Le transport de marchandises à Paris : la Seine comme alternative ?

Rédigé par

APC Cécile Gruber

Directrice de la Communication

2030 Dernière modification le 20/03/2020 - 09:35
Le transport de marchandises à Paris : la Seine comme alternative ?

Et si le fret fluvial était l’avenir du transport de marchandises à Paris ? Alors qu’au cours du siècle la Seine a été délaissée en tant que voie de commerce au profit du train puis du transport routier, la Ville de Paris reconsidère aujourd’hui le report modal sur voie fluviale. Dans un contexte où la métropole du grand Paris connaît une forte densité de population, le transport de marchandises se doit de devenir plus moderne et écologique pour assurer une meilleure qualité de l’air et des routes plus calmes aux parisien·ne·s sur le dernier kilomètre de Paris.

Un trafic routier parisien très polluant

Bien que la qualité de l’air parisien connaisse une amélioration notable sur ces 20 dernières années (concentration en particules), les concentrations de dioxyde d’azote restent deux fois supérieures au seuil réglementaire, notamment au niveau des axes routiers : 1 Parisien·ne sur 3 y est exposé·e. C’est pourquoi la Ville de Paris restreint la circulation des véhicules les plus polluants depuis son Plan anti-pollution de 2015, et particulièrement celle des poids lourds, responsables de 31 % des émissions des transports routiers en Île-de-France.

À Paris, 65 % du dioxyde d’azote et 36 % des émissions de particules sont liées au trafic routier.

Depuis 2001, la Ville de Paris met en place des actions pour une meilleure qualité de l’air(lien externe). Dans ce cadre, la première Zone à Faibles Émissions (ZFE) de France étendue à la métropole sur la base de nouvelles vignettes Crit’Air a été mise en place et interdit aux véhicules les plus polluants d’accéder au centre de Paris. Or, intra-muros, le fret routier représente 4 millions de tonnes de marchandises par an, en partie transportées par des poids lourds.

Le fret fluvial : un véritable atout pour Paris

Afin de rendre l’espace public plus calme et respirable, la Ville de Paris prévoit dans son Plan Climat de développer le fret fluvial d’ici 2030, en triplant le trafic actuel soit l’équivalent de 2 millions de camions évités sur les routes parisiennes. Sa charte sur le transport logistique durable prévoit également de soutenir le développement de nouvelles filières qui utiliseraient le mode fluvial comme le transport de déchets ou la distribution urbaine. Ce mode de transport de marchandises consomme 5 fois moins de carburant que le transport routier et émet 2,5 fois moins de CO2 par tonne transportée. Les acteurs du secteur s’engagent par ailleurs dans la transition énergétique en passant progressivement à des bateaux fonctionnant à l’électricité.

En plus de participer au désengorgement des rues parisiennes et donc à l’amélioration de la qualité de l’air et à la réduction des nuisances sonores, le transport fluvial de marchandises est plus fiable pour les professionnels. Plus rapide, il est aussi plus sûr avec un nombre d’accidents bien plus réduit que le transport routier !

Une péniche transportant des marchandises © Jean-Baptiste Gurliat/Ville de Paris

Quelles évolutions pour le fret fluvial ?

Parmi les 15 ports de Paris, ceux de Victor, Tolbiac, Point du Jour, Bercy-Amont et Javel-Bas concentrent à eux seuls plus de 90 % du trafic fluvial sur la Seine. Une fois les marchandises déchargées, elles sont ensuite acheminées auprès de leurs clients. 76 % de ce trafic concerne les matériaux de construction, mais des entreprises d’autres secteurs font également appel à ce mode d’acheminement.

Ainsi, depuis 2012, plus de 300 magasins Franprix à Paris et en petit couronne font livrer leurs produits secs (riz, pâtes, conserves) par la Seine. Ce sont 150 points de vente de l’enseigne qui sont livrés chaque jour depuis les ports parisiens. Plus récemment, c’est Ikea qui a mis en place cette solution afin de livrer ses clients parisiens ayant passé commande par internet. Depuis le port de Gennevilliers, situé à proximité de leurs entrepôts, un bateau à propulsion électrique dessert quatre points d’acheminement à Paris, où des coursiers récupèrent les marchandises de leurs clients grâce à des vélos-cargos. Ceux-ci peuvent transporter jusqu’à 250 kg de marchandises à la fois.

Ces exemples ne sont que les premiers et le fret fluvial est amené à se développer dans les prochaines années, conformément aux objectifs du Plan Climat.

Entre 2017 et 2018, le trafic à Paris a augmenté de 10 % en passant
de 1 833 000 tonnes à 2 021 000 tonnes !

Au niveau national l’État a signé en janvier 2020 avec Haropa-Ports de Paris, VNF (Voies Navigables de France) et SOLIDEO (Société de Livraison des Ouvrages Olympiques) une charte de partenariat en faveur de la logistique fluviale, dans le but d’acheminer les matériaux de construction dédiés aux futurs sites olympiques et d’évacuer les déblais par voies navigables ! Combiné à d’autres actions, le recours au fret fluvial permet aux JO 2024 de tendre vers une neutralité carbone, conformément à l’objectif fixé par Paris. Ce partenariat est également l’occasion de mettre en valeur cette solution durable.

Plusieurs projets de réaménagements de ports anticipent cette dynamique en Île-de-France : le port de Javel-Bas est en travaux jusqu’en 2021 afin de moderniser ses équipements et d’améliorer sa connexion avec le quartier qui l’entoure. Ainsi, le fret fluvial constitue une solution appelée à se développer dans la capitale. Afin d’atteindre son objectif de réduction de l’empreinte carbone des transports, la Ville de Paris souhaite également se rapprocher d’Île-de-France Mobilités, de Voies Navigables de France et d’Haropa pour mettre en place un service de navettes fluviales pour le transport de passagers à horizon 2030.

 

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