Le nouveau siège social de SOPREMA : une synthèse des enjeux durables d’aujourd’hui ?

Rédigé par

Hélène MEYER

Responsable communication et marketing

1730 Dernière modification le 08/03/2022 - 09:04
Le nouveau siège social de SOPREMA : une synthèse des enjeux durables d’aujourd’hui ?


Avec la livraison d’un nouveau siège social de plus de 7 000 m² prévue pour l’automne 2022 à Strasbourg (Grand Est), le groupe SOPREMA fait peau neuve. Baptisé le « Grand Charles » en hommage au fondateur de l’entreprise, l’arrière-grand-père de l’actuel Président-Directeur-Général Pierre-Etienne Bindschedler, cet ouvrage symbolise le passé, le présent et le futur du groupe. Présenté comme une vitrine des savoir-faire du groupe SOPREMA notamment en matière de sobriété énergétique, ce bâtiment a également été conçu comme un lieu d’inspiration et de dynamisme pour les collaborateurs. Retour sur ce projet de nouveau siège social avec Pierre-Etienne Bindschedler.

 

Pour quelles raisons avez-vous décidé de construire ce nouveau siège social ? Quels sont vos objectifs à travers ce projet ?

Pierre-Etienne Bindschedler : Le siège social répond à deux obligations. D’une part, nous manquons considérablement de place pour l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices. D’autre part, ces-derniers sont aujourd’hui répartis sur plusieurs sites, parfois éloignés de quelques mètres ou kilomètres. Mais vous le savez comme moi, que l’on soit de l’autre côté de la rue, à 100m, ou dans une ville différente, la distance rend les contacts et les interactions beaucoup plus difficiles. 

Nous avons toujours été convaincus que les échanges informels, qui peuvent se créer au détour d’une rencontre ou d’une salutation, sont extrêmement utiles pour le bon fonctionnement des projets. Lorsque vous n’avez que des réunions formelles, c’est parfois compliqué et trop structuré. Bien évidemment, l’un n’est pas antinomique de l’autre. L’objectif est bel et bien de favoriser les échanges entre collaborateurs, en un seul site, sur lequel ils pourront tous se retrouver.

 

Votre nouveau siège social entend être un projet collaboratif ainsi qu’une référence en termes de qualité de vie et de plaisir au travail. Comment atteindre ces objectifs ?

Pierre-Etienne Bindschedler : Nous avons tout d’abord pris en compte la qualité de vie au travail (QVT), en mettant à disposition des collaborateurs de nombreux lieux de convivialité, où chacun pourra échanger tout en prenant un café par exemple. Des bureaux espacés et confortables, permettant de travailler dans de bonnes conditions seront évidemment primordiaux. Une grande partie des collaborateurs et collaboratrices seront amenés à travailler dans des bureaux partagés ou des bureaux ouverts. De nombreux espaces intérieurs et extérieurs seront prévus pour permettre à chacun de s’isoler et de travailler au calme ou passer un appel sur l’ensemble des niveaux. 

D’autres critères inhérents à la QVT ont été valorisés, tels que la luminosité, la hauteur sous plafond – hauteur largement supérieure par rapport aux normes – et des choix architecturaux qui devraient également permettre aux collaborateurs de se sentir bien, en leur offrant les meilleures conditions de travail possibles. C’est donc tout ce contexte favorable à l’épanouissement personnel que nous avons voulu créer.

Nous désirions également concevoir un restaurant d’entreprise, aussi convivial et agréable que possible, ainsi qu’une véritable salle de sport. Car lorsqu’on a une bonne santé physique ou lorsqu’on peut aller se défouler de temps en temps, on fournit ensuite un travail intellectuel de meilleure qualité. Cette salle de sport de 400m², avec de nombreux équipements, sera accessible à l’ensemble des collaborateurs du site de Strasbourg. 

Afin de simplifier la vie des collaborateurs, un service de conciergerie sera également mis en place. Une réflexion est en cours pour identifier les services qui seront proposés tels que la livraison de colis ou de courses, un pressing, etc. 

Toutefois, j’ai une grande déception. J’avais espéré installer une crèche. Malheureusement, l’Agence Régionale de Santé ne nous a pas concédé ce droit, du fait de notre présence à proximité d’une zone industrielle. J’espère néanmoins que les choses vont changer dans les prochaines années. Là aussi, une crèche pourrait nettement simplifier la vie des parents chez SOPREMA. 

 

« Le Grand Charles » a été conçu comme un bâtiment durable exemplaire et un modèle de sobriété énergétique avec un impact environnemental aussi bas que possible. Comment comptez-vous remplir ce cahier des charges ?

Pierre-Etienne Bindschedler : C’est toute la conception du bâtiment qui répond à ce cahier des charges exigeant. Pour commencer, une isolation thermique de haut niveau et complexe a été mise en place. La suppression des ponts thermiques est extrêmement importante du point de vue de la sobriété énergétique. 

