Les serveurs informatiques chauffent l’eau

Rédigé par

Antoine SELLIER

Responsable Pôle Résidentiel

2419 Dernière modification le 05/10/2020 - 12:07
Les serveurs informatiques chauffent l’eau

Dans la chaufferie du programme Botanica, conçu par le bailleur social Aiguillon Construction, à proximité de Nantes, la chaleur émise par des serveurs numériques permet de préchauffer l’eau chaude sanitaire. Une expérience originale qui vient d’être mise en service.

« Sur notre programme Botanica que nous venons d’achever à La Chapelle-sur-Erdre en Loire-Atlantique, nous avions l’ambition d’obtenir le label Effinergie+ avec un niveau RT2012 moins 20% et atteindre à minima un taux de couverture en énergies renouvelables de 40% d’énergie primaire », raconte Damien Carpentier, responsable de programme territorial au sein du bailleur social Aiguillon Construction, entité du groupe Arcade. Il ajoute : « Suite aux simulations de notre bureau d’études, Pouget Consultants, pour présenter la pertinence technico-économique de différentes solutions, seules deux propositions permettaient d’atteindre nos objectifs : soit la mise en place d’une pompe à chaleur double service associée à du chauffage électrique, soit une chaufferie collective au gaz intégrant une chaudière numérique pour préchauffer l’eau chaude sanitaire. Les deux solutions étant complétées par l’installation de panneaux photovoltaïques en autoconsommation. Au vu des coûts de maintenance, nous avons fait le choix de la chaudière numérique, qui permettait à la fois de diminuer les charges des occupants, donnait de vraie garantie de fonctionnement et constituait une solution vertueuse avec la récupération d’énergie issue des serveurs numériques. Et tout cela avait l’avantage d’être à la fois innovant, bas carbone et bien orienté vers le développement durable ». Soulignons ici que le programme Botanica comprend 56 logements dont 45 sociaux et 11 en accession abordable.

 

24 microprocesseurs dégagent de la chaleur

 

Aiguillon Construction décide alors, en étroite collaboration avec GRDF et Pouget Consultants, de se tourner vers la société Qarnot Computing, fondée voici dix ans, et dont le modèle économique repose sur deux métiers distincts mais complémentaires, avec l’installation de chaudières numériques, d’une part, et une activité informatique avec de clients ayant d’importants besoins en calculs, lesquels vont être déportés dans des chaudières. « Chacun de nos modules embarque 24 microprocesseurs qui dégagent de la chaleur lorsqu’ils fonctionnent et nous récupérons cette chaleur fatale pour chauffer l’eau chaude sanitaire », détaille Antoine de la Bouillerie, directeur commercial de Qarnot Computing sur la partie bâtiments. « Et il faut reconnaître que le couplage de nos machines avec une chaudière collective à gaz constitue sans doute la solution la plus simple : grâce aux calculs envoyés dans nos machines, nous couvrons 30% des besoins en eau chaude sanitaire et le gaz est là pour les pics de besoins », souligne-t-il. Pour le programme Botanica, c’est une chaudière numérique de 6 kW, composée de trois modules de 2kW, qui vient donc d’être installée dans le sous-sol de ce programme.

 

La prise en charge des coûts d’exploitation et de maintenance

 

Dans les faits, il s’agit d’un véritable cercle vertueux. La première étape est certes passée par l’acquisition de la machine par Aiguillon Construction mais Qarnot Computing prend ensuite en charge les coûts d’exploitation et la maintenance, sachant qu’un microprocesseur se remplace tous les sept ans en moyenne. Sans que les locataires de cet élégant immeuble situé à vingt minutes du cœur de Nantes ne s’en doutent une seule seconde, des données pour des sociétés aussi différentes que la BNP ou le studio d’animation Illumination Mac Guff, créateur notamment de la célèbre série des films « Moi, moche et méchant », sont traitées dans les sous-sols. « La BNP prenant en charge l’électricité de l’infrastructure, nous avons décidé de rétrocéder ces montants à la copropriété », précise Antoine de la Bouillerie. Et d’ajouter : « En somme, grâce à Aiguillon Construction, notre data center propose de la capacité de calcul à des prix quatre fois moins élevés que nos concurrents, y compris Amazon, et nous réduisons les charges de l’ensemble des occupants ». Un dernier point que confirme d’ailleurs Damien Carpentier, qui attend le terme de la première année d’exploitation pour estimer précisément l’économie réalisée. GRDF participe d’ailleurs à cette phase de test en assurant le suivi et le monitoring de l’apport d’énergie des chaudières numériques. Un dossier à suivre, donc…

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