Le Cerema intervient pour préserver un pont lors de la construction d’un ouvrage de continuité écologique

666 Dernière modification le 09/08/2022 - 10:36
Le Cerema intervient pour préserver un pont lors de la construction d’un ouvrage de continuité écologique

Déjà sollicité depuis plusieurs années pour inspecter l’état de l’ouvrage, le Cerema est intervenu pour garantir la stabilité du pont Commando-Henri-Faure à Livron (26), sur lequel circule la RN7, dans le cadre d’un projet de passe-à-poissons dans la Drôme.

Un ouvrage historique dont les spécificités nécessitent une attention particulière

Sur le trajet de la RN7, le pont enjambant la Drôme appartient au patrimoine local. Érigé entre 1766 et 1776, il a été saboté en 1944 par les FFI puis  reconstruit pour relier à nouveau Livron et Loriol. D’une longueur de 100 m, cet ouvrage en maçonnerie est constitué de trois voûtes de type plein cintre, avec radier. Il est suivi depuis 1998 par le Cerema / CETE.

En tant qu’ouvrage appartenant à l’État, sa gestion est organisée et appliquée par la Direction Interdépartementale des Routes Centre-Est (DIRCE) en suivant les recommandations de l’Instruction Technique pour la Surveillance et l’Entretien des Ouvrages d'Art (ITSEOA). La surveillance comprend plusieurs niveaux de contrôles et d’examens. En tenant compte de la conception, la complexité technique et l’état structurel des ouvrages, le gestionnaire planifie des contrôles annuels, des visites d'évaluation triennales et, si nécessaire, des inspections détaillées périodiques (IDP). Ces dernières permettent d'établir un "bilan de santé" de l'ouvrage, avec en général une périodicité de 6 ans.

La dernière IDP du pont Commando-Henri-Faure date de mai 2019, lors de la période de définition des travaux du projet "passe à poissons". Elle a été réalisée au moyen d'une nacelle négative permettant d’inspecter "au contact" l'ensemble des parties d'ouvrage. Ses conclusions ont mis en avant le bon état général de l'ouvrage, malgré le vieillissement inéluctable de certains matériaux de structure. Elle a permis de mettre en évidence un état de service normal essentiellement dû à des travaux réguliers d'entretien, voire de réparation, organisés par la DIR Centre-Est. 

Les fondations de ce pont ont par ailleurs suscité, au cours de son histoire, une attention particulière. L’ancienneté de l’ouvrage rend difficile l’accès à des données précises ; les archives révèlent que ses piles sont fondées sur une série de pieux en bois battus à refus dans le sol, surmontée d’un platelage bois qui supporte la maçonnerie de la pile. Pour protéger cette base en bois du pourrissement, les niveaux d’eau doivent être régulés de manière à ce qu’elle soit immergée en permanence.

Cette contrainte rend l’ouvrage particulièrement sensible à l’affouillement (érosion des alluvions entourant les piles sous l’effet du courant). C’est pourquoi des sondages géotechniques et des travaux de renforcement des fondations (palplanches, enrochements) avaient été effectués entre les années 1980 et le début des années 2000.

Un projet de continuité écologique sous contraintes, conduisant à l'intervention multidisciplinaire du Cerema

Cet ouvrage constituant l’une des dernières barrières écologiques le long de la Drôme, la DIR Centre-Est pilote un projet de création d’une passe à poissons sous une de ses arches. Cet aménagement doit permettre la circulation d’espèces aquatiques emblématiques de la région (en particulier l’Apron du Rhône) ainsi que de canoës-kayaks.

L’Apron du Rhône est en effet l’une des espèces endémiques les plus menacées d’extinction en France, et bénéficie à ce titre d’un Plan National d’Actions (PNA) pour les années 2020-2030.

Du fait des spécificités techniques de cet ouvrage d’art, l’expertise transversale du Cerema Centre-Est a été sollicitée pour garantir la stabilité de l’édifice. Il s’agissait de déterminer la position et la profondeur de la passe à poissons empêchant la dégradation des fondations, qui aurait mis en danger l’équilibre global de la structure, et de suivre les déformations éventuelles de l’ouvrage.

L’intervention des groupes EROA (Étude et Réparation des Ouvrages d’art) et RN (Risques Naturels) a notamment conduit les bureaux d’études à faire évoluer le projet initial, en l’écartant davantage des piles et en diminuant la profondeur d’excavation, tout en respectant les contraintes écologiques. Le risque d’affouillement a ainsi été réduit grâce à la géométrie de la passe et à un dispositif d’enrochement.

La première phase de creusement du dispositif, entamée en juillet 2022 sous maîtrise d’ouvrage de la DIR Centre-Est, a été suivie par le Cerema afin de contrôler sur le terrain l’absence de danger pour les fondations et le respect des phasages prévus. Le chantier a été instrumenté par l’entreprise pour assurer la sécurité des usagers empruntant la RN7 durant les travaux.

Le suivi des ouvrages d’art comme l’expertise sur leurs fondations sont des sujets centraux du Cerema. Il pilote par exemple le programme national Ponts soutenant les innovations et optimisant la surveillance de ces ouvrages cruciaux pour nos infrastructures routières.
 

Programme national Ponts

 

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