[Projet] La Maison de l’Innovation à Nantes, futur bâtiment emblématique du groupe La Poste

9026 Dernière modification le 21/07/2022 - 11:41
[Projet] La Maison de l’Innovation à Nantes, futur bâtiment emblématique du groupe La Poste

La Maison de l’Innovation, à Nantes, est le futur lieu de regroupement des services informatiques du groupe La Poste. Le bâtiment accueillera dès 2024 1 000 informaticiens et chercheurs du groupe, chargés de travailler sur la cybersécurité et la transformation digitale de La Poste. Ouvert sur le territoire et véritable démonstrateur du bâtiment de demain, le projet allie confort des occupants, nouveaux espaces dynamiques de travail et bas carbone, bioclimatisme, environnement numérique.

La Maison de l’Innovation prendra place sur l’île de Nantes, non loin de la promenade végétalisée Europa. Le lieu n’a pas été choisi au hasard : l’île de Nantes est un espace reconnu de réflexion sur la fabrique urbaine, le numérique et l’innovation. Le groupe La Poste souhaite apporter sa pierre à l’édifice en y construisant un immeuble regroupant ses activités informatiques, dont les bureaux étaient auparavant répartis sur quatre sites différents dans l’agglomération nantaise. « La Poste a fait le choix assumé de construire ce lieu à Nantes et non pas à Paris, » affirme Bénédicte Aniorté, Directrice de projets chez La Poste Immobilier. « La Maison de l’Innovation a vocation à être un lieu d’expertise, vivier de nouveaux talents, qui s’inscrit dans le tissu local nantais. » Le bâtiment, de 15 300 m², comprendra 6 niveaux d’étage et un toit terrasse accessible.  

Une architecture emblématique

Pour le groupe La Poste, il était essentiel d’avoir une architecture à la hauteur de l’ambition du bâtiment, tournée vers l’innovation et la durabilité. « Nous souhaitions un bâtiment intelligent, avec des matériaux bas carbone, une consommation énergétique maîtrisée, qui intègre également l’enjeu de préservation de la biodiversité. C’est pourquoi un concours de maîtrise d’œuvre a été lancé, en coordination avec la SAMOA, aménageur de l’Ile de Nantes et la Métropole », explique Bénédicte Aniorté. Ce concours a été remporté par l’agence d’architecture Baumschlager Eberle accompagné du bureau d’études EGIS.

L’architecture du bâtiment a été conçue pour envoyer un signal visuel fort sur l’île. La Maison de l’Innovation a en effet un rôle de pivot, à l’angle des deux rues qui le ceinturent. Un travail poussé a été mené sur les perspectives et sur le caractère compact du bâtiment. L’édifice sera périmétrique : toutes les façades seront traitées de manière quasi identique, à quelques détails près (les stores notamment ont été pensés différemment selon les orientations du soleil). Elles dégageront un effet visuel cinétique grâce à la présence de lames verticales brise-soleils en aluminium recyclé. Point culminant de l’identité du bâtiment : de grandes arches, rappelant celles des ponts de la Loire, viendront encadrer les quatre façades du bâtiment.

Côté structure, le RDC et le 1er étage seront en béton afin de répondre aux doubles contraintes de sécurité et de risque sismique. Le reste du bâtiment sera entièrement en structure bois poteau-poutre. « Le bois sera visible de l’intérieur du bâtiment, » détaille Bénédicte Aniorté. « Nous avons fait le choix de limiter les faux plafonds autant que possible pour que les occupants puissent voir la structure. Tout sera à ciel ouvert. »

A l’intérieur, la flexibilité comme maître mot

En entrant dans la Maison de l’Innovation, les usagers déboucheront sur un grand atrium central, entouré par 6 étages et un entresol de plateaux de travail. Le tout sera surplombé d’une verrière en toiture, source principale de lumière dans le bâtiment.

L’intérieur du bâtiment a été conçu pour faciliter la flexibilité et le travail collaboratif pour les usagers. « L’ambition du groupe La Poste est d’offrir des espaces dynamiques de travail. Le mode collaboratif est un véritable enjeu pour les équipes informatiques. Nous avons mis en place de nombreux espaces différenciés, avec une réflexion sur les flux des personnes, afin de favoriser les échanges et rencontres entre collaborateurs, » témoigne Bénédicte Aniorté. Les plateaux ont été pensés afin de permettre une forte flexibilité et évolutivité dans l’aménagement intérieur du bâtiment. Les cloisonnements pourront ainsi être modifiés selon les besoins. « Nous ne sommes contraints ni par la façade, ni par les équipements techniques, » précise Bénédicte Aniorté. « Tout est modulable. » Une réflexion nécessaire à mettre en place dès le début de la phase conception afin d’en garantir les résultats.

Nous avons mis en place de nombreux espaces différenciés, avec une réflexion sur les flux des personnes, afin de favoriser les échanges et rencontres entre collaborateurs.

