L’essence d’AR, studio d’architectures

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

2024 Dernière modification le 14/02/2023 - 10:49
L’essence d’AR, studio d’architectures

« L’espace, c’est du vide habitable. Nous, architectes, nous dessinons du plein pour travailler ce vide, mais tout se situe en réalité dans le regard de la personne qui expérimente l’espace. »

L’agence AR, c’est sans nul doute son fondateur Adrien Raoul qui en parle le mieux. En 2015, celui qui se rêvait écrivain dans ses premières années, puis a concilié avec l’architecture son goût pour les sciences et pour les arts, s’est lancé dans sa propre aventure après « 13 ans de travail acharné à œuvrer pour d’autres ». Aujourd’hui ils sont une dizaine de collaborateurs à l’entourer dans une ambition qui se veut humaniste et tournée en premier lieu vers les usages. 

« Ce qui m’intéresse dans l’architecture, c’est l’humain. Pour qui fait-on le bâtiment, pour quelles utilisations ? C’est une trame que suivent tous les projets que nous menons. Ce qui me fascine et ce que j’adore, c’est quand l’usager final vous dit des choses sur le bâtiment fini qui correspondent à notre intention et notre concept de départ. C’est-à-dire, sans explication, est-ce que l’on va réussir à faire ressentir à un usager les désirs qui nous ont poussés à créer un projet ? »

C’est cette quête sociologique qui mène Adrien Raoul à l’idée de frugalité et d’une architecture décarbonée.

« Aujourd’hui, le public s’intéresse enfin à l’intensification des usages. Le critère généralement pris en compte est un ratio d’émission de gaz à effet de serre par mètres carrés construits. Mais pourquoi construirait-on des mètres carrés ? Le plus économe en gaz à effet de serre, en réalité, c’est de ne pas construire ! Le sujet est donc de regarder si, pour le même usage ou un usage proche, il n’est pas possible de construire moins. 

Voilà ce que je trouve intéressant : les scénarios d’usage, les mixed-use buildings… C’est de se dire : un bâtiment est une infrastructure, et nous pouvons l’utiliser à des moments différents, voire 24 heures sur 24, en superposant les programmes. Voilà pour moi une piste passionnante à l’heure du réchauffement climatique. » 

Une optimisation des usages qui se retrouve dans des projets phares de l’agence AR tels que celui de l’Ecole 42, qui propose des formations supérieures gratuites dans le domaine du numérique. Bien plus qu’une école, le bâtiment a vocation à accueillir les élèves non seulement pour leurs cours de jour, mais aussi pour y dormir la nuit avec le projet Noc 42 (Not Only a Campus), tout en proposant d’autres services, culturels notamment : ART42 est le premier musée du street art en France. 

D’autres ouvrages variés composent le panel et témoignent du travail d’AR studio d'Architectures. Dans le 13e arrondissement de Paris, l’immeuble à ossature bois Biotope met en scène une idée de la construction verticale, sur l’île d’Oléron, le fort des Saumonards bénéficie d’une réhabilitation complète pour accueillir des étudiants dans un cadre bonifié, les bureaux de Veepee en Seine Saint Denis allient confort et cadre de travail optimisé pour les professionnels occupant les locaux…  
 

« Tout cela me passionne car cela soulève des interrogations sociologiques sur l’acceptation des gens, la culture qui les amène à accepter ou refuser certaines modifications sur un bâti… Là, il y a de la rencontre humaine, et cela dit beaucoup de chacun. La matière première de l’architecture, c’est l’humain. C’est avec et pour lui que l’on construit. »

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