Le CREAHD, facilitateur d’innovation BTP

3236 Dernière modification le 04/09/2017 - 10:30
Le CREAHD, facilitateur d’innovation BTP

Le CREAHD est le centre de ressources du réseau BEEP pour la région Aquitaine. Depuis 2006, ce pôle stimule la recherche et l’innovation des entreprises de la filière construction et aménagement durables. Vincent Seppeliades, son Directeur, nous en dit plus.

Qui sont les acteurs derrière le CREAHD ?

Vincent Seppeliades : Il y a d’abord une association, née en 2006, d’une volonté de créer un véritable pôle de compétitivité BTP/matériaux en Aquitaine à l’initiative de la Région Aquitaine, une région historiquement attachée à ce secteur et à l’innovation. Nous voulions regrouper les organisations des filières bâtiment, travaux publics et matériaux afin d’avoir une approche globale construction et aménagement. Nous n’avons pas été labellisé pôle de compétitivité, mais nous avons gardé le modèle d’organisation et de fonctionnement d’un pôle avec la souplesse d’un cluster, et l’appui et le soutien de nos 9 membres fondateurs : la FFB Aquitaine, la FRTP Aquitaine, le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes d’Aquitaine, l’UNICEM Aquitaine, les Universités de Bordeaux et de Pau Pays de l’Adour, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux (ENSAP), NOBATEK/INEF4 et Aquitaine Développement Innovation et de nos partenaires qui sont la Région Aquitaine, l’Ademe, Bordeaux Métropole et la DREAL.

Quelle est la mission première du pôle ?

V.S. : Le CREAHD est un facilitateur et un stimulateur pour l’innovation dans la filière BTP, spécifiquement pour la construction et l’aménagement durables. Nous aidons à promouvoir et à diffuser la culture de l’innovation au sein des entreprises, nous les accompagnons dans leurs démarches R&D. Nous avons également un rôle de diffuseur de cette culture auprès des donneurs d’ordre. Les Maîtres d’ouvrage doivent être sensibilisés à ces démarches pour les demander aux entreprises.

Grâce à ces actions, nous rapprochons les entreprises et les acteurs de la R&D comme les universités, les laboratoires ou les centres technologiques dont l’institut pour la Transition Energétique NOBATEK/INEF4, et nous participons au développement économique de la région.

Comment cet accompagnement se traduit-il concrètement ?

V.S. :  Il se déroule en 4 étapes. D’abord le montage du projet, où nous aidons les porteurs à se poser les bonnes questions, à identifier les bonnes compétences et les bons partenaires, pour ensuite rédiger le projet en établissant la liste des livrables, les étapes nécessaires et le budget notamment.

La seconde étape, c’est la labellisation. Elle est attribuée par un Comité de Labellisation composé d’experts aux compétences variées représentatifs du monde la construction et de la R&D. Nous avons mis en place un processus de labellisation des projets innovants qui donne une vraie caution de sérieux auprès des financeurs. Nous évaluons les projets proposés sur l’originalité et l’aspect innovant du projet, sa faisabilité (moyen, partenaires, aspects techniques et économiques), son efficacité (réponse à une problématique, amélioration et positionnement économique) et bien entendu son approche de développement durable. Tous les projets que nous aidons à monter ne sont pas labellisés.

Si un projet est labellisé, nous l’aidons à trouver des financements, notamment auprès des financeurs publics. Le label CREAHD est devenu un véritable gage de sérieux pour les financeurs aquitains.

La dernière étape est un suivi régulier, avec des points d’avancement, des retours d’expérience qui peuvent servir à l’accompagnement d’autres projets innovants, et l’aide à la communication.

Comment identifiez-vous les projets avant le montage ?

V.S. : Nous avons plusieurs sources. Notre réseau nous amène beaucoup de candidats, soit par nos 141 adhérents soit par le biais de porteurs de projets qui ont travaillé avec nous auparavant. Certains partenaires comme l’ADI, la Région Aquitaine ou BPI nous envoient également des candidats pour qu’ils proposent un dossier plus solide. On peut aussi proposer son projet à partir de notre site web.

Ce processus d’accompagnement fait donc la spécificité du CREAHD ?

