Le plan de sobriété : un levier à ne pas négliger dans le cadre du dispositif Éco Énergie Tertiaire

Rédigé par

Arnaud Morosoli

Chef de projet Energie

3061 Dernière modification le 14/04/2023 - 12:00
Le plan de sobriété : un levier à ne pas négliger dans le cadre du dispositif Éco Énergie Tertiaire

 

Le plan de sobriété national mis en place et suivi par les acteurs du bâtiment et notamment du secteur tertiaire impose une réduction d’environ 10% des consommations énergétiques sur les deux prochaines années par rapport à 2019 (année de consommation « normale » pré crise Covid).
Le dispositif Éco Énergie Tertiaire fixe lui des objectifs de réduction des consommations énergétiques des bâtiments tertiaires échelonnés dans le temps. Le plan de sobriété est un moyen d’agir compatible avec les enjeux du DEET.

Objectif du DEET : modulable mais ambitieux

Le dispositif Éco Énergie Tertiaire issu du décret tertiaire (article 175 de la loi Élan) impose une réduction progressive de la consommation d’énergie finale dans les bâtiments à usage tertiaire afin de lutter contre le changement climatique.
Les objectifs de réduction de consommation détaillé ci-dessus constituent les objectifs relatifs imposés par le dispositif. Pour des bâtiments neufs (RE2020) ou déjà peu consommateur, réaliser une baisse de -40% de ses consommations relève d’un défi impossible à réaliser (pour une activité et des usages ne changeant pas dans le temps).
Pour inclure ces bâtiments dans le scope du DEET, les objectifs en valeurs absolues ont été fixés par typologie d’activité. Ainsi, en prenant en compte cette typologie d’activité et en l’associant avec les conditions climatiques (Zones climatiques & DJU) et l’usage du bâtiment (paramètres propres à chaque type de bâtiment définis par le DEET) on obtient un objectif en valeur absolue cible en kwhEF/m2/an pour la première deadline de 2030.
Cette modularité de l’objectif ne vient pas dégrader l’ambition forte de réduire les consommations d’énergies des bâtiments tertiaires. 

Un plan d’action indissociable à la sobriété

Cette ambition peut ensuite être portée par différentes actions de performances énergétiques (APE). Selon la consommation référence du bâtiment, s’il est énergivore ou performant, nous venons définir un plan d’action qui peut aller des travaux lourds sur l’enveloppe (isolation, menuiseries, protection solaire), à l’installation d’équipements efficaces (Chauffage, Climatisation, Eclairage etc) et de gestion technique de ces équipements dans le bâtiment (GTB) mais également par des actions de sobriété énergétique.
Auditer le bâtiment, prendre en compte son bâti et ses usages afin d’identifier les leviers d’actions sans travaux lourd à effectuer qui permettent de tendre vers une sobriété et une diminution des consommations énergétiques :
Limiter les températures de chauffage – 19°C en hiver - et de climatisation – 26°C en été, avec une réduction des consommations de 7% par °C chiffrée par l’ADEME.
En parallèle de la limitation des températures de chauffage, accompagner et sensibiliser les occupants sur leurs comportements et la gestion des appareils informatiques et électriques dans les bureaux. (Postes de travail, lumières)
En fonction du type de bâtiment et de ses caractéristiques (typologie, enveloppe, occupation etc), prendre en compte l’inertie du bâtiment afin d’optimiser et écrêter la consommation aux heures de pointe.
Rationnaliser et adapter l’aménagement des espaces (densification des équipes)
Installer et utiliser des panneaux photovoltaïques sur site en autoconsommation permet de tendre vers un modèle de bâtiment plus durable et sobre, participe au déploiement des ENR sur notre territoire, réduit les consommations d’énergie (facturées et prises en compte dans le DEET) et facilite l’atteinte des objectifs.
La mobilité et les transports associés aux bâtiments sont des paramètres participant à l’empreinte carbone de l’activité. Une électrification du parc automobile avec la création d’Infrastructure de Recharge de Véhicule Electrique (IRVE), un étalement de la recharge de ces véhicules (flexibilité) et une gestion plus modérée de la flotte participent à la sobriété du site. Ces consommations d’énergie liées aux IRVE doivent être sous-comptées et seront déduites de la consommation énergétique du bâtiment lors des déclarations sur OPERAT.

Prenons l’exemple d’un bâtiment de bureau récent de 2000m2 situé dans le nord (59), à 200m d’altitude et assez efficace énergétiquement.
Sa surface est composée à moitié de Flex Office et de l’autre d’Open Space.
Nous disposons des données de consommations de 2019 à aujourd’hui 2023. L’année de référence sélectionnée sera l’année 2019 – année représentative de l’activité de l’entreprise et données réelles sous-comptées disponibles.
Sa consommation après ajustement aux conditions climatiques et aux indicateurs d’intensités d’usages est de 144 KwhEF/m^2/an. 
Nous détaillons les calculs permettant de définir l’objectif qui sera la plus adapté et sélectionné dans notre cas : 
Objectif valeur relative – 2030 : 

Avec : 
Crelat 2030 : objectif valeur relative pour l’échéance 2030 en KwhEF/m^2/an
Consommation EF : Consommation en Energie Finale du bâtiment après ajustement.


