Le photovoltaïque sous toutes ses faces | Rencontre avec Pauline GROUGNET, ACTIVSKEEN

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NOVA BUILD

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584 Dernière modification le 16/12/2021 - 10:04
Le photovoltaïque sous toutes ses faces | Rencontre avec Pauline GROUGNET, ACTIVSKEEN

ACTIVSKEEN est bureau d’études et d’ingénierie en photovoltaïques spécialisé en BIPV (Building Integrated Photovoltaics) qui est le photovoltaïque intégré au bâtiment. Nous avons donc une approche assez large et globale du photovoltaïque. Nous sommes des accompagnateurs de bâtiments les plus solarisables possible

Pauline GROUGNET, Directrice d'ACTIVSKEEN :

Sur les projets qui nous sont confiés, nous allons examiner les externalités positives du photovoltaïque. Les cellules photovoltaïques peuvent aussi agir en brise-soleil, apporter du confort et réduire les besoins de rafraîchissement.

Bonjour Pauline GROUGNET, comment allez-vous dans cette période incertaine ?

Comment je vais ? Comment va mon équipe ? En réalité, nous allons plutôt bien.

Nous essayons de rester positif. Nous voyons des signaux qui indiquent que notre marché va se développer. C’est ce qui nous donne un état d’esprit positif malgré la période qui est pleine d’incertitudes.

Pouvez-vous vous présenter, vos 3 points forts personnels et professionnels ?

C’est une question qui mérite de se poser un peu pour y penser.

Instinctivement j’avais envie de dire « passionnée ». Je dirais plutôt que je suis motivée, je suis investie dans le sujet que je traite car c’est un sujet d’actualité et d’avenir. Je suis investie par les thèmes techniques et environnementaux.

Nous sommes un bureau d’Etudes, et même si j’ai un parcours d’ingénieure classique dans le milieu, j’essaie de ne pas être trop technique et de mettre de l’humain dans mes relations. La technique cela ne fait pas tout, c’est 20% de notre quotidien, les 80% restant c’est de l’humain, avec des clients, des partenaires, une équipe à motiver et à intéresser. J’essaie de rester empathique et humaine et ne pas trop m’enfermer dans la technique du bureau d’étude. Être bons techniquement nous permet d’être crédibles et d’avoir une place à la table des projets, mais être humains et à la hauteur des attentes de nos clients nous permet de rester à la table des clients.

J’essaie d’insuffler cela à l’équipe.

Pouvez-vous nous raconter comment avez-vous intégré ACTIVSKEEN ? 

J’ai obtenu mon diplôme en génie urbain en 2010, et j’ai fait mon stage de fin d’études chez Vinci Construction France (VCF) au service construction durable de la direction innovation. Nous étions à l’époque un peu les outsiders sur les sujets émergent qui pourraient « tomber » un jour : le bilan carbone, l’écoconception, la performance énergétique, etc.

J’y suis resté 7 ans. J’ai beaucoup appris, et j’ai aussi contribué à la structuration de VCF sur ces questions.

J’ai eu ensuite envie d’évoluer dans mes de responsabilité, et j’ai rejoint ACTIVSKEEN dès son lancement en janvier 2018, société nouvellement créée au sein de VINCI Construction pour intégrer des solutions photovoltaïques dans l’enveloppe du bâtiment. C’est une expérience plus opérationnelle qui me permet d’être plus sur le terrain.

En mars 2021, j’ai pris la direction d'ACTIVSKEEN dont repositionné l’activité. Nous étions jusque-là concentrés dans les façades où le photovoltaïque est quasi invisible. Nous nous ouvrons aussi désormais à tous les types d’installations photovoltaïques, y compris les plus simples qui sont encore le cœur du marché. Nous avons donc élargi notre score d’intervention tout en nous concentrant sur notre activité de bureau d’études, alors que nous avions un positionnement d’intégrateur au départ.

Pouvez-vous présenter ACTIVSKEEN ?

ACTIVSKEEN est Bureau d’études et d’ingénierie en photovoltaïques spécialisé en BIPV (Building Integrated Photovoltaics) qui est le photovoltaïque intégré au bâtiment. Le BIPV consiste à remplacer les matériaux de construction de l’enveloppe comme le bardage ou le vitrage par des éléments photovoltaïques assurant strictement la même fonction.

Nous estimons que le bâtiment a du potentiel sur toute sa volumétrie, ce qui donne plus de latitudes au photovoltaïque pour y trouver sa place. Cela ouvre à des solutions plus riches, notamment sur la biodiversité. Par exemple pour préserver la biodiversité en toiture, nous allons chercher d’autres espaces pour poser du photovoltaïque.