Une construction bas carbone, entre réemploi et biosourcés

En tant que démonstrateur du bâtiment de demain, c’était une évidence de construire la Maison de l’Innovation selon des principes bas carbone. Pour cela, l’équipe projet a travaillé sur deux volets : les biosourcés et le réemploi.

« Plus de 1 000 tonnes de matières biosourcées seront utilisées dans le projet, entre les végétaux plantés et le bois de la structure », se félicite Bénédicte Aniorté. En effet,  Baumschlager Eberle Architectes a privilégié du bois lamellé collé pour les poteaux poutres et du lamellé croisé pour les planchers. Les huisseries, habillages et menuiseries notamment de la verrière en toiture sont également réalisés en bois. La construction de la charpente bois sera ainsi menée par l’entreprise Cruard dont le bois, français en quasi-totalité, est fourni par les entreprises françaises Piveteau et Arbonis. Au total, 80% du bois est labellisé bois de France, provenant du Massif Central, du Jura et des Vosges. Le reste provient du Nord de l’Europe. Les poteaux, poutres et une partie des planchers CLT seront en épicéa, du pin sera également utilisé. « Aujourd’hui, cela coûte plus cher de construire en bois qu’en béton, il n’est pas toujours évident de trouver des entreprises à des prix en adéquation avec nos budgets, » reconnaît Bénédicte Aniorté. « Mais nous avons souhaité maintenir la structure bois, français, quitte à faire des économies par ailleurs. »

La Poste Immobilier a également développé une démarche complète de réemploi. Une partie des matériaux du bâtiment démoli pour laisser place à la Maison de l’Innovation a été récupérée pour être réutilisée sur site, notamment des panneaux. Un travail de sourcing est également en cours en partenariat avec l’entreprise Legendre pour récupérer des faux planchers. « Nous cherchons 10 000 m² de faux plancher au total. Nous en avons trouvé 35% pour l’instant, » précise Bénédicte Aniorté. « l’entreprise Legendre continue de prospecter au fur et à mesure de l’avancement du chantier. » Enfin, un travail a été mené sur la composition même des produits utilisés. Par exemple, les brise-soleils utilisés en façade sont composés à 45% d’aluminium recyclé. Ce travail a permis à La Poste Immobilier de tirer plusieurs enseignements sur les démarches d’économie circulaire, dès la phase de démolition du bâtiment existant. « Le réemploi implique beaucoup d’anticipation mais aussi de la réactivité et un travail continu, constate ainsi Bénédicte Aniorté. Nous ne pouvons pas stocker 10 000 m² de plancher, donc nous devons gérer les flux au fur et à mesure. »

Mais nous avons souhaité maintenir la structure bois, français, quitte à faire des économies par ailleurs.

Le bioclimatisme au service du confort d’été

Sous l’effet du changement climatique, le confort d’été est devenu un sujet central dans le bâtiment. Cette notion a d’ailleurs été consacrée par la RE 2020, qui en fait un critère primordial pour la construction de bâtiments vertueux. La Maison de l’Innovation a pour vocation de se poser en pionnier de la gestion du confort d’été. C’est pourquoi l’architecte a mis au point une enveloppe entièrement bioclimatique. « Les façades sont conçues pour limiter les apports solaires directs tout en garantissant une qualité de lumière naturelle satisfaisante dans les bureaux, » explique Bénédicte Aniorté. « Elles seront équipées de stores intérieurs ou extérieurs suivant leur orientation. La verrière en toiture permettra également de ventiler le bâtiment. »

De multiples systèmes passifs ont été prévus pour assurer le rafraîchissement. Le bâtiment sera ainsi équipé de brasseurs d’air sur plafond ainsi que d’un système de circulation de l’air nocturne pour prendre l’air frais du rez-de-chaussée et le faire remonter dans l’atrium. En cas de grande canicule, un équipement actif avec fluide réfrigérant sur batterie froide pourra être utilisé.

Le chauffage sera également assuré par des équipements passifs valorisant l’énergie fatale des postes informatiques. « Nous avons notamment prévu des panneaux rayonnants à eau chaude et des planchers chauffants dans les espaces de bureau, ainsi qu’un système de récupération de la chaleur des serveurs informatiques via une centrale de traitement d’air, » détaille Bénédicte Aniorté. « Cela devrait nous permettre de couvrir environ 75% des besoins des bureaux et de la cuisine. » En plus de ces systèmes, le bâtiment sera raccordé au réseau de chaleur Centre Loire, qui comporte 82% d’énergies renouvelables grâce à la biomasse.