Objectif valeur absolue – 2030 : 

Avec : 

La composante CVC pour les bureaux Open Space et Flex Office à une altitude < 400m est définie dans l’arrêté valeur absolue II : 

 

Les composantes USE, en ayant des données d’indicateur d’intensité d’usage similaires aux données étalons du dernier arrêté, sont définies comme telles :

 

Cabs (122 KwhEF/m^2/an)  >  Crelat 2030 (86,4 Kwh/m^2/an)
L’objectif valeur absolue est l’objectif le plus adapté et sélectionné par OPERAT.
Avec les conditions détaillées précédemment, et des indicateurs d’intensité d’usage semblable aux données étalons définies dans le DEET, on obtient un objectif valeur absolue de 122 KwhEF/m^2/an. 
L’objectif de réduction de consommation à échéance 2030 n’est donc pas -40% mais -16% 
(144 -> pas 86,4 mais 122).
La mise en pratique du plan de sobriété se caractérise par :

  • L’abaissement de la température de chauffage (19°C). Après un rapide audit énergétique du bâtiment sur différents postes de consommation et notamment le chauffage, les températures de consignes ont été abaissées et les occupants sensibilisés afin d’accompagner vers un usage sobre du bâtiment.
  • Une gestion optimisée des équipements informatiques et des luminaires de bureaux. Des capteurs de présence ont été installés afin de réguler le on/off des éclairages sur la présence réelle des occupants.
  • Laisser vide un étage de bureaux Flex Office les jours « creux » (télétravail), réduire davantage ses consommations (Température de chauffage abaissée à 16°C) et densifier les occupants sur les autres étages. Cette mesure rendue systématique les jours décrétés comme étant les plus souvent télétravaillés (mercredi/vendredi) permet la baisse des consommations énergétiques, la sensibilisation des occupants aux actions de sobriété sans venir dégrader le confort des usagers.
  • Une prise en compte de l’inertie du bâtiment afin d’optimiser et écrêter la consommation aux heures de pointe. Cela vient en complément de l’abaissement de la température de chauffage mise en place à la suite de l’audit énergétique réalisé. Une bonne isolation du bâti permet d’amortir et de déphaser la production de chaud sur site.

Ces actions ont permis de baisser les consommations énergétiques (après ajustement climatique DJU) de 15%.
La consommation Energie Finale est alors de 122 Kwh/m2/an, l’objectif valeur absolue (pour 2030) est atteint et sera dorénavant à pérenniser.

Le plan de sobriété français doit sensibiliser et encourager certaines pratiques. Elles jouent un rôle important dans les plans d’actions mis en place pour atteindre les obligations réglementaires fixées par le DEET et réduire la consommation des bâtiments du secteur tertiaire. Elles doivent être mises en pratique à court terme et constituent la première brique du bâtiment durable de demain. Il faudra ensuite apporter une continuité à ces pratiques pour pérenniser la sobriété du parc immobilier national. 
Jumelé avec les travaux de rénovations plus lourds, effectués à moyen et long terme, sur l’isolation et l’enveloppe du bâtiment et par l’installation d’équipements efficace énergétiquement, le secteur du bâtiment se rapprochera des objectifs de décarbonation fixés par la SNBC et évitera un potentiel effet rebond dans le temps.
C’est en tout cas le rôle entrepris par VINCI Energies Building Solutions.
Accompagner sur la transition écologique des bâtiments durant l’intégralité du cycle de vie. 
Cet accompagnement passe par une compréhension et une sensibilisation des enjeux, la mise en place d’un plan d’action, de travaux efficaces et personnalisés ainsi qu’un suivi des évolutions du bâtiment afin de respecter notamment les engagements définis par le DEET. 
Les outils d’aujourd’hui et de demain (BIM exploitation jumeau numérique, monitoring IA etc), les Contrats de Performance Energétique (CPE) / Bas Carbone (CPBC) et les retours d’expériences des nombreux bâtiments aux différentes typologies* font de VINCI Energies Building Solutions un acteur central de la SNBC appliquée sur le territoire.
VINCI Energies Building Solutions sensibilise et accompagne à la sobriété du parc immobilier national en mettant en place des Actions de Performance Energétique (APE) et Bas Carbone (APBC) pour faire du bâtiment de demain un lieu agréable, performant, sobre et durable.

*Exemples de catégories de bâtiment tertiaire : Bureau, Commerce, Vente, Santé, Enseignement, Logistique, Transport, Culture et spectacles, Hôtel, Justice, Restauration, Data Center, Sport, Camping, Parc d’attractions, Petite-enfance
source : segmentation - Dispositif Eco Energie Tertiaire – 2023

 

Un article signé Arnaud Morosoli, VINCI Energies Building Solutions - Energie


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