[Entretien] « Invisibilité vs performance, vers une conciliation ? », une table ronde R-EVOLUTION

Rédigé par

Magali HOULLIER

Responsable communication

1625 Dernière modification le 08/11/2021 - 10:00
[Entretien] « Invisibilité vs performance, vers une conciliation ? », une table ronde R-EVOLUTION

La journée technique R-EVOLUTION se tiendra le 23 novembre à Anglet, avec pour ambition de bousculer les codes du bâtiment et d’ouvrir le débat sur des thèmes innovants. La première table ronde de la journée s’intitule « invisibilité vs performance, vers une conciliation ? ». Elle sera animée par Hugo VIOT, Ingénieur/docteur chez NOBATEK/INEF4 au sein de l’équipe Outils et Systèmes pour la Performance Energétique travaillant principalement sur les aspects de modélisation de bâtiments et de leurs systèmes pour optimiser leur gestion énergétique.

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Vous animez la table ronde « invisibilité vs performance, vers une conciliation ? ». Pourquoi ce thème ?

Hugo VIOT : Le mot clef « invisibilité » est très important dans cet intitulé. Derrière ce terme, c’est bien l’enjeu de l’esthétisme qui se cache, recoupant ainsi le thème principal de la journée. En effet, un bâtiment performant implique des équipements et systèmes énergétiques apparents (par exemple : des équipements d’énergie renouvelable). J’entends par « performance » ici les aspects énergétiques mais également l’impact environnemental ainsi que la prise en compte de l’enjeu santé et confort dans un projet. La problématique est la suivante : faut-il invisibiliser ces éléments pour avoir un bâtiment esthétique (cela concerne aussi bien l’apparence extérieure qu’intérieure) ? Ou est-il possible d’intégrer ces éléments dans l’architecture ?

Cette question est très liée à la façon dont les bâtiments sont construits en France : d’abord l’architecte fait ses esquisses puis plus tard dans le processus, les ingénieurs énergéticiens se penchent sur les performances du projet, qui doivent a minima satisfaire les exigences règlementaires, voire plus. L’architecte peut alors avoir le sentiment d’être bridé dans son acte de conception. Cependant, les choses évoluent : ce modèle est de moins en moins d’actualité.

Ainsi, l’objectif de la table ronde est de réfléchir, ensemble, aux conditions pour concilier esthétisme et performances.

 

La table ronde se décline plusieurs parties. Quelles sont-elles et pourquoi s’intéresser à ces enjeux ?

Hugo VIOT : En effet, la table ronde comprend quatre parties :

  • Partie 1 : vers une homogénéisation de l’architecture ?

La recherche de performances, guidée par des normes et réglementations, peut-elle conduire à faire émerger des bâtiments similaires ? Aujourd’hui, le bâtiment se veut de plus en plus performant et les réglementations se durcissent. Le principe phare pour concevoir un projet avec une consommation énergétique et un impact environnemental réduit, c’est le bioclimatisme. Si la généralisation de ce type de conception est positive pour les performances du bâti, cela risque en revanche de réduire le champ des possibles sur la forme des projets. Les concepteurs peuvent avoir le sentiment d’être limités dans leur création, dans leur art. Cette partie invite donc à se pencher sur le travail des concepteurs et leurs marges de manœuvre.

  • Partie 2 : Dissimuler/déguiser ou afficher la performance ?

Un bâtiment performant passe par la mise en œuvre d’un certain nombre de systèmes énergétiques. Face à ce constat, il existe deux partis pris possibles : soit chercher à invisibiliser ces équipements, soit les assumer et en faire un élément visuel de l’architecture. La technique peut ainsi devenir un objet de design à part entière et participer à l’identité d’un projet. Cette partie invite donc à réfléchir à la question suivante : faut-il invisibiliser ces équipements ? Par exemple : en cas d’installation de panneaux photovoltaïques, faut-il les assumer ou les fondre totalement dans le bâtiment ?

