Furbish décode l’ADN de vos bureaux pour améliorer la vie au travail

Rédigé par

Catherine Ouvrard

Communication manager

1777 Dernière modification le 12/10/2017 - 09:38
Furbish décode l’ADN de vos bureaux pour améliorer la vie au travail

Parmi les start ups soutenues par Climate KIC - BTA, Furbish se consacre aux espaces de travail nouvelle génération. Ulrike Rahe et Holger Wallbaum, fondateurs de Furbish, nous en dissent plus sur leur philosophie, leur approche et le futur des immeubles de bureaux.

Quels sont les problèmes des bâtiments tertiaires aujourd'hui?

Ulrike Rahe: Affirmer que tous les immeubles de bureaux sont défectueux serait faux. Toutefois nos études montrent que dans un environnement malsain, les salariés perdent en motivation et ont plus de chances de tomber malades. Cela tient à nombre de facteurs, de l'aménagement intérieur à la mauvaise qualité de l'air intérieur. La plupart des investissements ne sont pas placés dans la phase d'exploitation du bâtiment. En regardant scientifiquement les modes de travail spécifiques à chaque entreprise, nous collectons plusieurs types de données qui nous permettent d'obtenir des résultats bien plus intéressants en termes de santé, de confort, de bonheur au travail, de productivité, tout en améliorant la performance énergétique et l'impact carbone du bâtiment.

Holger Wallbaum: Parmi les bâtiments les plus émetteurs de CO2, les immeubles de bureaux arrivent en seconde place en Europe. Ils représentent encore 45% des émissions de carbone du parc immobilier européen. Si 'lon constate des améliorations grâce aux nouvelles constructions de bâtiments conçus pour être plus durables, même ces bâtiments ne satisfont pas entièrement aux attentes de leurs propriétaires et utilisateurs. Les demandes spécifiques des occupants et la diversité des comportements n'y sont pas systématiquement pris en compte.

C'est pourquoi nous militons pour une approche globale et scientifique de ces bâtiments aux usages particulièrement variés. Pour y parvenir, il faut décoder l'Office-DNA (ADN de bureau) de chacun de ces bâtiments.

Qu'est-ce que l'Office-DNA et comment le décoder?

Holger Wallbaum: C'est un terme qui illustre notre méthode de travail. Nous étudions les besoins et les modes de travail des futurs occupants d'un bureau en profondeur - c'est ce que nous appelons l'ADN du bureau. A l'instar de l'ADN humain, l'Office-DNA est très hétérogène. Parfois, nous sommes missionnés sur un bâtiment et ses usagers dès le départ ou nous anticipons le profil d'un futur occupant pour un bâtiment nouvellement construit. Nous décodons les routines des usagers, notamment leurs modes de travail, grâce à des séries d'entretiens, des questionnaires, l'observation sur site et au travers d'une application mobile fournie aux utilisateurs du bâtiment. L'ensemble de ces outils nous permet de bien mieux comprendre la circulation des usagers dans les bureaux – quels endroits sont les plus fréquentés, quels sont ceux qui sont évités. Après ce "décodage" nous pouvons faire des recommandations basées sur notre analyse pour optimiser le bâtiment et les espaces de travail, y compris les systèmes comme l'éclairage, le chauffage, la ventilation le rafraîchissement, etc.

Ulrike Rahe: Traditionnellement, l'aménagement des bureaux suit un processus linéaire dans lequel les espaces de travail sont supposés répondre aux besoins spécifiques de locataires encore inconnus, qui doivent alors s'adapter à leurs nouveaux locaux et non l'inverse. Cela revient à mettre la charrue avant les boeufs. Extraire l'ADN des bureaux selon la méthode Furbish nécessite une méthodologie complexe qui combine plusieurs méthodes scientifiques. La phase d'étude demande très peu de temps au client mais l'analyse des données peut prendre deux ou trois mois à nos équipes. Nous délivrons alors un rapport détaillé basé sur une analyse croisée, et une série de recommandations compréhensibles par nos clients qui peuvent être appliquées directement dans le réaménagement, la rénovation ou la reconstruction du bâtiment.

Holger Wallbaum: Nous capitalisons sur ces analyses qui alimentent notre base de données. Après avoir travaillé sur 30 projets déjà, nous percevons des modèles récurrents, le plus souvent ils sont liés à ces zones climatiques et aux contextes socio-culturels, mais pas seulement. Ces récurrences peuvent nous aider à décoder certains projets plus rapidement, notamment pour de nouveaux bâtiments.

Pour et avec qui travaillez-vous?

Ulrike Rahe: La plupart de nos clients sont des propriétaires et des promoteurs immobiliers, mais aussi des entreprises et des organisations publiques qui ont besoin ou veulent recréer leurs espaces de travail pour les adapter à leur activité quotidienne et réduire leurs charges. Selon la mission, nous pouvons conduire une étude ponctuelle et livrons nos recommandations à l'architecte, ou nous nous associons avec le propriétaire foncier pour suivre le projet du début à la fin. Avec la constante évolution des technologies et l'apparition de nouveaux usages, les modèles que nous avons déjà identifiés muteront, c'est pourquoi nous continuons de suivre les projets pour les aider à s'adapter en conséquence.

