Jour 2 : premiers engagements, arrivée à Glasgow et finance climat

Rédigé par

APC Cécile Gruber

Directrice de la Communication

779 Dernière modification le 04/11/2021 - 10:09
Jour 2 : premiers engagements, arrivée à Glasgow et finance climat

Mardi 2 novembre 2021 - À l’occasion de la COP26, retrouvez quotidiennement les témoignages de nos organisations partenaires présentes à Glasgow. Au programme ce jour, vivez un périple pour se rendre en Écosse, découvrez les galères rencontrées sur place par les observateur·rices, et comprenez les enjeux de la finance climat.

Le fait marquant du jour : le temps des premiers engagements

Plusieurs chef·fes d’Etats et de gouvernements ont profité du World Leaders Summit pour annoncer de nouveaux engagements nationaux. Le plus emblématique est sans doute celui de l’Inde, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre. Narendra Modi a en effet déclaré que son pays atteindra la neutralité carbone d’ici 2070.

Le gouvernement britannique a aussi annoncé le premier accord d’envergure de la COP : plus de 100 pays, représentant 86 % des forêts mondiales, dont le Brésil, l’Indonésie ou la République Démocratique du Congo, se sont engagés à stopper et inverser la déforestation et la dégradation des terres d’ici 2030. L’accord, qui doit être finalisé aujourd’hui, s’accompagne d’un financement public et privé à hauteur de 19,2 milliards de dollars.

Témoignages

Débuts difficiles pour les observateur·rices, par Aurore Mathieu du RAC

«La COP a commencé sous une petite pluie fine, avec des queues immenses pour récupérer le matériel de test COVID : nous devons en effet nous auto-tester tous les matins pour pouvoir accéder au centre de conférence. Les deux premiers jours sont consacrés au sommet des chef·fes d’États, grande messe où les dirigeant·es mondiaux·les se succèdent à la tribune pour faire des annonces sur leur politique climatique, ou demander de l’aide pour les pays les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, comme les îles du Pacifique, menacées de disparition. Si les négociations ont commencé depuis dimanche, la présidence britannique de la COP a décidé au dernier moment (et sans consulter personne), de mettre en place un système de tickets pour accéder aux plénières et aux salles de négociations, afin de limiter le nombre de personnes en raison des risques sanitaires. Concrètement, cela veut dire que toutes les organisations internationales sur place, représentées par plusieurs milliers de personnes, ont 4 tickets à se partager pour suivre toutes les négociations, qui ont lieu simultanément. Complètement absurde ! Il nous est donc impossible d’accéder aux salles de négociations et de jouer notre rôle d’observateur·rice, en s’assurant que les interventions des différentes délégations sur les sujets techniques sont alignées avec les discours officiels. En plus, la plateforme digitale sur laquelle les négociations sont retransmises ne fonctionne pas toujours car la connexion est souvent instable. La présidence britannique a assuré que c’était uniquement pour le sommet des chef·fes d’États, donc affaire à suivre !»

L’Ecosse sans avion, par Apolline Boulaire de Nomadéis

«Vendredi 29 octobre à 21h15, je quitte Paris en bus avec une amie en direction de l’Ecosse. Le plan est « simple » : Paris, Lille, Londres puis Edimbourg en bus, ferry et train.

2h du matin, H+5, le passage successif des douanes françaises puis anglaises à Calais se passe sans encombre : vérification du pass sanitaire, du passeport, et du « personal location form » le formulaire qui indique les lieux de notre séjour au UK. Mais notre bus ne réapparaît pas, et nous patientons 30 minutes jusqu’à ce que les douaniers nous expliquent que les chauffeurs de notre bus sont retenus par la police car un passager clandestin a été découvert caché dans le bus. Si la nouvelle choque plusieurs d’entre nous, certain·es habitué·es du trajet France – Angleterre témoignent de la fréquence de ces événements. Curtis, qui se rend 3 fois par semaine à Calais pour apporter son aide bénévole dans les camps de migrant·es, nous partage son constat d’une dégradation des conditions d’accueil, de conflits de plus en plus violents lors des opérations de démantèlement, et d’une détresse grandissante de ces personnes dont trois conduisent actuellement une grève de la faim depuis déjà 20 jours pour alerter sur leur situation. La COP 26 qui nous attend se préoccupera probablement davantage des questions climatiques que sociales, mais la crise humanitaire aux portes de l’Europe incarne selon moi, une cruelle absence de solidarité internationale dont nous risquons d’avoir de plus en plus besoin.

