Les activités de montagne à l'heure du développement durable : plus vertes, plus sobres

Rédigé par

Philippe Dumont

1444 Dernière modification le 05/12/2022 - 10:35
Les activités de montagne à l'heure du développement durable : plus vertes, plus sobres

Écosystème fragile, la montagne est régulièrement au centre des préoccupations environnementales. De l’hôtellerie aux stations en passant par le sport, plusieurs acteurs ont choisi la voie du développement durable.

Depuis le Sommet de Rio de 1992, la montagne dispose grâce aux Nations unies de sa journée internationale, le 11 décembre. Intégrée aux Objectifs de développement durable, sa conservation constitue un enjeu de premier plan. Outre l’habitat, la montagne comprend en effet près de la moitié des foyers de biodiversité mondiaux et la même proportion d’eau douce. Par conséquent, après l’année internationale de la montagne en 2002, l’ONU a proclamé 2022 Année internationale du développement durable des montagnes. En parallèle, celui-ci est déjà régulièrement mis en pratique.

Almaé Collection, acteur hôtelier écoresponsable

Pas de tourisme sans hébergement. Almaé Collection, prestataire de services d’hôtellerie & résidences de luxe, concilie le haut de gamme et le souci de l’environnement. Le jeune groupe, fondé en 2019 par Vincent Gombault un ancien financier mais ayant pris son envol après le confinement en 2021, a adopté un credo qui trouve un écho chez son public. Le directeur de cette chaine hotelière Vincent Gombault, ex-expert des fonds d’investissement, et son entreprise ont ancré le développement durable dans leur ADN. Loin des hautes sphères de la finance, Vincent Gombault valorise aujourd’hui son sa passion pour la montagne qu’il fréquente dès son plus jeune âge, passant ses vacances à Saint-Nicolas-de-Véroce. C’est cette même ville qu’il a choisie pour implanter l’Armancette, un hôtel membre des Leading Hotels of the World. Ce consortium de 400 hôtels répartis dans 75 pays met en avant la protection de l’environnement, par ailleurs en cohérence avec le profil des touristes de luxe : priorisation de l’échelle locale et soutien aux communautés, « quitter une destination en meilleur état qu’ils ne l’ont trouvée » comme l’explique Shannon Knapp, PDG du consortium. Ses hôtels répondent par ailleurs pour l’essentiel à plusieurs objectifs de développement durable, parmi lesquels l’action pour le climat, la vie aquatique et la vie terrestre.

Par conséquent, Vincent Gombault a choisi de privilégier le local. Les matériaux de construction sont hauts-savoyards traditionnels, du granit du Mont-Blanc à la lauze en passant par le tavaillon. Artisanaux, les rideaux ont été fabriqués localement. De manière plus active, l’Armancette se distingue par plusieurs engagements. Outre sa collaboration avec Unisoap en faveur du recyclage des savons des hôtels, la maison collabore avec Protect Our Winters, fondée par le snowboarder Jeremy Jones. Cette ONG conseille l’Armancette dans ses pratiques quotidiennes pour lutter contre le changement climatique. Il s’est par ailleurs doté d’un compost pour s’inscrire dans la démarche du Zero Waste (zéro déchet). Enfin, l’hôtel travaille avec Racing for the Oceans et poursuit l’objectif de devenir un établissement sans déchet plastique. Côté cuisine, la carte est locavore, avec des fournisseurs principalement savoyards et hauts-savoyards : Saint-Nicolas-de-Véroce, Villaz, Thonon-les-Bains ou encore Megève. L’attachement de Vincent Gombault à la région n’est sans doute pas étranger à ces différents engagements en matière de développement durable.

