Le vélo et la marche au coeur de la transition vers des mobilités actives au quotidien

Rédigé par

Joris Gaudion

AMO chef de projet senior

605 Dernière modification le 05/11/2021 - 10:07
Le vélo et la marche au coeur de la transition vers des mobilités actives au quotidien

Aujourd’hui s’opère une transition dans nos modes de transports au quotidien. La voiture reste le moyen de locomotion privilégié par la majorité des Français pour effectuer leurs déplacements mais l’heure est au changement. De plus en plus conscients des effets néfastes de la voiture sur notre environnement, notre santé et notre cadre de vie, nous nous tournons vers d’autres alternatives. Les options les plus valorisées sont le vélo et la marche, pour renouer avec une mobilité active au quotidien.

Une remise en question de la voiture

Réinterroger la légitimité de la voiture

Elles se multiplient sur nos territoires à cause

La voiture est reine, mais la voiture est révolue. Fini le temps on l’on adule la voiture comme son souverain au temps de la monarchie. La voiture révèle en effet au fil des décennies ses limites.

Elle est tout d’abord source de pollutions multiples : pollution de l’air, pollution visuelle, pollution sonore… Se déplacer en voiture coûte également cher : au-delà de l’achat initial conséquent, il faut prendre en compte les frais d’essence, d’assurance et d’entretien. L’espace public peut aussi bouder la voiture qui encombre les rues et nécessite des aménagements de stationnement. Côté santé et sécurité, on compte plus facilement les accidents que les calories dépensées. 

La voiture reste un moyen de transport pratique et utilisé par des millions de personnes, mais la voiture perd de sa légitimité. Réinterroger cette légitimité nous conduit à repenser sa place en ville.

Des restrictions pour les véhicules les plus polluants

Afin de rationaliser nos mobilités, plusieurs pistes ont émergé : renforcer l’offre de transports en commun, encourager le covoiturage, développer les mobilités actives, ou bien encore mettre en place un nouvel environnement réglementaire incitatif pour rendre l’accès de la voiture en ville plus difficile….
Alors que certaines capitales choisissent d’installer un péage urbain comme à Lille, d’autres envisagent leurs propres solutions. Les Zones à Faibles Émissions associées au Crit’air en sont le parfait exemple. Le certificat qualité de l’air Crit’Air est une vignette à coller sur le pare-brise du véhicule qui indique sa classe environnementale. Lors d’un pic de pollution par exemple, les véhicules les plus polluants peuvent ainsi être restreints dans leurs conditions de circulation et de stationnement.

Exemple La Métropole du Grand Paris renforce sa Zone à Faibles Émissions (ZFE)

Initiée en 2015, renforcée en 2017 puis en juillet 2019, la Zone à Faibles Émissions de Paris a franchi une nouvelle étape au 1er juin 2021. Après consultation des partenaires institutionnels en mars et avril et du public en mars de cette année, les véhicules catégorisés «Non classés », «Crit’Air 5», et «Crit’Air4» sont ainsi restreints dans leur circulation. Cette démarche s’inscrit dans un cadre métropolitain : l’ensemble du périmètre délimité par l’autoroute A86 (A86 exclue) est concerné par ces mêmes restrictions de circulation.

Le cycliste et le piéton, grands gagnants de ce changement de paradigme

La voiture n’est ainsi plus la reine. Elle reste indispensable pour certains déplacements, notamment en milieux ruraux, mais sa légitimité en milieu urbain est largement remise en question.
De ce changement de paradigme sortent deux grands gagnants : le cycliste et le piéton. Le vélo et la marche sont en effet deux modes de mobilités actives à valoriser. Pour accompagner la transition, les collectivités sont amenées à repenser le partage de la voirie et les aménagements de l’espace public. Elles cherchent ainsi à faire co-exister les différentes mobilités en maximisant les différentes expériences usagères.

Exemple Une évaluation Participative “La rue pour tous” dans la Métropole de Nantes

Après la crise sanitaire, quelles mobilités pour la ville de demain ? Les Nantais ont pu y répondre lors de l’évaluation La Rue Pour Tous organisée pour interroger les 43 nouveaux aménagements (axes cyclables, stationnement vélo, zones piétonnes, zone des rencontres et passage de la Ville de Nantes à 30km/h). Évaluation ambitieuse, transparente, et constructive avec 3200 contributions en ligne, des centaines d’usagers et de commerçants interrogés, 40 citoyens-évaluateurs mobilisés… Une démarche pour concilier les usages de chacun des Nantais sur la voirie et l’espace public.