Holger Wallbaum: Notre entreprise est unique tant par son approche que par ses compétences internes. Notre équipe interdisciplinaire est constituée de designers industriels, d'architectes, de psychologues et d'une variété d'ingénieurs. Grâce à cette combinaison de talents, nous pouvons proposer une approche globale. Ce qui ne nous empêche pas de collaborer avec des partenaires stratégiques sur certains projets comme les agences d'architecture, les fournisseurs de mobilier ou les acteurs de l'immobilier.

 

Quels sont les principaux freins que vous rencontrez dans votre démarche?

Holger Wallbaum: Le premier problème relève souvent des relations préexistantes: les maîtres d'ouvrage professionnels ont tendance à rester fidèles à leur collaborateurs habituels et à leurs idées préconçues sur l'amélioration des espaces de travail. Cela rend l'approche plus difficile et encore plus de les convaincre de renoncer à leurs habitudes et à leurs routines.

Le deuxième problème tient aux marchés publics. Souvent, ils ralentissent ou empêchent le changement et l'innovation.

Ulrike Rahe: On constate aussi une résistance parmi les employés. Ils ont tendance à redouter le changement, ils peuvent présenter une forme de conservatisme quand il s'agit de leurs habitudes et leur confort. Les premiers pas de notre approche sont conçus pour les accompagner et les sortir de leur "zone de confort". C'est une bonne façon de briser la glace et de poser les fondations d'une collaboration et d'une co-création productive avec eux.

Quant aux promoteurs immobiliers, il nous faut toujours trouver de bons arguments pour les convaincre. Car au bout du compte, les bénéfices de bureaux plus sains et plus productifs ne constituent pas leur objectif premier. Une productivité accrue profite à leurs locataires. Mais lorsqu'ils réalisent que notre travail les aide à optimiser leur usage des surfaces et leur donne accès aux derniers résultats de recherche, ils perçoivent l'argument clé de vente.

Comment l'Office-DNA s'intègre-t-il dans la vague de nouveaux espaces de travail qui se multiplient?

Holger Wallbaum: Lorsque je regarde ces nouveaux espaces de travail ou les bureaux de Google, je regrette de ne pas avoir été là pour les aider. L'approche Furbish fonctionne parfaitement avec la vision "tendance" de ces nouveaux bureaux, mais nous pouvons déjà détecter certains problèmes à travers la façon dont ils ont été conçus. Ces espaces extraordinairement créatifs peuvent générer un grand nombre de nuisances, notamment acoustiques. De même pour les espaces de co-working, où la circulation permanente peut devenir agaçante. Ces problèmes peuvent être facilement résolus s'ils sont étudiés dès la conception. Ces espaces de travail génèrent des émotions et de la bonne volonté, mais avec l'approche Furbish, il serait encore plus agréable d'y travailler.

Ulrike Rahe: On a tendance à séparer bureaux tendance et espaces de travail optimisés, alors qu'ils ne s'opposent en rien lorsque l'on se base sur une connaissance approfondi du sujet! Les entreprises veulent souvent affirmer leur identité à travers leur siège social, ce qui est parfaitement compréhensible. Nous avons conscience que la qualité architecturale est particulièrement appréciée par les employés et a une influence directe sur leur loyauté à l'entreprise et leur performance au travail. Les bâtiment dont la conception expose les équipes au bruit, à l'éblouissement, la promiscuité négligent les besoins et les demandes des usagers. Cela n'a rien de tendance.

Quel type de soutien vous apporte Climate KIC BTA?

Holger Wallbaum: BTA nous aide à plusieurs niveaux, le premier étant les relations publiques. C'est un sujet clé pour nous et nous apprécions leur aide. Bien qu'Ulrike et moi-même soyons professeurs d'université, nous sommes également des entrepreneurs, nous avons l'habitude de gérer une entreprise, mais l'aide de BTA pour développer notre entreprise est plus que la bienvenue. Avec eux, nous avons parcouru le chemin depuis l'idée innovante au projet démonstrateur. Grâce à BTA, nous avons également accès à une multitude d'opportunités commerciales et de collaboration, des rencontres avec d'autres acteurs du secteur en Europe.

Où avez-vous travaillé jusqu'à présent et quels sont les prochains pays visés?

Holger Wallbaum: We Nous avons d'abord testé notre approche en Suisse, puis nous l'avons adapté à la Suède et son climat. C'est là que se trouve notre marché principal aujourd'hui. Nous avons eu la chance de collaborer avec des partenaires de Climate-KIC à Valence en Espagne. Le vrai défi était d'adapter nos méthodes à des zones climatiques nettement plus chaudes. Travailler dans d'autres pays est toujours un challenge, et pas seulement sur la question du climat: il faut prendre en compte les habitudes socio-culturelles, la législation et les réglementation du bâtiment, etc. Nous sommes prêts à travailler partout en Europe et même en Amérique du Nord où la demande est très forte.

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