Le référentiel d’évaluation des bâtiments s’inscrivant dans l’expérimentation bâtiments à énergie positive et réduction carbone

5933 Dernière modification le 30/10/2017 - 10:37
Le référentiel d’évaluation des bâtiments s’inscrivant dans l’expérimentation bâtiments à énergie positive et réduction carbone

Dans l’article précédent vous ont été présentées les grandes lignes de l’expérimentation E+C-. Souhaitez-vous savoir plus précisément comment sont évalués les bâtiments s’inscrivant dans l’expérimentation ? Poursuivez la lecture de cet article et vous comprendrez les lignes directrices du référentiel « Énergie-Carbone » et deviendrez alors (presque) incollables sur les méthodes de calculs !


Une méthode d’évaluation

Afin d’évaluer sur une même base les bâtiments s’inscrivant dans l’expérimentation bâtiments à énergie positive et réduction carbone, un référentiel d’évaluation a été élaboré. Il est le fruit d’un travail collectif qui a associé l’ensemble de la filière bâtiment. Ce référentiel, appelé « référentiel Énergie-Carbone », définit, au travers d’une méthode d’évaluation, les indicateurs énergétiques et environnementaux à calculer, la manière de les calculer, les données à utiliser. De plus, ce référentiel définit plusieurs niveaux de performance relatifs à l’énergie et aux émissions de gaz à effet de serre.

La méthode d’évaluation de la performance énergétique :

La réglementation thermique 2012 a permis de généraliser les bâtiments basse-consommation et de diviser par trois les consommations d’énergie des bâtiments neufs par rapport à la réglementation précédente.

L’amélioration de la performance énergétique d’un bâtiment visée par la RT 2012 et l’expérimentation E+C- s’appuie sur un schéma progressif :

  • de réduction des besoins et d’efficacité des systèmes afin de limiter les consommations du bâtiment ;
  • de recours aux énergies renouvelables afin de réduire la consommation non renouvelable du bâtiment et de contribuer à l’évolution du mix énergétique.

La méthode d’évaluation de la performance énergétique est basée sur trois indicateurs, les deux premiers étant ceux de la réglementation thermique 2012 :

  • Bbio : indicateur relatif aux besoins de chauffage, de refroidissement et d’éclairage artificiel
  • Cep : indicateur relatif aux consommations d’énergie primaire de chauffage, de refroidissement, d’eau chaude sanitaire, d’éclairage artificiel, de ventilation et des auxiliaires
  • Bilan BEPOS : nouvel indicateur relatif au bilan énergétique sur l’ensemble des usages du bâtiment. Cet indicateur est évalué sur tous les usages du bâtiment (y compris les usages mobiliers : électroménager…), et distingue les énergies renouvelables et non renouvelables. Ainsi, deux bâtiments qui auraient un Cep identique, se distingueraient selon les sources d’énergies utilisées.

La méthode d’évaluation des performances environnementales

Le calcul des indicateurs de la performance environnementale du bâtiment repose sur la méthode d’analyse en cycle de vie (ACV) qui permet de regarder simultanément l’ensemble des impacts environnementaux (émissions de gaz à effet de serre, déchets, utilisation d’eau douce, raréfaction des ressources…) et cela de la production des matériaux de construction à la déconstruction du bâtiment, en passant par son chantier de construction et sa phase d’usage. Cette méthode présente ainsi l’avantage de prendre en compte les transferts d’impact d’une phase à l’autre (par exemple lorsqu’on recourt à plus de matériaux dans le but de diminuer les impacts en phase d’utilisation), et d’une catégorie d’impact à une autre (par exemple lorsqu’on recourt à des solutions moins émissives de GES mais plus consommatrices de ressources en eau).

 

Figure 1 - Les phases de l'analyse de cycle de vie

Fondamentalement, une ACV consiste à associer des données environnementales d’un composant du bâtiment aux quantitatifs correspondants (voir figure 2) : c’est une succession de multiplications et d’additions. Toute la difficulté réside dans l’identification d’une part des quantitatifs de chacun des composants du bâtiment et d’autre part des données environnementales correspondantes. Pour qu’un produit de construction ou un équipement puisse être pris en compte dans le calcul E+C- il doit faire l’objet d’une déclaration environnementale. Ces déclarations sont fournies par les industriels selon un cadre normatif précis (NF EN 15804+A1 et PEP édition 3) et sont obligatoirement vérifiées par tierce partie indépendante depuis le 1er juillet 2017 (réglementation sur la déclaration environnementale des produits de construction et équipements (voir article « données »)).