Pour découvrir les autres initiatives de notre Observatoire des Projets : https://villeagiledurable.com/observatoire-initiatives-territoires-durables/

Le vélo, une tendance en forte croissance

 De multiples vertus

Le vélo a la cote et on comprend pourquoi. Le vélo a de multiples vertus, tant pour soi-même, pour son porte-monnaie, pour la planète, que pour l’attractivité et l’économie du territoire.

Le vélo est tout d’abord réputé comme une mobilité active. En effet, enjambez votre vélo pour rejoindre votre lieu de travail ou vos autres activités et vous en verrez votre santé améliorée. Le vélo est aussi bien plus économique que la voiture, bien que certains modèles peuvent certes demander un certain budget. Se déplacer à vélo est aussi bénéfique pour notre environnement. N’étant pas polluant, notre cher vélo se distingue donc également en étant une mobilité douce. 

Enfin, le vélo représente toute une filière économique créatrice d’emplois. Développer une mobilité implique en effet de développer du matériel, des infrastructures et des services pour accompagner cette pratique. Cela contribue ainsi directement ou indirectement à l’attractivité du territoire.

Pour aller plus loin : Article 2 de la Newsletter de Septembre  sur Infrastructures – Mobilités – Attractivité

Des stratégies pour encourager à prendre son vélo

Pour encourager la population à prendre le vélo, il y a plusieurs éléments à ne pas négliger, plusieurs stratégies à adopter. 

Tout d’abord, développer massivement l’usage du vélo ne se fait pas sans aménagements spécifiques. Pour rouler en sécurité, il est préférable d’avoir des pistes délimitées et une signalétique considérant le cycliste sur la voirie. Pour réparer son vélo, il est utile d’avoir accès à des magasins de réparation, à des kits en libre service ou bien de pouvoir participer à des ateliers de réparation. Pour supporter la chaleur, il est agréable d’avoir de l’ombrage sur le parcours. Ou bien encore pour être à l’aise au bureau, avoir des douches disponibles à l’arrivée est un plus non négligeable.

Les responsables politiques ont également un rôle majeur à jouer dans leurs stratégies d’aménagement du territoire. De nombreuses collectivités s’engagent à développer d’ambitieux Plans Vélo, comme la métropole du Grand Lyon, la Métropole Européenne de Lille (MEL) ou bien encore la région Ile de France, celle-ci soutenant le RER V, le nouveau réseau express vélo régional.

Exemple Le RER Vélo, 650 km de voies cyclables dans la région Ile de France.

Les 39 associations du Collectif Vélo Ile de France ont appelé leurs élus de la région à construire un Réseau Express Régional Vélo sur le modèle des transports en commun. 9 grandes lignes cyclables relieront les grands pôles d’Ile de France sur un longueur totale de 650km, dont 200km de voies d’eau. C’est ainsi 300 Millions d’euros qui seront dédiés à rendre le vélo accessible à toutes et tous dans le cadre de ce RER V. ( https://rerv.fr/)

Le vélo est de plus en plus valorisé, mais il peut inquiéter. C’est ainsi qu’ont été créés les ateliers de “remise en selle”. L’objectif est d’accompagner les personnes désireuses de re-prendre la route tant sur la pratique que sur la théorie. Réapprenez à faire du vélo en ville en apprenant le code de la route vélo et en sachant vous positionner sur la route, vous serez en confiance pour parcourir la ville en mobilités actives. Cette stratégie s’accompagne également du forfait Mobilités Durables, celui-ci étant une incitation concrète pour changer les comportements sur le trajet domicile-travail. 

(https://forfaitmobilitesdurables.fr/?gclid=CjwKCAjw3MSHBhB3EiwAxcaEuxcj1ey0woJ3VBRy)

Pour en savoir plus sur les opportunités introduites par la LOM :

Des parties prenantes de plus en plus mobilisées et organisées, en dialogue constructif avec les collectivités

Si le vélo s’inscrit dans une tendance en si forte croissance, c’est aussi parce que ce projet réunit de nombreuses parties prenantes. Les politiques s’engagent, les entreprises s’adaptent, les citoyens se mobilisent.

