous sommes à même de proposer à nos clients des microcentrales capables de fonctionner à partir d’une plus grande diversité de déchets.

 

  

5. Quelles sont vos perspectives de développement ? Quels clients ciblez-vous ? 

B.Tassel : Nous fonctionnons aussi bien avec des acteurs privés que des acteurs publics. Les solutions Naoden conviendront à des industriels, des SMICTOM, des hôpitaux, des hôtels, des piscines ou encore des EHPAD. Ces structures sont dépendantes des fournisseurs d’énergie, alors qu’elles ont des ressources, sur leurs territoires, peur générer leur propre énergie, verte et décentralisée. Nous avons été labellisés sur deux projets avec Xylofutur et le Pôle Mer Bretagne Atlantique. Nous avons également établi un projet avec la Communauté de Commune du Haut Pays Val d’Azette. Actuellement, nous sommes en accélération de la phase d’industrialisation, à la suite de notre récente levée de fond d’1,6 M €. Cela nous permet d’augmenter la production des unités qui composent nos microcentrales, donc de proposer nos solutions à un plus grand nombre. Nous avons surtout des projets dans le grand Ouest de la France, mais nous nous développons aussi dans le reste du pays. Enfin, nous souhaitons nous ouvrir à l’international, d’ici fin 2021.

 

Contact : Hortense Bécheux, InnoEnergy [mail]

InnoEnergy
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