ACTIVSKEEN est une petite équipe de 10 personnes qui est en croissance, avec un mixte d’experts et de jeunes, d’ingénieurs et de non-ingénieurs, de personnes polyvalentes et pluridisciplinaires, pour être agiles et répondre à la diversité des projets.

Quel est votre rôle, votre contribution au sein d’ACTIVSKEEN ?

Mon rôle dans l’équipe, je le ressens sans avoir forcément le mot pour le qualifier.

Je dirais que j’insuffle. J’essaie d’avoir une histoire cohérente à raconter. J’essaie d’être un booster de l’équipe.

Cela se ressent dans toutes mes tâches, que ce soit le développement commercial ou la gestion de projets, je leur dis « allez, go, on le tente, on va grandir de cela, on y va !».

J’entraîne mon équipe à se dépasser, à aller vers des sujets sur lesquels elle ne se sent peut-être pas encore légitime et sur lesquels nos clients ont besoin d’être accompagnés et rassurés.

Quelles sont les cibles et les marchés de ACTIVSKEEN, et notamment, êtes-vous contraint par VINCI Construction à des relations commerciales avec le groupe ?

Nous sommes effectivement une filiale de VINCI Construction, et nous sommes aussi libres du choix de nos clients. Nous n’avons pas d’obligation de part de marché dans le groupe.

Nos clients sont ceux qui pensent qu’il est pertinent et intéressant de produire de l’énergie renouvelable sur leurs bâtiments, en raison d'engagements énergétiques forts, ou d'intérêts économiques. Cela peut être des promoteurs immobiliers pour examiner s’il y a du potentiel sur leur futur ouvrage, et pour lequel nous irons vérifier si cela peut devenir un enjeu stratégique. Cela peut être des exploitants de surfaces industrielles ou commerciales. Nous travaillons aussi avec des architectes pour développer des solutions, en vue d’intégrer nos éléments dans leurs idées. Nous pouvons aussi intégrer une équipe de maîtrise d’œuvre.

Cela fait une clientèle très diversifiée. Suivant les compétences et les moyens humains à mobiliser, nous proposons un accompagnement adapté.

Si je comprends bien, chaque ouvrage a un potentiel d’installation de systèmes photovoltaïques ?

Effectivement. Mais, pour modérer le propos, je dirais que nous ne sommes pas partisans du "tartinage" de photovoltaïque.Le tartinage, ce serait une sorte de Green Washing qui consisterait à "en mettre pour en mettre", pour par exemple gagner des points dans un label.

Le photovoltaïque doit à mon sens plutôt être vu comme une démarche pour optimiser le potentiel énergétique de son ouvrage. Je préfère en mettre moins et le faire bien, en cohérence avec les ambitions du projet et les attentes du client. Nous devons avant tout viser l’efficacité.

Quel est le point fort de ACTIVSKEEN qui vous différencie de vos concurrents ?

Notre singularité, c’est une approche assez large et globale du photovoltaïque. Nous avons au démarrage de notre activité, travaillé sur les autres façons d’installer le photovoltaïque. C’est ce qui nous amène à raisonner de façon globale et très large au moment de l’évaluation du potentiel sur un projet. Classiquement, on commence par la toiture, puis on regarde le cas échéant d’autres faces, nous on démarre en regardant tout le potentiel du bâtiment.

Pour faire cela, il faut accompagner les concepteurs pour maximiser le potentiel photovoltaïque de l'ouvrage. On peut faire de la conception générative, explorer différents scénarios de bâtiment pour le rendre particulièrement favorable au photovoltaïque.

Nous sommes des accompagnateurs de bâtiments les plus solarisables possible.

Cela amène du coup une l’expertise large, nous allons regarder de près toute l’enveloppe du bâtiment.

Nous allons examiner aussi les externalités positives du photovoltaïque. On regarde, c’est normal, son empreinte carbone qui est plutôt une externalité négative, mais il y a aussi des externalités positives. Les cellules photovoltaïques peuvent agir en brise-soleil, apporter du confort et réduire les besoins de rafraîchissement. Nous pouvons le quantifier et le concevoir. Aussi, on va regarder le confort, le bilan énergétique, toutes les externalités que l’on peut apporter au projet.

Je voudrais aussi parler d’esthétique, nous pouvons accompagner les concepteurs pour intégrer le photovoltaïque dans des sites protégés par les bâtiments historiques notamment.

Quelles sont les 2-3 réalisations dont vous êtes le plus fier ces 5 dernières années ?

Nous avons plusieurs cas de figure.

Je suis assez fière d’avoir fait travailler mon équipe sur une verrière immense pour un industriel. Il y avait un enjeu de protection solaire, mais il ne fallait pas trop couvrir pour ne pas se trouver dans le noir et évidemment, il fallait produire l’énergie nécessaire. Les études ont dû prendre trouver les points d'équilibre entre ces trois données : : protection solaire, éclairage naturel et production d'énergie.