C’est le cas de l’association Paris en Selle dont le leitmotiv est de “Faire du vélo un évidence”.  Réunissant tous types de profils, des cyclistes affutés aux débutants, des écologistes aux promoteurs d’une ville apaisée, des enfants aux plus âgés, Paris en Selle est sur tous les fronts pour développer l’usage du vélo. Elle a ainsi publié en 2019 le “Guide des Aménagements Cyclables”, y proposant une vision de la ville cyclable et y déclinant toute une gamme de solutions pour y parvenir pas à pas. (https://parisenselle.fr/guide-amenagements-cyclables-paris-en-selle/)

La FUB, la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette, enrichit également cette mobilisation à plus large échelle. Regroupant plus de 430 associations cyclistes, la FUB déploie des actions, organise des rendez-vous, diffuse de la documentation ou bien encore enquête en lançant son “Baromètre des Villes Cyclables” en 2017. L’édition de 2019 a récolté plus de 185 000 réponses, les scores étant établis à partir du ressenti des habitants locaux. C’est avec des outils participatifs de mesure comme le module cartographique que chacun peut prendre part au débat sur l’avenir du vélo.

Les citoyens rassemblés dans des organisations peuvent ainsi se mobiliser collectivement pour encourager le développement du vélo en ville. Leurs actions permettent de faire progresser les actions sur les territoires, et ce, parfois à très court terme comme à Palaiseau.

Tout d’abord, développer massivement l’usage du vélo ne se fait pas sans aménagements spécifiques. Pour rouler en sécurité, il est préférable d’avoir des pistes délimitées et une signalétique considérant le cycliste sur la voirie. Pour réparer son vélo, il est utile d’avoir accès à des magasins de réparation, à des kits en libre service ou bien de pouvoir participer à des ateliers de réparation. Pour supporter la chaleur, il est agréable d’avoir de l’ombrage sur le parcours. Ou bien encore pour être à l’aise au bureau, avoir des douches disponibles à l’arrivée est un plus non négligeable.

Exemple Un dialogue constructif entre association et la Ville de Palaiseau avec des effets directs

En juin 2021, l’association vélo locale de la ville de Palaiseau (Essonne, 91) était sur le point de recenser les équipements vélos disponibles sur le territoire afin d’en établir une carte. Suite à une discussion directe entre l’association et la Mairie, la Ville a pu déployer sur une semaine plusieurs arceaux vélos dans sa rue principale avant qu’ils soient référencés le week-end suivant. Ainsi ce dialogue a permis d’avoir des effets directs à court terme dans l’intérêt de tous, preuve d’une collaboration croissante entre associations et collectivités dans une rapport gagnant-gagnant.

Pour en savoir plus sur notre référence à Palaiseau : https://villeagiledurable.com/project/ville-de-palaiseau-la-parole-citoyenne/

Valoriser la marche en ville 

La piétonisation, une tendance active depuis plusieurs années

Piétonniser les centres-villes est une tendance déjà bien développée depuis déjà plusieurs années. Ces aménagements en faveur des piétons contribuent particulièrement à la qualité d’usage des centres urbains, ceux-ci retrouvant une forme d’apaisement. Parcourir la ville à pied redevient agréable, on peut ressentir la ville, la vivre et l’apprécier à hauteur d’homme. Cette tendance s’est d’autant plus accrue dans le contexte de la crise du Covid-19, les villes cherchant à encourager de nouveaux modes de déplacement, en particulier la marche.

Exemple Bordeaux élabore une cartographie des distances à pied dans la ville

Pour encourager les déplacements piétons, l’agence d’urbanisme de Bordeaux Aquitaine a élaboré une cartographie des distances à pied. Celle-ci permet d’évaluer le temps de trajet piéton entre les différents lieux emblématiques de la ville, et plus largement sur une partie de la métropole. Il y a ainsi que 9 minutes entre Quinconces et la Place de la Bourse ou bien encore moins de 25 minutes entre la gare de Bordeaux Saint Jean et la Porte de Bourgogne.Une initiative intéressante pour encourager les déplacements piétons. (https://sedeplacer.bordeaux-metropole.fr/A-pied/Etre-pieton2/Principaux-temps-de-parcours-pietons)

Pour découvrir les autres actualités des territoires : https://villeagiledurable.com/actualites-des-territoires/

Le piéton est enfin revalorisé. Fini le dogme “No Parking, No Business” selon lequel le commerce est dépendant du trafic et des places de parking disponibles. L’étude “Mobilités et Commerces” du CEREMA le montre bien, les commerçants ont en réalité souvent une perception déformée du poids des stationnements sur leurs chiffres d’affaires. Il n’est donc plus question de privilégier la voiture pour revitaliser le centre-ville mais bien de privilégier un cocktail mixant transports en commun, réseau cyclable sécurisant et piétonisation.