V.S. : C’est l’une de nos spécificités, mais pas la seule. Nous nous démarquons également par la variété des sujets que nous traitons à travers ces projets innovants. Nous ne travaillons pas que sur le bâtiment, nous incluons volontairement et aussi par culture, l’aménagement et les infrastructures. Les travaux publics sont très importants en Aquitaine et nous avons la chance d’avoir de grands acteurs implantés en région, comme le centre de recherche de Eurovia.

Combien de projets ont reçu le label CREAHD ?

V.S. : Depuis 2008, 45 ont été labellisés. Cela représente 21 millions d’euros de budget. Nous les avons aidés à lever un total de 4 500 000 € auprès des financeurs publics. Parmi ces 45 projets, le taux de réussite est assez élevé pour être noté : 70% d’entre eux ont trouvé un financement, 10% sont encore en instruction, tandis que seulement 20% sont restés sans suite.

Ils sont également portés par une grande variété d’acteurs : entreprises, laboratoires, universités, Maîtres d’ouvrage, associations, centres de formation.

Cette variété se retrouvent dans les sujets traités : les matériaux, le digital et les nouvelles technologies, la silver économie…

Présentez quelques-unes des innovations qui illustrent votre action et vos sujets.

V.S. :  L’un des nouveaux projets labellisés s’appelle Rénodrone. Il est porté par un « ancien », l’entreprise RENOFASS qui avait déjà présenté une innovation il y a quelques années : un produit dépolluant pour façades basé sur la photocatalyse qui empêche également le développement de mousses. Ce nouveau projet s’appuie sur cette première innovation en y adjoignant la technologie drone pour le mettre en œuvre, notamment dans les endroits difficiles d’accès. Rénodrone a déjà commencé son développement, en partenariat avec un constructeur de drones. Ils bénéficient d’une aide de la Région et d’une seconde aide de la CARSAT (Caisses d’assurances retraite et de santé au travail) car il résout un bon nombre de problèmes de sécurité sur chantier.

L’un de nos adhérents MY OLYMPE, propose une solution de comptage des énergies dans le logement, la solution avait d’abord été testée en maison individuelle avant d’être adaptée au logement collectif avec le projet CHAUC (Consommations dans l’Habitat et Accompagnement aux Usages à Compostelle). Le développement se fait en lien avec un bailleur social, GIRONDE HABITAT qui possède du collectif BEPOS et souhaite mesurer les consommations plus finement pour informer ses locataires. Le projet avait besoin d’un 3ème partenaire que nous avons identifié et mis en relation avec les initiateurs du projet : un bureau d’étude spécialisé dans les interfaces homme – machine, il s’agit de YUMANEED. Le projet est labellisé depuis 2016.

Nous avons également des projets liés aux travaux publics. En 2011, Sud Fondations a souhaité remettre au goût du jour la technique de fondations traditionnelles des pieux en bois. Il y a eu un vrai travail d’études et de caractérisation de cette technique : quelles essences, quelles conditions de terrain, des validations en laboratoire. Ce projet a établi des règles techniques et un cahier des charges pour ce système de mise en œuvre et pour le matériel de process nécessaire.

Sud Fondations: Solution alternative aux fondations
traditionnelles par l'utilisation de pieux bois

Projet TSV: Béton et blocs d'enrochement artificiels
pour la protection du littoral Aquitain

L’un de nos premiers projets TP est celui de TSV. Cette entreprise de travaux publics possède une carrière située près d’une aciérie. Dans une démarche d’économie circulaire, ils ont souhaité développer une solution de béton et d’enrochement littoral utilisant les scories de l’aciérie.

Enfin, nous innovons nous aussi avec un projet que nous portons, il s’agit de la démarche Rénover Facile à l’attention des collectivités territoriales. « Rénover Facile » est un portail en ligne spécialement conçu pour répondre aux questionnements des ménages sur la rénovation de l’habitat. Sous la forme d’un site internet non commercial, ludique, avec une navigation simplifiée, l’outil permet d’apporter des réponses claires et précises sur des thèmes comme la rénovation énergétique, l’adaptabilité d’un logement, l’amélioration du confort ou encore la mise en sécurité de l’habitat. Les fiches pratiques construites avec des partenaires experts sont accessibles en quelques clics. Des outils d’aide à la décision comme le simulateur de travaux, l’évaluation des aides éligibles, le calculateur de la prime énergie viennent compléter la plateforme. Les services et interlocuteurs locaux sont mis en avant pour poursuivre l’accompagnement du particulier dans ses démarches de rénovation.

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