Nos chauffeurs de bus étant retenus par la douane pour une durée indéterminée, on nous oriente, les 70 passagers du bus, vers le ferry en nous suggérant de traverser à pied puis de « trouver un moyen d’arriver ensuite à destination ». L’équipe du bus s’organise : après de nombreux échanges d’eau et de nourriture entre les voyageurs, certain·es partent négocier avec les agences des ferrys, d’autres avec la douane et les derniers avec les policiers. L’atmosphère oscille entre rires nerveux, colère et tensions, car il est désormais 9h du matin, H+12, et que nous devrions déjà être à Londres. Au milieu de tout ça, mon amie et moi commençons à organiser une fresque du climat sur le sol du terminal de quoi se préparer à la COP 26 et faire passer le temps avec les autres passager·es.

Le départ de notre bus sera finalement annoncé à 13h, mais une partie d’entre nous décide de changer de stratégie. Avec le soutien des policiers de la frontière, nous demandons aux voitures prenant le ferry vers Douvres de nous embarquer s’il·elles ont des places restantes. Cela fonctionne et nous rencontrons ainsi Patrick, ingénieur informatique belge, qui nous accueille avec un sourire radieux en entendant les mots « COP 26 » : sur le trajet, nous discutons des choix politiques français et belges en matière de climat, de l’importance de l’échelle locale et des collectivités dans la mise en place de projets pilotes exemplaires pouvant ensuite être répliqués et diffusés plus largement. Et arrive la question fatidique « Que pensez-vous qu’il ressortira de cette COP 26 ? » : le constat partagé est celui d’une crainte de nouvelles grandes promesses sans plans d’actions concrets ni contraignants. Affaire à suivre donc.

Arrivées à Douvres, nous terminons enfin notre épopée en train vers Londres, puis Edimbourg où nous arrivons après presque 24h de trajet. Fatiguées mais ravies, les dernières heures de train nous aurons permis de traverser du Sud au Nord une bonne partie de la campagne britannique !»

Focus : la finance climat, par Aurore Mathieu (RAC)

La journée de demain sera consacrée au thème de la finance climat, un des principaux sujets de négociation entre les Etats qui a d’ailleurs été évoqué à plusieurs reprises lors des discours de ces premiers jours.

En 2009, les pays riches ont promis aux pays du Sud de leur donner 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 afin de les aider à faire face aux impacts du changement climatique et à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cet argent, que l’on appelle dans le jargon la « finance climat », est crucial, car les pays du Sud sont les plus impactés par la crise climatique, alors qu’ils en sont le moins responsables. Pourtant, cette promesse n’a pas été tenue. En 2019, il manquait encore 20 milliards de dollars sur les 100 milliards promis, alors que les besoins des pays du Sud ne font qu’augmenter. De plus, la majorité des financements est orientée vers des projets d’atténuation des émissions (comme les investissements dans les énergies renouvelables), négligeant les besoins croissants des pays du Sud pour des projets d’adaptation, comme par exemple la construction de digues pour faire face à la montée du niveau de la mer. Enfin, ces financements sont très souvent donnés sous forme de prêts et non sous forme de dons : les pays doivent donc rembourser des intérêts, certes moins grands que ceux du marché, mais les mettant tout de même dans une situation fiscale difficile alors qu’ils doivent mobiliser des ressources pour faire face à l’urgence climatique. Il est donc capital que les pays riches et développés prennent leurs responsabilités et tiennent leur promesse sur la finance climat lors de la COP26.

Elles.ils partagent leur expérience depuis Glasgow

 

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