Megève, station labellisée

La station de la commune de Megève fait d’ailleurs partie des stations de ski éco-responsables. Depuis 2020, elle a intégré la quinzaine de destinations labellisées Flocon Vert aux côtés aussi bien des Rousses jurassiennes que de la Vallée de Chamonix Mont-Blanc. « Chamois d’or de la transition » créé par l’association savoyarde Mountain Riders, Flocon Vert évalue les pratiques durables d’une destination au travers de quatre critères. Les initiatives d’économie locale – et soucieuses de la nature – doivent être soutenues et renforcées. Le patrimoine local et le développement durable doivent être valorisés auprès des touristes comme des habitants de la commune. La gouvernance du site doit s’orienter activement et à l’année vers un développement soutenable. En dernier lieu, l’environnement et les ressources naturelles doivent être défendus via plusieurs actions : mobilité douce, recyclage, gestion de l’eau, maîtrise de l’énergie ou encore respect de la biodiversité. Ces quatre grandes thématiques se déclinent en vingt critères, auxquels la station de Megève a su répondre.

Flocon Vert souligne l’engagement de Megève au travers de trois actions du site. Pour rompre avec le tourisme de masse et ses effets dévastateurs sur l’environnement, Megève a adopté l’étalement de ses activités et services sur dix mois de l’année. La station privilégie la diversification au travers de ses structures d’accueil comme de sa programmation événementielle – soit une vingtaine de grands rendez-vous avec le public. Une convention a notamment été signée entre des hébergeurs et certains restaurateurs du site. Avec le label « Pays d’art et d’histoire », Megève mène par ailleurs des actions de sensibilisation en faveur de la biodiversité et du patrimoine du lieu. Côté fourchette, Megève a fait sienne la démarche « Mon Restau Responsable » cofondée par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme et par le réseau Restau’CO. Celle-ci soutient l’agriculture locale et sensibilise au développement durable. Dans le domaine de l’énergie, la station de Megève a pris la direction de la transition énergétique. Megève Tourisme et Le Palais ont ainsi choisi une énergie intégralement locale et renouvelable, fondée sur l’hydro-électricité. Mais l’ensemble de ces efforts tant dans l’hôtellerie que dans les stations doit se compléter par l’engagement des pratiquants des activités de montagne, à l’image du VTT.

Mountain Bikers Foundation, vététistes durables

Organisation française, la Mountain Bikers Foundation s’est ainsi constituée afin de promouvoir « un VTT durable et responsable […] sous la bannière du développement durable de cette activité ». Son slogan : agir, communiquer, respecter. Sa charte promeut la préservation de la faune et de la flore ainsi qu’une pratique propre du VTT. Se présentant comme un centre de ressource national, la MBF agit auprès des vététistes pour les sensibiliser, et aux côtés des institutions pour les appuyer en leur fournissant des éléments d’analyse. Son conseil d’administration, pluridisciplinaire, comprend aussi bien des industriels que des fédérations sportives et des pratiquants. La MBF compte plusieurs dizaines de partenaires, parmi lesquels le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, la Fondation 1% for the Planet, la Fondation Nature & Découvertes ou encore l’entreprise Bosch.

Proactive, l’association a créé les Brigades Vertes. Composées de bénévoles, il s’agit d’actions de terrain diverses : entretien, création, rénovation ou modification de sentiers. Dans une optique complémentaire, la MBF a lancé la campagne EnDurable, « pour un développement durable et responsable du VTT Enduro, avec ou sans assistance électrique, dans une optique de loisirs comme de compétitions ». Cette campagne se fixe trois objectifs, qui intègrent notamment le souci de l’environnement et de sa préservation. En parallèle des sentiers partagés, la MBF propose des circuits spéciaux enduro, mais sans aménagement de terrain. L’association souhaite par ailleurs proposer des journées de formation au respect de la nature auprès des pratiquants. En dernier lieu, la MBF recommande la création d’un label certifiant les épreuves qui bénéficient d’une organisation enduro responsable. Il s’agit notamment d’inciter les organisateurs à contribuer, parmi diverses actions, à des chantiers de réfection des sections les plus marquées par l’activité. Amenées à se développer, les pratiques vertueuses des trois acteurs évoquées posent dans tous les cas les jalons d’une réponse effective à l’urgence environnementale.

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