Le Grand Paris : des quartiers en plein renouveau

Rédigé par

aurelie petit

2913 Dernière modification le 31/01/2019 - 10:10
Le Grand Paris : des quartiers en plein renouveau

Le Grand Paris, chantier du siècle : d’une ampleur inédite – 100 milliards d’euros à investir en région parisienne d’ici 2030, cette opération se voit aussi imposer des délais contraignants en raison des Jeux olympiques de 2024. En arrière-plan, des enjeux d’aménagement urbain sans précédent : pas moins de 58 nouveaux quartiers vont voir le jour à proximité des futures stations de métro du Grand Paris Express. Comment les acteurs immobiliers suivent-ils le mouvement ?

Le Grand Paris, innervé par les futures lignes de métro du Grand Paris Express, bouscule les habitudes de travail du secteur immobilier, aménageurs, promoteurs et entreprises de construction confondus. « Un réseau de métros de 200 kilomètres, c’est déjà remarquable, construire de l’immobilier, c’est remarquable aussi, mais coordonner le tout c’est encore plus remarquable, résume Christian Nibourel, président de l’association de grandes entreprises Paris Île-de-France Capitale économique. “Cela nous impose d’être innovant dans tous les domaines, y compris sociétal et administratif, d’être toujours plus exigeants et plus agiles”, poursuit-il. Aux premières loges, Thierry Lajoie, directeur général de Grand Paris Aménagement, opérateur foncier et aménageur dans le cadre du Grand Paris : “Nous pilotons une centaine d’opérations d’aménagement actives ou en développement, avec un portefeuille commercial de l’ordre de trois milliards d’euros, ce qui représente une vingtaine d’années de fonctionnement”.
C’est dans ce contexte stimulant pour tous les acteurs du renouvellement urbain que s’est tenu en juin 2018 le “Speedating du logement et de l’immobilier” organisé par Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels, partenaire bancaire des entreprises de la chaîne du logement, autour de son Livre blanc sur le thème des nouvelles tendances de l’aménagement urbain. Quoi de neuf dans ce domaine ?

De nouvelles relations public-privé

Fait nouveau qui modifie l’articulation entre le public et le privé, les promoteurs immobiliers s’impliquent de plus en plus dans les projets d’aménagement urbain et nouent des partenariats en amont avec des établissements publics d’aménagement. Traditionnellement, l’aménageur public s’occupe des acquisitions foncières, des études urbanistiques, géotechniques et environnementales, tandis que le promoteur immobilier prend en charge la réalisation et la commercialisation des immeubles.

Mais la frontière bouge. Exemple, à Vitry-sur-Seine, l’aménageur SADEV 94, un des opérateurs d’aménagement du Grand Paris, et le promoteur Pierreval réalisent en copromotion un projet de 88 appartements. Jean-Pierre Nourrisson, Directeur Général de Sadev 94, souligneun ajustement notable des rôles respectifs :J’ai coutume de me plaindre des promoteurs qui se prétendent aménageurs ! Mais nous ne nous revendiquons pas promoteur. Nous souhaitons également démontrer à nos partenaires promoteurs qu’il est possible de réaliser, dans des conditions de marché acceptable, des produits de qualité, innovants et exemplaires dans des cadres plus traditionnels”. De son côté, Yann Doffin, Président de Pierreval, ajoute : Nous avons toujours besoin de trouver des réponses adaptées aux besoins des élus et des collectivités. Nous devons être irréprochables et réaliser une œuvre architecturale de qualité répondant aux attentes de l’aménageur en termes de charges foncières et à celles des acquéreurs en termes de prix de vente”.

