Métropole de Montpellier : un premier écoquartier bois construit hors-site

Rédigé par

Grégoire Brethomé - Construction21

Responsable éditorial

3491 Dernière modification le 09/02/2023 - 10:59
Métropole de Montpellier : un premier écoquartier bois construit hors-site

Une meilleure qualité du bâti, moins de gaspillage de matériaux et un bilan écologique bien plus léger que la construction traditionnelle, le hors-site possède de sérieux arguments pour inventer les systèmes constructifs de demain. Illustration dans la région montpellieraine au sein de l’écoquartier de la ZAC du Castelet (34), où l’entreprise Eocène a lancé le 19 janvier dernier le chantier de 17 villas bois, toutes issues de la construction hors-site. Un modèle à suivre ! 

Aléas météorologiques, retards, casse… les incertitudes sont nombreuses sur un chantier. De ce constat est né le système constructif hors-site PANOMUR®  développé par Morgan Chabalier, co-fondateur d’Eocène : « nous atteignons 80 % de faisabilité en usine, les panneaux des futures habitations partent avec leur structure, contreventement, isolation intérieure et extérieure, menuiseries, électricité et plomberie ».

Le résultat ? Une maison de 90m² livrable hors d’eau et hors d’air en 5 jours, prête à recevoir ses finitions. Un gain de temps propre à la préfabrication : pendant que le gros œuvre s’attelle au terrassement, les panneaux se construisent en usine. Ces arguments ont convaincu l’aménageur public montpelliérain SA3M d’opter pour une solution complètement hors-site pour réaliser les 17 maisons individuelles ossature bois de l’écoquartier du Castelet à Clapiers (34). Une première dans la région venant d’un aménageur public. Débuté en janvier, l’ensemble des lots seront livrés en septembre 2023.

Essaimer dans les territoires

« On ne fait pas de grosses usines parce que l’idée est de s’implanter partout, aujourd’hui on travaille dans le sud de la France, principalement dans l’Hérault, mais on peut travailler sur l’ensemble du territoire » présente Morgan Chabalier. Pour le projet de Clapiers, le bois utilisé provient des Cévennes et les panneaux sont réalisés dans l’usine de 2 000 m² de la société Evolusud basée à Miramas (13), concessionnaire de la solution PANOMUR®.  « L’idée c’est de réduire le circuit au plus court, dans les Landes nous utilisons du bois issu de forêts locales, 98% de nos matériaux sont d’origine française » précise-t-il. Les panneaux photovoltaïques installés sur les villas sont également fabriqués en France. 

A l’arrivée, le prix des villas en bois ne diffère pas de celui des appartements des résidences voisines. « Il est même légèrement inférieur à celui du marché sur la commune, qui est autour de 4 000 €/m² »  précise Tristan Séchaud, co-fondateur d’Eocène, « nous avons plusieurs clients qui ont préféré pour le même budget qu’un appartement T4 ou T5, acheter une maison chez nous, avec en prime un bout de jardin ».

Rationnaliser pour une meilleure qualité 

Construire hors-site répond également mieux aux exigences de la réglementation et des usagers. « Tout est contrôlé en usine avant d’être amené sur place, bien sûr cela n’empêche pas les erreurs mais il est quand même plus simple de les éviter quand on construit à l’avance, sans stress et sans avoir à subir les aléas de la météo » détaille Morgan Chabalier. 

Une nouvelle façon de travailler qui suppose une évolution rationnalisée des façons de faire pour les différents corps de métiers intervenant sur le chantier. L’occasion de dépasser certaines habitudes bien ancrées : « avec notre système constructif, les plaquistes font également de l’électricité. On s’est dit qu’il serait quand même beaucoup plus pertinent de leur demander de passer les câbles après qu’ils aient percé le placo, le résultat est un réel gain de temps sur la chaîne de production » ajoute Morgan Chabalier.

Production décarbonée

La RE2020 n’était pas encore applicable lors du dépôt du permis de construire, mais grâce à une structure performante et des panneaux photovoltaïques destinés à l’autoconsommation, les constructions atteignent quand même ses niveaux. Parmi les sources d’économie, la réduction du nombre de trajets sur chantier est l’un des bénéfices les plus visibles du hors-site : « nous produisons et transportons en 2D en usine pour faire du 3D sur place, cela nous évite de déplacer du vide » ajoute Morgan Chabalier. 

Côté déchets, la différence est significative : « nous avons une gestion des déchets qui est irréprochable, en recyclant notamment les chutes de matériaux, une maison de 90 m² c’est un gros sac de 50L de déchets, c’est là où nous faisons le plus d’économies ». Pour le reste, une bonne place est faite aux matériaux peu carbonés : « nous n’utilisons que des matériaux biosourcés, nos isolants sont en laine de bois, à l’intérieur et à l’extérieur, les matériaux de l’ossature sont en bois français, issu de forêts éco-gérées. »

Pourtant, il reste encore difficile de quantifier le gain véritable. « Calculer sur un chantier traditionnel d’une maison de 90 m² combien d’artisans font des allers-retours etc. est très complexe, mais nous sommes actuellement en train de travailler avec une entreprise pour pouvoir évaluer l’ensemble des émissions de carbone que nos chantiers permettent d’éviter » indique Tristan Séchaud. 

Dès à présent et pour offrir une meilleure traçabilité totale des matériaux utilisés et des intervenants, un logiciel a été créé pour faciliter les échanges d’informations (plan, bilan, études, notices descriptives, contrats d’assurance, fiches techniques…) entre les professionnels du bâtiment. 

Objectif massification 

Demain, l’entreprise Eocène compte continuer à développer le hors-site sur le territoire montpellierain. « Nous avions besoin d’une belle référence, l’enjeu c’est de prouver par l’exemple, on a mis trois ans pour réaliser 17 villas, le but maintenant c’est d’en faire une centaine sur trois ou quatre gros chantiers dans les trois années à venir » annonce Tristan Séchaud. 

Les étoiles sont d’ailleurs bien alignées pour un déploiement favorable aux solutions hors-site selon Morgan Chabalier : « cela fait 10 ans que je fais du hors-site, mon père en a été un des pionniers, et s’il y a 10 ans vendre une maison bois hors-site était un combat, aujourd’hui le hors-site est entré dans la loi et des documents comme les CCTP ou les DTU le favorise, ce qui fait que des mairies, et des sociétés d’aménagement mixte et public font confiance à ce type de système constructif, c’est une avancée énorme ! » 
 

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