LʼIA dans l’immobilier et l’aménagement : une idée durable ?

Rédigé par

Marc SERIEIS

2469 Dernière modification le 20/12/2018 - 09:22
LʼIA dans l’immobilier et l’aménagement : une idée durable ?

Se poser la question du « durable », j’écrirais plus volontiers « soutenable », c’est se poser la question d’une combinaison qui intègre de façon concomitante les notions sociale, environnementale et économique, l’idée du partage des richesses, la maîtrise des ressources, la limitation du réchauffement du climat et l’objectif de laisser aux générations qui nous succèdent une chance de bien vivre. L’IA nous prépare-t-elle des jours meilleurs ?

Comme en son temps la machine à vapeur, l’IA c’est la modernité d’aujourd’hui, numérique et rapide, mais finalement très superficielle.

L’IA suppose implicitement qu’en remplaçant l’intelligence humaine, on libérera une partie de notre cerveau et de notre force, pour notre confort et le progrès. Mais ne croyait-on pas déjà cela en remplaçant le travail humain par la mécanisation ? A-t-on gagné en temps libre et en partage du revenu du travail ? 

L’IA permet-elle d’orienter notre société vers plus d’environnement ?

Outre l’épuisement des ressources en minerais précieux, en traitement ultra polluants de ces minerais ou encore en consommation d’énergie, le numérique génère des modes de consommations très impactants comme les plateformes de vente de biens en ligne, la livraison de colis à domicile, l’augmentation des déplacements individuels…

 Et en termes sociaux et économiques ?

Coté social, non seulement les métiers rendus nécessaires par ces systèmes génèrent précarisation et abrutissement, mais l’IA se traduit aussi par une concentration des besoins en intelligence humaine sur la conception de ses dispositifs. Cela se fait au détriment des ouvriers et des usagers devenus plus « bêtes », à force de déléguer la gestion de leurs besoins vitaux. En témoigne ce jeune homme perdu à Central Park, incapable de retrouver le nord, sans son smartphone, alors qu’il suffit de lever la tête pour observer le soleil !

Enfin coté économique, l’IA permet-elle le partage des richesses, ou au contraire facilite-t-elle encore plus la concentration des lieux de pouvoirs et de profits ?

En somme si certains peuvent estimer que l’IA est « durable », je crois plutôt qu’elle est « indurable », ou plutôt insoutenable !

Vitesse ne rime pas forcément avec sagesse

Finalement, si l’IA est un incroyable accélérateur de processus (relevé instantané des consommations énergétiques, smart grid…), cette vitesse s’accommode d’intrusions dans nos habitudes et pose la question de la gouvernance : qui maîtrise ces données, l’intérêt général ou des puissances privées ? Pour ma part, je m’interroge…

« L’intelligence artificielle permet-elle à l’individu de se connecter avec lui-même ? A mon sens, non, elle l’incite plutôt à se déconnecter de certaines de ses capacités, et pas des moindres : communiquer, s’orienter, réfléchir pour optimiser… »

Article signé Marc Serieis, associé-gérant Albert & Co, président de l’ICEB

 © sdecoret

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