Nous avons aussi travaillé sur une réhabilitation avec un engagement CPE. Le jeu était de trouver la bonne solution photovoltaïque tout en exploitant la trame de la façade existante. Il s'agissait de trouver la bonne taille de chaque module.

Enfin, j’aimerais parler d’un projet au Pays Bas avec une offre de rénovation énergétique pour des bailleurs sociaux avec une offre intégrant du photovoltaïque. On a packagé des travaux de rénovation intégrant ces solutions. C’était un peu de technique et d’architecture, et beaucoup de modèles financiers.

Ce sont trois projets qui nous ont aidé à bâtir notre offre. Ils ont été structurants dans notre ingénierie.

Quelle place accordez-vous à l’innovation et à la R&D ?

Dans notre quotidien, nous allons surtout proposer à nos clients des solutions techniques existantes et éprouvées. Pour autant, nous devons rester au fait des dernières innovations car le secteur du photovoltaïque évolue très vite. Un projet qu’on imagine en 2021 avec un certain type de module sera mis en œuvre en 2023 alors que tout peut avoir changé.On essaie d’anticiper ces évolutions dès la conception. Comme par exemple la taille des cellules qui sont aujourd’hui en moyenne de 159 mm, et qui pourraient passer à 210 mm.

Pour ce qui est de notre innovation en interne, nous recourons à des logiciels qui nous font gagner du temps. Moins on passe du temps en saisie, plus on passe de temps en ingénierie et en conseil. Nous essayons d’être le plus rapide possible dans ce que nous proposons aux clients. C'est là-dessus qu’on essaie d’être le plus innovant.

Votre structure intègre-t-elle une démarche d’atténuation, d’adaptation, de transformation, face aux dérèglements climatiques ?

L’empreinte carbone est un driver pour nous dans le dimensionnement de nos installations. C’est l’indicateur à mesurer et sur lequel il faut communiquer. On essaie le réduire le plus possible dans l’approche, et s’il le faut, on proposera de réduire le nombre de panneaux pour trouver un équilibre entre l’impact carbone et la production d’énergie.

Pourriez-vous nous faire part d’engagements que vous avez pris personnellement, ou en tant que dirigeant d’entreprise, en faveur des questions climatiques ?

Le fait de m’investir dans cette activité est une façon d’être dans le cœur du sujet. J’ai un rôle à jouer. C’est un engagement pour la transition écologique et limiter le dérèglement climatique.

Quelle vision portez-vous sur l’avenir du bâtiment, de la ville, des aménagements ? les tendances émergentes qui vont se généraliser, les pratiques ou habitudes qui vont se transformer ?

Clairement, ce que l’on voit c’est la forte croissance de l’autoconsommation, car cela réduit la facture, l’impact environnemental et la dépendance à un système global. Il y a aussi une croissance de la mobilité électrique. J’imagine à l'avenir un bâtiment moins énergivore dans l’ensemble des usages. J’espère qu’on va s’attaquer à l’ensemble des sujets de l’énergie et que les bâtiments seront plus évolutifs et qu’on n'aura pas besoin de les démolir.

Une question maintenant sur votre territoire. Quel est votre port d’attache ? est-ce que vous pouvez décrire votre relation à ce territoire ? Ce qu’il vous apporte ? Ce que vous lui apportez ?

Nous sommes basés à Rueil-Malmaison. Nous avons peu de liens avec notre territoire. Je trouve que le territoire francilien est moins dynamique sur ces sujets que les Pays de la Loire ou PACA.

Auprès de qui ou de quoi allez-vous puisez votre énergie quand vous en avez besoin ?

Je dirais, ma famille. Je trouve aussi cette énergie au sein de mon équipe. Quand je la vois motivée, c’est un booster incroyable pour garder le moral. L’entraîneur entraîné !

Je n’ai pour le moment plus trop le temps pour le sport. Je faisais une peu d’escalade et de la natation, des sports qui vident la tête, et qui sont une sorte de méditation déguisée. J'ai aussi pas mal d’activités manuelles, dans cette même optique.

 

Vous êtes membre de Novabuild, quels bénéfices en attendez-vous ?

NOVABUILD va nous permettre d'accéder à un territoire qui est demandeur d’accompagnement en photovoltaïque. Par votre intermédiaire, nous pouvons intégrer un réseau et comprendre un territoire, son positionnement, ses stratégies.

Je vous remercie d’avoir bien voulu répondre à nos questions.

 

Propos recueillis par Pierre-Yves Legrand, directeur de Novabuild, le 3 décembre 2021

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