La parole à Hervé Charrue - Rapport RSE du CSTB

Rédigé par

Communication CSTB

1362 Dernière modification le 03/09/2021 - 10:00
La parole à Hervé Charrue - Rapport RSE du CSTB

Hervé Charrue - Directeur général adjoint en charge de la recherche et du développement. Au-delà de tout ce que chacun de nous a suivi, pour ne pas dire subi, sur le plan sanitaire, économique, socié­tal, sans parler de l’évolution des comportements qu’ils soient individuels ou collectifs, l’année 2020 nous aura contraints, dans une certaine mesure, à nous réinterroger sur ce qui fait sens au quotidien.

Qu’avons-nous appris de 2020 ?

Du fait du confinement, la relation au bâtiment, qu’il soit lieu de vie, de travail ou de loisirs, s’est trouvée radica­lement bouleversée, celui-ci ne faisant plus qu’un pour nombre d’entre nous. Le clos couvert rassurant s’est révélé sous un autre jour. Éternel lieu de protection, voire de ressourcement, il est devenu un hub d’activi­tés incessantes, tant personnelles que professionnelles, un espace de contamination principal aussi, renforçant les barrières sociales tout en estompant celles, intan­gibles pour beaucoup, de la vie privée. En contrepoint, le numérique, dans une interaction constante et dé­bridée, nous a submergés d’informations toutes plus pertinentes les unes que les autres, transformant nos relations sociales d’Homo urbanus en Homo nume­ricus hyperconnecté, soumis à une pression perma­nente du temps, des événements, de l’instant...

Face à cette pandémie, aux risques qu’elle incarne et qui nous renvoient à notre propre fin, le point le plus frappant a été, au-delà de l’explosion du besoin de comprendre, d’être informé, la nature même de la, ou plutôt des réponses apportées. La libre expression de différents acteurs, pertinents ou non, a conduit, jusqu’à un certain point, à déconsidérer l’information de qualité, celle-ci le disputant à la primeur, l’ap­proximation, voire la désinformation et les fake news. La parole scientifique n’y a pas échappé, elle qui né­cessite, quoi qu’il en coûte, le temps de la réflexion et de l’échange avant de devenir une vérité, « en l’état actuel des connaissances ».

Voilà pourquoi la réflexion sur la structuration de la recherche, engagée par le CSTB il y a deux ans et finalisée en 2020, prend ici tout son sens. Elle visait à apporter à tout un chacun, qu’il soit professionnel, usager ou citoyen, une informa­tion fiable, accessible, permettant une com­préhension large et plurielle du bâtiment dans son insertion urbaine, adaptée aux différents besoins et attentes. Et de surcroît, reposi­tionnant le CSTB et ses partenaires comme leaders sur ces sujets clés pour la société.

Cette refondation de la R&D du CSTB dépasse le cadre disciplinaire et systémique des priorités scientifiques antérieures (énergie-environnement, maîtrise des risques, santé-confort, économie-usages, numérique). Priorités pour lesquelles il semblait difficile, au-delà des spécialistes, d’en avoir une représentation pertinente, spécifique au bâtiment et donc de savoir sur quels « sujets de société » le CSTB portait effectivement ses efforts de recherche.

L’incarnation des sujets et leur appropriation ont donc été au cœur de la démarche, aboutissant à quatre domaines d’action stratégiques. Cela passe en priorité par une ambition avec, comme finalité, « des bâtiments et des quartiers pour bien vivre ensemble » qui s’appuie sur une recontextualisa­tion des principaux défis sociétaux comme « des bâtiments et des villes face au changement clima­tique », qui adresse largement les clés de la réus­site par « l’innovation, la fiabilisation de l’acte de construire, la rénovation » et, pour finir, mobilise « l’économie circulaire et les ressources pour le bâtiment ».

Bien évidemment, et c’est sans doute ce qui fait la différence entre le CSTB et ses partenaires par rapport aux autres acteurs, ceci suppose une approche systémique et pluridisciplinaire, tant socio-économique que technique de ces domaines d’action stratégiques. Elle permet à la fois d’apporter des réponses circonstanciées, « personnalisées », mais aussi scientifiquement et techniquement robustes. Qu’ils soient publics ou privés – collectivités, industriels, aménageurs, entreprises, bailleurs… – tous, par leurs approches différentes, contribuent à renforcer la démarche scientifique développée pour répondre à leurs challenges, autour d’un enjeu somme toute commun, et faire en sorte qu’elle s’applique au plus grand nombre.

L’adaptabilité, surtout dans des conditions et des perspectives souvent incertaines, sera la clé et passe par une compréhension partagée des enjeux stratégiques, tels que ceux que nous avons définis et qui sont le reflet de la communauté des acteurs de la construction.

2020 sera historique quoi qu’il en soit. Que nous en ayons tiré les conséquences et résolument modifié nos modes de vie, appréhendé des priorités, ou au contraire, poussés par la volonté d’écarter et d’oublier ce qui nous contraint, que nous soyons passés à côté de ce que d’aucuns qualifieraient comme « l’opportunité du XXIe siècle ». Malheureusement, l’histoire peut laisser perplexe quant à sa réalité, du fait de la frénésie de l’instant bien peu compatible avec ce qui fait l’histoire, des décalages entre le temps social, politique et le temps du bâtiment.

Voilà pourquoi il faut pour le CSTB communiquer sur le rôle du bâtiment, ses possibilités, ses contraintes aussi, éduquer quant à l’effet de nos comportements, de nos usages individuels, collectifs et valoriser ses apports, ses impacts à l’échelle de l’individu, de l’urbain jusqu’à ceux sur la planète, souvent irréversibles. Les nouvelles orientations stratégiques de recherche nous y engagent.

Rappelons-nous que le bâtiment occupe – ou plutôt que nous l’occupons – plus de 80 % de notre vie quotidienne et presque jusqu’à 100 % comme dans la crise sanitaire actuelle. Il est temps de lui redonner la visibilité et le rôle qu’il mérite. Le futur de la construction (re)commence aujourd’hui !

 

Sur quels « sujets de société » le CSTB porte-t-il ses efforts de recherche ?

L’incarnation des sujets et leur appropriation ont été au coeur de la démarche, aboutissant à quatre domaines d’action stratégiques. Cela passe en priorité par une ambition avec, comme finalité, « des bâtiments et des quartiers pour bien vivre ensemble » qui s’appuie sur une recontextualisation des principaux défis sociétaux comme « des bâtiments et des villes face au changement climatique », qui adresse largement les clés de la réussite par « l’innovation, la fiabilisation de l’acte de construire, la rénovation » et, pour finir, mobilise « l’économie circulaire et les ressources pour le bâtiment ».

 

Accéder au rapport RSE du CSTB.

 

Crédits photo : Raphaël Dautigny

 

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