Je pourrais par ailleurs indiquer qu’au lieu d’opter pour des brises soleil traditionnels, nous avons fait le choix architectural de mettre des terrasses qui reprennent un peu l’esprit des logements. Les terrasses, étant assez grandes, deviennent ainsi les brises soleil de la partie vitrée qui se situe à l’étage inférieur. Terrasses sur lesquelles les collaborateurs peuvent également travailler.  

Afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous utiliserons la géothermie sur nappe autant que possible. Ce qui permettra de préserver une température confortable dans les bureaux en hiver et en été. La géothermie assurera 100% des besoins en climatisation et chauffage de notre nouveau siège. Nous ajouterons à cela une gestion technique du bâtiment (GTB), grâce à laquelle nous aurons un pilotage beaucoup plus efficace qui nous permettra de réduire notre consommation énergétique. Avec toutes ces technologies, nous avons estimé qu’au maximum, si vous reprenez les classifications des logements, nous serions légèrement en dessous de la classification A. 

En outre, le « Grand Charles », composé de 3 bâtiments, dont le principal s’élève sur 6 étages, sera plus vertical qu’horizontal. La surface du toit sera partiellement recouverte de panneaux photovoltaïques, qui apporteront une partie de l'énergie nécessaire au fonctionnement des bureaux. A noter que ce rapport surface de toit, surface de bureaux défavorables ne nous a pas permis de transformer le « Grand Charles » en un bâtiment à énergie positive.

 

Vous prévoyiez par ailleurs de tester une de vos innovations sur la toiture d’un des 3 bâtiments : un dispositif de phyto-épuration. Quelles autres innovations issues des différents centres de R&D de SOPREMA seront mises en avant grâce à ce projet ?

Pierre-Etienne Bindschedler : Toutes nos solutions techniques et technologies, qu’elles portent sur l’isolation thermique ou l’étanchéité par exemple, seront utilisées sur le nouveau siège. C’est par ailleurs le cas pour tous les bâtiments que nous avons construits en France depuis 2010, qui sont tous, ou presque, à énergie positive.

Côté innovation, SOPREMA a créé en 1989 la végétalisation de toiture telle que vous la connaissez aujourd’hui. Solution qui s’est largement développée ces 10 dernières années. 

Nous allons tester un dispositif de phyto-épuration sur toiture. Pour cela, nous récupèrerons les eaux grises, usées, pour les traiter sur la toiture à travers un jardin filtrant, tout en irriguant les végétaux. C’est un procédé que nous n’avons encore jamais mis en place. Ce serait fantastique que cela apporte les résultats escomptés, cela permettrait à SOPREMA d’apporter une solution à certaines régions de France qui connaissent un stress hydrique et donc un manque de ressource en eau. 

Pour ce faire, nous avons choisi des plantes à très forts pouvoirs d'évapotranspiration. Les plantes créent également de l'ombrage et réfléchissent les rayons du soleil, limitant ainsi l'échauffement du bâtiment. La combinaison de tous ces mécanismes permettra de réduire la température de l’air extérieur de 4°C au-dessus de la végétation.

Nous testons par ailleurs d’autres produits issus de nos différents centres de R&D. 

 

De quelle manière avez-vous privilégié les circuits courts dans le cadre de la construction du « Grand Charles », mais également de sa future gestion ?

Pierre-Etienne Bindschedler : 90% des 32 lots du chantier ont été attribués à des entreprises de la région. Toutefois, est-ce que l’intégralité des matériaux provient du tissu industriel alsacien ? Je ne sais pas et c’est compliqué à dire. La volonté était néanmoins de choisir un maximum d’entreprises régionales pour la construction du « Grand Charles ». 

 

Quel a été le coût total de l’investissement du Grand Charles ? Ce projet de nouveau siège social est-il réplicable ?

Pierre-Etienne Bindschedler : En prenant en compte les 3 bâtiments ainsi que l’aménagement du terrain, le coût du « Grand Charles » s’élève à plus de 45 millions d’euros. Nous n’avons rencontré aucun problème quant au développement de ce projet, autres que ceux créés par les intempéries qui ont été extrêmement importantes cet été et qui nous ont retardé d’environ 3-4 semaines par rapport au planning prévisionnel. 

Bien sûr que notre projet de siège social est réplicable, tout comme nos innovations. Le fait d’y croire soi-même en est la preuve. D’ailleurs, beaucoup de nos innovations sont déjà utilisées sur d’autres bâtiments.

Je tiens également à rappeler que nous avons participé à la création de la fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard. Plusieurs de nos solutions ont par ailleurs été labellisées par cette fondation, telles que des isolants entièrement conçus avec des produits issus du recyclage, des isolants à base de bois ou encore des polymères biosourcés.
 

Propos recueillis par Alexandre Job – Construction21, La rédaction

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