Le gaz, énergie verte et flexible

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Salon BEPOSITIVE

1466 Dernière modification le 21/12/2018 - 09:30
Le gaz, énergie verte et flexible

Entretien exclusif avec : David le Noc, Responsable Efficacité énergétique de CEGIBAT, à la direction du développement de GRDF

L’énergie qui alimentera demain les bâtiments sera décarbonée, produite de façon décentralisée et gérée grâce à la digitalisation. Une révolution bien engagée, dans laquelle le gaz entend prendre toute sa place. Entretien avec David le Noc, responsable Efficacité énergétique de CEGIBAT, à la direction du développement de GRDF.

En quoi le gaz, énergie fossile, participe-t-il à la transition énergétique ?

D’abord il faut rappeler que le gaz couvre aujourd’hui près de 20% de la consommation totale d’énergie en France. Son grand intérêt est qu’il s’agit d’une énergie que l’on peut stocker et mobiliser facilement, il participe ainsi à sécuriser l’approvisionnement notamment lors des pointes de consommation hivernale en complément de l’électricité. Un effort conséquent est mené pour réduire les consommations de gaz, grâce notamment aux chaudières à condensation ou au déploiement des compteurs communicants gaz. Mais le grand enjeu est la montée en charge du biométhane. Le décollage de la filière permet d’envisager l’injection de 30% de gaz vert en 2030 dans les réseaux et de couvrir totalement les besoins à l’horizon 2050, ce qui contribuera à une économie substantielle d’émissions de CO2, le biométhane ayant une empreinte carbone réduite de 90% par rapport au gaz fossile. Et ses usages ne se limitent pas au bâtiment, la mobilité au GNV offre d’énormes potentiels pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique.

Quelles complémentarités les réseaux gaziers et électriques peuvent-ils développer ?

La transition énergétique conduit naturellement à développer la complémentarité des énergies, afin d’assurer un équilibre entre la production et la consommation. Or l’intégration croissante d’énergies renouvelables (éolien, solaire...) dans les réseaux électriques aura pour effet d’accroître le nombre de périodes où la production énergétique dépassera sa demande. L’enjeu sera donc de stocker, mais on ne sait pas encore le faire en grande quantité, ou bien de convertir l’énergie produite en une énergie stockable. C’est ce que permet la technologie Power to Gas, que nous expérimentons à Dunkerque dans le cadre du projet Grhyd. Les surplus d'électricité d'origine renouvelable sont transformés en hydrogène, qui peut être utilisé sur place ou injecté dans les réseaux existants de distribution et de transport de gaz naturel en l'état, ou après une étape de méthanation. Cela permet d’augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation totale.

Demain, quel rôle peut jouer le gaz dans l’alimentation énergétique ?

Le gaz conservera un rôle essentiel pour accompagner la transition énergétique et une place centrale dans notre mix énergétique, notamment grâce à sa grande flexibilité.

Cela passe par le déploiement de systèmes flexibles comme les chaudières hybrides qui fonctionnent de manière indifférente à l’électricité ou au gaz, ou encore la cogénération qui permet de produire de l’électricité à partir du gaz, au plus près des besoins des utilisateurs. Nous conduisons actuellement une expérimentation à Nice dans le cadre du projet européen Interflex sur des bâtiments résidentiels et tertiaires. Dans ce territoire, qui est « en bout de réseau » et particulièrement sensibles aux pics de consommation électrique, nous avons mis en place une régulation spécifique qui permet de basculer de l’électricité au gaz en fonction des contraintes du réseau électrique. Ce démonstrateur va permettre d’affiner les modalités de cette flexibilité et d’ici une dizaine d’années, ce type de gestion des réseaux pourrait se généraliser.

Un démonstrateur français pour les smart gas grids

Nice Smart Valley est l’un des cinq démonstrateurs menés dans le cadre du projet européen InterFlex qui vise à améliorer la performance du système électrique local en testant de nouvelles solutions de flexibilité et d’automatisation. Six partenaires participent à ce démonstrateur : Enedis, GRDF, Engie, EDF, General Electric et Socomec. Les trois expérimentations concernent la flexibilité, le stockage d’énergie et l’îlotage

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