La Ville Productive, quelle place en ville et dans le tissu urbain ?

Rédigé par

Joris Gaudion

AMO chef de projet senior

743 Dernière modification le 12/05/2022 - 10:19
La Ville Productive, quelle place en ville et dans le tissu urbain ?

La ville productive se définit par la capacité de production de biens et de ressources dans un tissu urbain dense ou continu. « Si l’on pense d’abord à l’industrie lorsqu’on évoque l’économie productive, celle-ci concerne également les services aux entreprises ainsi que les activités dites «servantes», c’est-à-dire les activités nécessaires au fonctionnement urbain : logistique d’approvisionnement, BTP, artisanat, etc… » – (Agence d’urbanisme de l’Agglomération de Marseille. « La ville productive : vers le retour des activités de fabrication en ville? ». Numéro 111, novembre 2021)


Cette ville productive permet de produire des ressources multiples, à la fois matérielles et immatérielles.

Certaines productions sont adaptées aux milieux urbains comme c’est le cas de la production de savoirs (formation professionnelle, université), de santé et de bien-être (hôpitaux, soins divers) et de culture (opéra, théâtre, espaces événementiels).

D’autres productions s’accommodent moins facilement à la ville dense du fait de nuisances (sonores, olfactives, visuelles, de flux logistiques) qu’elles engendrent. C’est là que se trouve notre défi collectif : assurer la production en milieu urbain des ressources dont notre résilience dépend !

 

Quelle place alors pour cette ville qui produit nos « ressources » indispensables ?

Consommatrices de foncier, ces activités créent plus de valeur par leurs produits que par les loyers qu’elles versent. La création de valeur est directement liée à la performance de l’outil productif. Cette performance est liée à une économie du temps : faciliter les flux, réduire les mouvements, réduire les manipulations sources de non-qualité, simplifier le stockage, etc…

L’économie circulaire à grande échelle nous impose de repenser aussi notre besoin d’espace. Plusieurs usages clés de ces nouveaux cycles doivent pouvoir se déployer. On peut penser à la fabrication hors site (industrialisation de la construction bas carbone), aux activités de réemploi de produits et de matières issus de la déconstruction (cycle UP,…)  ou du marché de la seconde vie (exemple : backmarket), ou encore aux activités de transformation de ressources comme le recyclage et la transformation du plastique, du verre ou encore compostage (exemple : Les Alchimistes). Afin de pousser le développement de ces activités, il faut également leur apporter l’écosystème d’acteurs et de services dont elles ont besoin.

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Quelles interfaces imaginer pour que la Ville Productive soit un morceau de ville à part entière ?

Pour rendre acceptable la présence des productions, il faut penser leur intégration en milieu urbain, et cela passe par la création d’interfaces adaptées. 

Le parcours piéton est un bon exemple d’intégration de la ville productive dans un milieu urbain dense. A Nanterre (92), une promenade en bord de Seine jouxte un dépôt pétrolier, un espace de production de béton, un espace logistique pour un loueur de flottes automobiles et même un pôle dédié aux transports en commun. Bien délimitée et bien connectée à la ville, la promenade est un plaisir pour le coureur, le cycliste ou les familles, en semaine comme le weekend.

La réalisation de cette interface de qualité a été possible grâce à un espace public de taille suffisante, sorte de membrane active, à la fois protectrice des nuisances et favorable aux échanges, à l’observation et parfois même à l’inspiration. L’industrie, avec ses structures métalliques, ses formes spécifiques, peut aussi être à l’origine de beauté. Tout l’enjeu de l’insertion des sites productifs en milieu urbain réside dans la maîtrise des nuisances : en premier lieu la qualité d’air en limitant les rejets mais aussi du bruit en insonorisant les ateliers et enfin des flux en dissociant les parcours humains des parcours de biens…

Les interfaces urbaines

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Quels liens bâtir avec le reste de la ville ?

Tout d’abord, nous devons inclure ces espaces dans le schéma de mobilité urbaine durable. En 2022, les transports en communs fiables et réguliers, le vélo et la marche doivent être au cœur de la mobilité des actifs de ces sites.

Ensuite, nous devons mieux faire connaître ces productions ainsi que les métiers, l’histoire, le patrimoine et les acteurs associés. Les opportunités sont multiples : tourisme industriel, point de vente en circuit court, espaces d’apprentissage pour les mains et l’esprit, etc…
Enfin, nous devons faire de ces sites des atouts en matière d’attractivité du territoire en arborant fièrement les couleurs et les valeurs de ces productions. De nouveaux concepts émergent autour d’une idée simple : “cœur de vie, cœur de service”. L’idée est ici de passer de la zone d’activité avec services à la zone de services et de vie avec de l’activité, ouverte sur la ville et les entrepreneurs.

Exemple : Le nouveau projet porté par le Groupe Essor « Les Monts du Val d’Oise à Groslay »
Les Monts du Val d'Oise


Article publié sur La ville e+.

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