Des bâtiments de conception innovante

Le chantier immense du Grand Paris accélère aussi l’innovation dans la conception d’immeubles “intelligents”. Comment définir cette notion ? Pour Marc Villand, président du groupe de promotion immobilière Interconstruction et président de la FPI Île-de-France (fédération des promoteurs immobiliers), “l’immeuble du XXIe siècle doit d’abord être beau. Un bâtiment à énergie passive ne doit pas ressembler à un blockhaus. Il doit tirer le meilleur parti de son exposition. Un bâtiment intelligent, c’est aussi un bâtiment souple et réversible, avec des espaces communs ou lieux de rencontre, des services, des charges de copropriété limitées et surtout prévisibles” (3). De même, souligne Marc Villand, les promoteurs innovent dans les procédés de construction et, par exemple, y introduisent de plus en plus le bois qui, malgré ses limites, offre quelques avantages : “le principal intérêt des bâtiments bois, c’est qu’ils emprisonnent le carbone si le matériau est issu de forêts gérées durablement. Deuxième avantage, le bâtiment bois peut être monté deux fois plus rapidement qu’un bâtiment classique… Et pour le monter, on dépense quatre à cinq fois moins d’énergie. La limite du bois se situe au niveau architectural, notamment en ce qui concerne la réalisation d’arrondis et de formes compliquées… Mais surtout, l’autre limite est que la filière industrielle française n’est pas encore prête”. Pour Interconstruction comme pour les autres acteurs immobiliers, il y a lieu de s’emparer de toutes les opportunités et innovations pour construire durable, à tous les sens du terme. A l’échelle du Grand Paris, les défis en la matière sont considérables.

Des opérations complexes

Pilotés et financés par la Société du Grand Paris, les travaux du Grand Paris Express, le nouveau métro, sont lancés. En avril 2018, le tunnelier Steffie-Orbival, a commencé à creuser à Champigny-sur-Marne un tronçon de la ligne 15 Sud (4). Et les travaux de construction des futures gares ont démarré : la gare de Vanves/Clamart sur la ligne 15 Sud, la gare de Saint-Denis Pleyel où se rejoindront à terme — en 2030 — les futures lignes 14, 15, 16 et 17 du Grand Paris Express, ou la gare Le Vert de Maisons qui, entre Alfortville et Maisons-Alfort, desservira dès 2024 la ligne 15 Sud et permettra la correspondance avec le RER D…

Élément particulièrement délicat et complexe, la réalisation des nouvelles lignes du Grand Paris Express oblige à combler quelques-unes des nombreuses carrières du sous-sol francilien, en particulier celles qui se situent à l’aplomb des futures stations. Par exemple, à Bagneux, sur le tracé de la ligne 15 Sud, où des tonnes et des tonnes de béton sont coulées à 25 mètres de profondeur sur plus d’un kilomètre depuis octobre 2017 (5).

Autre fait méconnu du public, l’immense chantier du Grand Paris Express suscite des boucles vertueuses d’économie circulaire. C’est ainsi que la carrière à ciel ouvert de Cormeilles-en-Parisis et la carrière souterraine du massif de Montmorency, la plus grande d’Europe pour le gypse, servent d’espaces de stockage des déblais issu des chantiers (6). Un partenariat signé en janvier 2017 pour des millions de tonnes !

À chantier d’exception, méthodes inédites. Le Grand Paris n’a pas fini de nous surprendre, mais il faudra aussi juger aux résultats.

(1) https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/0301499066071-les-chantiers-du-grand-paris-bousculent-la-vieille-economie
(2) https://leblogdesinstitutionnels.fr/2018/05/30/lamenagement-urbain-de-demain-regard-de-thierry-lajoie-dg-de-grand-paris-amenagement-cmarkea-gpamenagement/
(3) http://www.interconstruction.fr/marc-villand-nouveau-president-de-fpi-idf-defis-de-promotion-immobiliere-ile-de-france/
(4) https://www.batiactu.com/edito/premier-tunnelier-grand-paris-express-se-nomme-steffie-52591.php
(5) http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/bagneux-des-tonnes-de-beton-pour-combler-les-carrieres-22-10-2017-7348764.php
(6) https://www.lemoniteur.fr/article/un-partenariat-sgp-placoplatre-pour-les-deblais-du-grand-paris-express-34135368

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