  • Partie 3 : Règlementation urbaines et invisibilité, les choix de l’intégration

L’invisibilisation ou non des équipements de performance, outre l’appréciation de l’architecte, va également dépendre de l’environnement urbain dans lequel le bâtiment s’inscrit. Il existe un certain nombre de règles d’urbanisme à prendre en compte dans les projets. Par exemple, les opérations doivent répondre à de multiples contraintes visuelles dans des centre villes classés et des zones de patrimoine sauvegardé. Il nous paraissait important de revenir sur le lien entre ces réglementations et l’invisibilisation des équipements.

Pierre-Yves DARTIGUE, un de nos intervenants, je vous en reparlerai, nous dit d’ailleurs « ma maison appartient au paysage »

  • Partie 4 : L’invisibilité comme vecteur d’innovation

Cette dernière partie invite à s’interroger sur le rôle de l’innovation comme levier permettant de concilier la technique et le visuel. Par exemple, en développant des solutions énergétiques qui puissent avoir un double usage, à l’image des panneaux photovoltaïques utilisés pour des ombrières ou un bardage. Pour ma part, je considère que l’innovation, que l’innovation pourrait consister en un changement de paradigme en assumant l’affichage des éléments contribuant à rendre un bâtiment performant au sens large.

 

Qui seront les intervenants de cette table ronde ?

Hugo VIOT : Nous avons l’honneur d’accueillir quatre intervenants :

  • Christophe BOURIETTE, architecte et urbaniste qui représentera plutôt les métiers de la conception.
  • Aline BARLET, enseignante à l’école d’architecture de Bordeaux et chercheuse au laboratoire Groupe Recherche Environnement, Confort, Conception Architecturale et Urbaine. Ses travaux portent sur la psychologie de l’environnement et interroge la place de l’usager dans les bâtiments.
  • Pierre-Yves DARTIGUE, Directeur du Développement Urbain de la ville d’Anglet. Il participe à la définition de la politique de développement urbain et pilote des opérations d’aménagement en veillant au respect des règles en matière d’urbanisme.
  • Franck BARRUEL, auparavant responsable du centre de formation professionnelde l’Institut National de l’Energie Solaire (INES2S), il a d’ailleurs créé une formation « Ensoleiller l’architecture », maintenant à la tête d’une société de conseil spécialisée dans le photovoltaïque.

Au vu des profils on peut être tenté de flécher les intervenants vers chacune des 4 thématiques mais nul doute que tous auront leur mot à dire !

 

Qu’attendez-vous de cette table ronde, en tant qu’animateur ?

Hugo VIOT : J’attends de cette table ronde qu’elle donne l’occasion à des acteurs avec des positions différentes mais qui partagent un même objet d’étude commun, le bâtiment, de dialoguer entre eux. Cela s’applique pour moi également : je ne côtoie pas des urbanistes et des architectes au quotidien par exemple, même si nous travaillons sur un même sujet.

Ensuite, j’attends de cette table qu’elle permette d’identifier et de lever certains points bloquants dans la construction. En effet, tous les acteurs du secteur sont plus ou moins d’accord sur l’objectif final : avoir des bâtiments performants, qui soient esthétiques. Cependant, il n’y a pas forcément de consensus sur les moyens pour atteindre ce but. Je souhaite que la table ronde permette d’atteindre une certaine conciliation, un terrain d’entente, entre les métiers.

Enfin, j’espère que la table ronde esquissera des réponses au thème général de la journée.

 

Que représente R-EVOLUTION pour vous ?

Hugo VIOT : D’abord, R-EVOLUTION représente une nouveauté pour moi : je n’ai pas participé aux deux premières éditions. Cependant, j’ai pu constater dès les réunions de préparation que cet événement a vraiment pour ambition d’apporter un point de vue décalé et d’ouvrir des horizons sur la conception et construction de bâtiment.

R-EVOLUTION m’évoque la surprise, la curiosité. Nous ne savons pas à l’avance ce qui va émerger des réflexions, ce qui va ressortir de cette journée. Les intitulés des tables rondes et le thème général permettent d’aborder des sujets vastes, de créer de nombreux débats, etc. J’ai hâte d’y être !

 

Accéder au site internet R-EVOLUTION.

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