Figure 2 - Principe du calcul des impacts environnementaux d'un composant ou d'un service

 

L’ensemble des données utilisables pour réaliser l’ACV dans le cadre du référentiel E+C- sont rassemblées dans la base de données INIES. (voir article « données »).

Afin que les résultats soient comparables d’une évaluation à une autre, le référentiel précise également un certain nombre d’hypothèses de l’étude ACV et son périmètre : le bâtiment et sa parcelle sont considérés ainsi que le chantier de construction, tandis que les déplacements des futurs usagers du bâtiment et les déchets d’activité ne sont pas pris en compte.

Les niveaux définis pour le « bâtiment à énergie positive et réduction carbone »

Dans le cadre de l’expérimentation E+C-, l’évaluation du niveau de performance  d’un bâtiment se fait selon deux thématiques :

  • l’une porte sur les consommations d’énergie du bâtiment (indicateur « Bilan BEPOS »), avec quatre niveaux de performance pouvant être atteints ;
  • l’autre porte sur les émissions de gaz à effet de serre du bâtiment, grâce à deux sous-indicateurs :

◦    émissions de gaz à effet de serre du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie (indicateur « Eges ») ;

◦    émissions de gaz à effet des produits de construction et équipements (indicateur « EgesPCE »).

Concernant ces émissions de gaz à effet de serre du bâtiment, deux niveaux de performance peuvent être atteints. À chacun de ces niveaux est associé une exigence portant simultanément sur les deux indicateurs « Eges » et « EgesPCE ».

Concernant les quatre niveaux de performance énergétique :

  • Les niveaux Énergie 1 et Énergie 2 constituent une avancée réelle par rapport aux exigences actuelles de la réglementation thermique 2012. Leur mise en œuvre doit conduire à une amélioration des performances du bâtiment à coût maîtrisé, soit par des mesures d’efficacité énergétique, soit par le recours, pour les besoins du bâtiment, à la chaleur ou à l’électricité renouvelable.
  • Le niveau Énergie 3 constitue un effort supplémentaire par rapport aux précédents niveaux. Son atteinte nécessitera un effort en termes d’efficacité énergétique du bâti et des systèmes et un recours significatif aux énergies renouvelables, qu’elles soient thermiques ou électriques.
  • Le niveau Énergie 4 correspond à l’atteinte de l’équilibre entre consommation non renouvelable et production d’électricité renouvelable injectée sur le réseau pour un bâtiment ou un groupe de bâtiment.

Concernant les deux niveaux  sur les émissions de gaz à effet de serre :

  • Le niveau Carbone 1 se veut large, accessible à tous, sa vocation étant d’emmener l’ensemble des acteurs sur le terrain de l’analyse de cycle de vie, qui est un sujet relativement nouveau pour la filière bâtiment, et de les amener à identifier les leviers d’actions pour la réduction de leur empreinte carbone.
  • Le niveau Carbone 2 suppose, pour être atteint, de travailler à la fois sur les produits de construction retenus dans le projet et leur quantité ainsi que sur les énergies consommées pour la phase d’usage du bâtiment.


Figure 3 - Les niveaux définis par le référentiel E+C-

 

Avec le référentiel E+C-, le maitre d’ouvrage est encouragé à réaliser des batiments  à la fois performants sur l’énergie et le carbone. Autrement dit, la recherche de la performance énergétique doit être questionnée au regard des gains en matière d’émisisons de gaz à effet de serre. 

Pour les concepteurs, il s’agit de rechercher des solutions énergétiques  moins carbonées notamment par le recours aux énergies renouvelables  et aussi des produits et équipements de construction bénéficiant d’une faible empreinte carbone.

Pour en savoir plus,  voir le site internet dédié à l’expérimentation :http://www.batiment-energiecarbone.fr/

Article proposé par la Direction Habitat, Urbanisme et Paysages (DHUP)

Dossier E+C-
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