Tous les équipements et les systèmes énergétiques pourront être pris en main par les mainteneurs grâce à une gestion technique centralisée, tout en permettant aux usagers d’ouvrir/fermer les fenêtres, activer les brasseurs d’air, abaisser la température en cas de canicule. « C’est important pour nous que les occupants puissent s’approprier le bâtiment et aient conscience des enjeux énergétiques » témoigne Bénédicte Aniorté. La maquette BIM a servi pour la conception du bâtiment et la réalisation des plans d’exécution par l’entreprise. Elle a également vocation à être utilisée en phase exploitation. Elle a par ailleurs permis l’implication des usagers par la manipulation de la maquette BIM. « La maquette BIM est un outil de communication efficace. Nous avons mis un QR code à disposition des utilisateurs pour qu’ils puissent rentrer dans la maquette et se rendre compte des volumes à l’intérieur du  bâtiment. Ce projet est avant tout un projet de groupe ! ».

 C’est important pour nous que les occupants puissent s’approprier le bâtiment et aient conscience des enjeux énergétiques.

Un bâtiment inscrit dans son territoire

Il était impensable pour les équipes projets de réaliser un bâtiment hors sol, qui ne prenne pas racine dans son territoire. Au-delà du travail architectural, qui place la Maison de l’Innovation dans la continuité de la promenade Europa et des deux axes aux alentours, La Poste Immobilier a veillé à ouvrir le bâtiment sur l’extérieur, que ce soit dans sa conception et construction, ou dans ses fonctions.

Un partenariat a ainsi été monté avec le lycée professionnel Michelet, dont les lycéens ont pu réaliser des visites de chantier et assister à des réunions de projet. Les étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture, située sur l’île de Nantes, et l’Ecole de Design Nantes Atlantique, ont également été intégrés dans la démarche : ils ont réfléchi à des propositions d’aménagement et de mobilier de bureaux. De plus, La Poste Immobilier travaille avec Nantes Métropole et Pôle emploi pour favoriser l’insertion sociale sur le chantier. Ainsi, 5% des heures des travaux préparatoires et de construction sont dédiées à de l’insertion. « Nous avons mis en place un process de contrôle rigoureux pour s’assurer que ces heures sont bien respectées. Nous espérons ainsi atteindre plus de 13 000 heures de travail en insertion sur le lot structures, clos couverts et finitions intérieures. » précise Bénédicte Aniorté. Des heures d’insertion sont également prévues sur les lots Climatisation-Ventilation-Chauffage-Désenfumage (3 500 heures) et électricité (2 500 heures).

Afin de renforcer l’ouverture du bâtiment, le rez-de-chaussée du bâtiment sera accessible au grand public. « Nous avons prévu un local pouvant accueillir du public. Ce sera un lieu d’échange, adapté pour de l’événementiel ou encore des ateliers, des rencontres en lien, pourquoi pas, avec les activités informatiques des étages, » détaille Bénédicte Aniorté. « Le tissu local s’y prête bien par le développement des activités numériques, des start ups d’innovation et les écoles du quartier notamment ».

 

Un projet qui vise de multiples labels et certifications

Afin de récompenser le travail porté par La Poste Immobilier, la maîtrise d’œuvre et les entreprises, la Maison de l’Innovation vise des certifications et labels prestigieux. Le projet souhaite notamment obtenir la certification HQE™ bâtiment durable, qui reconnaît les performances environnementales et énergétiques ainsi que celles liées au confort et à la santé des utilisateurs. Il vise également le label E2C1, un résultat un peu en deçà des espérances de La Poste Immobilier : « Ce label est assez difficile à obtenir, nous avons dû revoir un peu à la baisse nos ambitions de départ, » reconnaît Bénédicte Aniorté. « Mais le résultat reste très performant et nous sert d’ores et déjà de retour d’expérience pour nos projets à venir et d’anticipation par rapport à la RE2020 ! »

Le projet sera également soumis au label BiodiverCity® afin de valoriser la réflexion menée sur les espaces de végétalisation et la préservation de la biodiversité. « Nous souhaitons offrir des espaces extérieurs et des vues à 360°C sur les alentours. Nous allons mettre en place 5 terrasses sur différents niveaux et une grande partie du toit sera ouverte aux usagers, le tout équipé de jardinières, » détaille Bénédicte Aniorté. « En rez-de-chaussée, nous installerons des espaces végétalisés, notamment dans le prolongement du restaurant d’entreprise. Au total, le projet comptera 550 m² de pleine terre, connectés aux espaces végétalisés environnants comme la promenade Europa. »

Enfin, la Maison de l’Innovation a obtenu le label Osmoz, qui valorise les bonnes pratiques RSE sur le cadre de vie et le bien être des usagers, ainsi que le label R2S, tourné vers le fonctionnement intelligent du bâtiment et la prise en main par les occupants. « Nous avons notamment prévu des détecteurs pour repérer l’occupation des postes de travail, afin de faciliter la gestion des flux humains et mieux gérer l’exploitation du bâtiment, » explique Bénédicte Aniorté. « De plus, nous proposons une gestion intelligente des salles de réunions pour planifier à distance leur occupation. Ce management R2S nous permet d'utiliser et d’exploiter notre propre système de management SOBRE et de l’alimenter de façon plus pertinente et plus précise. »

Propos recueillis par Construction21 - La rédaction

 

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