Engis: un éco-quartier « à la sauce belge »

Rédigé par

Camille Calicis

Project Manager

6100 Dernière modification le 22/09/2015 - 10:20
Engis: un éco-quartier « à la sauce belge »

Si les éco-quartiers sont répandus aux Pays-Bas et en Allemagne, il n’en est pas de même dans nos contrées. Ce modèle alternatif d’urbanisation convainc pourtant le bureau artau depuis plusieurs années. Pour preuve, l’équipe d’architectes a livré au mois de juin dernier la première phase de l’éco-quartier de la fontaine Saint-Jean à Engis.

Forts développés dans les pays voisins, les éco-quartiers ont du mal à trouver leur place en Belgique où le concept de collectivité est beaucoup moins répandu. Il est pourtant reconnu que les éco-quartiers apportent une solide réponse aux problèmes environnementaux, économiques et sociaux. Avec le projet d’Engis, le bureau artau a voulu dépasser cette situation. Le challenge : adapter, sans trahir, les modèles allemands et hollandais à nos habitudes d’habiter belges. Les architectes apportent une réponse mesurée qui allie savamment collectivité et privacité. Le projet se développe autour d’une grande place centrale. Les architectes ont ensuite imaginé une série d’espaces extérieurs de tailles et de fonctions différentes. La qualité de vie et la convivialité ont été le fil rouge de la conception. A ce stade, la première phase du projet est réalisée : 56 logements aux façades de crépi clair et aux éléments en bois sont construits autour de la place principale. Chacun dispose d’un espace extérieur privé : près de 70 % des logements bénéficient d’un jardin, les autres possèdent quant à eux une grande terrasse. Le site sera complété par une centaine de logements qui seront construits au cours des 3 prochaines phases prévues d’ici quelques années.

Un éco-quartier ouvert à son environnement

Les architectes ont tenu à ouvrir le quartier et à le connecter au tissu urbain existant. Une complémentarité de fonction a été instaurée pour inciter les échanges entre quartiers voisins. Ainsi, une crèche de 21 lits a été construite en bordure de la place. Les architectes espèrent de cette façon créer des liens entre les habitants et inviter à une utilisation partagée des lieux. La circulation au sein de l’éco-quartier est conçue en continuité des voiries adjacentes, avec la même intention de connexion. Une route principale le traverse de part en part. Sa sinuosité permet cependant de limiter la vitesse des automobilistes et d’améliorer le confort du piéton et du cycliste. Plusieurs logements sont accessibles par un réseau de voiries secondaires. Des chemins de promenade sillonnent le site et sont ouverts à tous. Enfin, notons la présence d’un merlon réalisé avec les terres de terrassement. Celui-ci longe le tracé de la voie rapide présente au nord du site et protège tout le quartier et ses alentours des nuisances sonores.

Densifier et diversifier

La recherche de densité caractérise le projet. En effet, les architectes ont volontairement groupé les habitations pour conserver le maximum de superficie pour l’aménagement des espaces extérieurs. La morphologie du projet repose sur la création de différents  modules d’habitation à additionner. Ainsi, en fonction de la combinaison, la taille et la typologie de ces modules, les logements changent : appartement d’une ou plusieurs chambres, duplex, maisons, …Cette diversification touche d’autres aspects liés strictement à l’architecture mais aussi à la mixité sociale et intergénérationnelle. De fait, l’association de logements de différentes tailles et typologies favorise la rencontre et le « vivre ensemble » de tous les habitants du quartier : famille nombreuse, jeune couple, personnes âgées seules, etc.

 

Comme un jeu de Lego

Le projet est réalisé à l’aide de voiles préfabriqués en béton. La mise au point de modules constructifs répétitifs a en effet naturellement imposé l’emploi de la préfabrication, avec pour avantage une maîtrise de mise en oeuvre en atelier et la rapidité d’exécution sur chantier. Les techniques ont également été centralisées et intégrées, si bien que, à peu de choses près, la construction in situ s’est apparentée à un grand jeu de Lego à emboîter et connecter. La systématisation des dimensions et des assemblages s’est aussi appliquée à toutes les constructions métalliques telles que les coursives, cages d’escaliers extérieures ou encore, les carports. 

Des voiles en béton-bois

Les voiles préfabriqués se distinguent par leur composition inédite. En effet, Ils sont composés d’un béton dans lequel les granulats ont été remplacés par des copeaux de bois minéralisés. Le concept de bâtiments modulaires en béton de bois, baptisé b2eco, a fait l’objet d’une étude menée depuis plusieurs années par l’association du bureau artau et des entreprises Wust et Prefer. L’éco-quartier d’Engis en est la première utilisation à grande échelle et semble avoir satisfait les objectifs. Les voiles se composent d’une couche principale en béton-bois à laquelle est adjointe une couche en béton armé qui remplit le rôle structurel. Les principaux avantages du système sont l’amélioration des performances énergétiques de l’habitation (apport en terme d’isolation par l’extérieur et d’inertie thermique à l’intérieur), et la facilité de mise en oeuvre sur chantier (moins de manipulation, rapidité). Enfin, l’utilisation de matériaux et savoir-faire locaux (bois issu des forêts ardennaises, utilisation du béton et préfabrication des panneaux produits à moins de 10 km du chantier) s’ajoute à la dimension durable du projet.

Source: Architectura

Article publié sur Construction21 Belgique
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