Le Design Actif, une nouvelle approche du déplacement pour favoriser la santé au quotidien

Encourager les mobilités actives au quotidien passe aussi par des stratégies plus subtiles comme le design actif. Le design actif (ou « conception active » en Français) est une approche du développement urbain qui essaie d’encourager un mode de vie physiquement actif. C’est ainsi que urbanistes, architectes, aménageurs ludiques, designers urbains et ingénieurs peuvent travailler ensemble pour “activer” un lieu, activer un escalier, une rue, une aire de jeu, un bâtiment, une place… Cet espace sera ainsi qualifié de “design actif” s’il contribue à faire bouger les habitants, à les faire entrer en mouvement presque naturellement.

Exemple Le Parc urbain du Superkilen à Copenhague, un exemple de design actif

Pour encouAu cœur de Copenhague au Danemark se dresse un parc urbain atypique. Divisé en trois espaces bien distincts, le parc Superkilen est un modèle du vivre ensemble par le design actif. La première air appelée “Carré Rouge” grâce à son sol en caoutchouc rouge, rose et orange offre de l’espace aux skateurs, aux boxeurs, et à des balançoires. Cette forme de salle de sport en plein air se distingue de la “Place Noire” recouverte de lignes blanches sinueuses et du “Green Park” où vous pourrez vous poser le temps d’un pique nique. Ces espaces du Superkilen répondent à 3 besoins fondamentaux : se dépenser, jouer et se rencontrer.

Ce design actif cherche ainsi à lutter contre la sédentarité, à encourager les choix sains. La santé est en effet l’une des raisons essentielles de cette nouvelle forme de design. C’est en reconnaissant que la population était sujette à de l’obésité ou bien à de l’hypertension artérielle que la Ville de New York City a ainsi conçu des “Active Design Guidelines” pour promouvoir cette “conception active”. Si l’escalier est aménagé, coloré, ou bien encore équipé de systèmes sonores ludiques tel un piano…, alors l’usager aura tendance à l’emprunter, pari gagné !

Pour aller plus loin avec nos articles sur le design actif et les Active Design Guidelines:

Garantir une accessibilité universelle

Garantir une accessibilité universelle fait également partie des enjeux de la ville durable. Tout aménagement, au-delà de favoriser le vélo et la marche, doit prendre en compte l’expérience usagère des personnes présentant des déficiences. Il s’agit en particulier d’adapter les espaces aux personnes présentant des déficiences motrices, auditives, visuelles, intellectuelles ou toutes autres entraînant une incapacité significative et persistante et qui est sujette à rencontrer des obstacles dans l’accomplissement d’activités courantes.

Exemple : Solideo s’engage pour l’accessibilité universelle aux Jeux Olympiques de Paris 2024

Alors que les Jeux offrent en fait une superbe opportunité en termes d’aménagement urbain, Solideo, la société de livraisons des ouvrages Olympique, saisit l’occasion pour prendre en compte les enjeux de l’accessibilité universelle. Ainsi sont conçus les ouvrages et quartiers dans une logique où ces espaces offrent à chacun un confort d’usage optimal, que ce soit pendant la phase des Jeux ou pendant la phase Héritage. 

(https://www.ouvrages-olympiques.fr/fr/engagements/accessibilite-universelle)

L’accessibilité universelle ne concerne cependant pas que les personnes présentant des déficiences mais en réalité tout le monde. C’est ainsi qu’il faut prendre en compte également les adultes avec poussettes, les jeunes enfants, les seniors, les voyageurs avec valises, les personnes en béquilles…. tous ne peuvent pas changer leurs mobilités vers le vélo et la marche. C’est ainsi qu’il faut considérer chacun dans son expérience usagère. Vivre, c’est aussi vivre avec les autres.

Ainsi sommes-nous actuellement en pleine transition vers des mobilités actives, douces, inclusives et durables. Saisissons les opportunités qui nous sont offertes pour diminuer l’usage de la voiture, pour adopter le vélo, pour effectuer ses déplacements à pied… Chacun a un rôle à jouer, que ce soit en changeant ses habitudes ou en se mobilisant pour faire évoluer les territoires. Les mobilités actives sont un enjeu majeur à vivre au quotidien.

Découvrir tous les Regard(s) sur la ville « Inspirations Urbaines »

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