Encore des efforts à fournir pour le recyclage des déchets plastiques du BTP

Rédigé par

Jean François Papot (Vizea)

Directeur

5025 Dernière modification le 04/04/2012 - 19:45
PlasticsEurope, l'une des plus importantes associations professionnelles européennes de promotion du plastique, a publié il y a quelques jours une étude sur la valorisation des déchets plastiques issus du secteur du bâtiment et de la construction en Europe (UE + Suisse et Norvège). Résultats : seulement 20% de déchets recyclés et  de fortes disparités au sein des pays étudiés.

L’étude, publiée le 13 Mars 2012, nous apprend qu’en 2010, la demande européenne en plastique a été de 46.4 millions de tonnes, dont 9.56 millions de tonnes pour le seul secteur du bâtiment et de la construction. Ce secteur est ainsi le 2nd plus gros consommateur de plastique, derrière le secteur de l’emballage et du conditionnement.
Les plastiques les plus utilisés sont le PVC, le polystyrène, le polystyrène expansé, le polyéthylène et le polyuréthane. Ces produits sont essentiellement utilisés pour l’isolation des bâtiments, la fabrication de revêtements de sols et de murs et la fabrication de tuyaux et conduites.

Mais cette étude s’intéresse essentiellement aux déchets plastiques du BTP : quelle masse a été produite en 2010 et quels ont été les modes d’élimination de ces déchets ? Ainsi, 1 365 000 tonnes de déchets plastiques ont été produits en 2010:
  • 598 000t (soit 43.8%) sont partis en déchetteries,
  • 494 000t (soit 36.2%) ont fait l’objet d’une valorisation énergétique,
  • et 273 000t  (soit 20%) ont été recyclées.

    V

Ce constat cache cependant de fortes disparités au sein des pays européens :
  • Certains pratiquent ainsi la mise en décharge quasi-systématique. Il s’agit généralement de pays ayant de faible production de déchets plastiques tels que la Bulgarie, Chypre, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, Malte ou encore la Slovénie. Les exceptions étant la Grèce et la Roumanie, qui avec respectivement 16 000 et 27 000 tonnes de déchets plastiques en 2010 affichent des taux de mise en décharge de 100% et 96%. Notons également l’Italie, qui évacue 85% de ses déchets plastiques en déchetterie, ce qui représente tout de même 114 000t/an.
  • D’autres, vont davantage privilégier la valorisation des déchets, c’est par exemple le cas des Pays-Bas avec 90% de revalorisation de ses déchets plastiques du BTP, de l’Autriche avec 94%, de l’Allemagne et de la Suède avec 96% ou encore la Suisse avec 100% de revalorisation.

De son côté, la France affiche une mise en décharge de 40% de ces déchets plastiques, 43.2% font l’objet d’une valorisation énergétique et 16.1% sont recyclés. En moyenne, la France recycle donc moins ces déchets plastiques du BTP que ses voisins européens.

Cependant, il ressort également de cette étude que près de 65% des déchets plastiques valorisés font l’objet d’une valorisation énergétique, c’est-à-dire d’une incinération avec récupération de chaleur. Ainsi:
  • la Suisse qui valorise 100% de ses déchets plastiques en incinère 75%,
  • les Pays-Bas 65%,
  • l’Allemagne et la Belgique 70%,
  • le Danemark 76%,
  • et l’Autriche 80%.

Cette incinération n’est pas sans impacts environnementaux. Elle produit de substances telles que des chlorures d’hydrogène (HCl), des produits azotés (NOx), soufrés (SOx), des dioxines (PCDD), du cyanure d’hydrogène (HCN), … Ces substances jouent un rôle dans l’apparition de maladies respiratoires telles que l’asthme ou la bronchite, sont impliquées dans les mécanismes de pluies acides et de destruction de la couche d’ozone, sont des poisons pour l’homme et la nature … Les fumées toxiques sont ainsi filtrées afin de récupérer les produits polluants et ne rejeter, théorique, que du dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau.

Le recyclage (valorisation matière) doit donc être privilégié. D’après l’étude de PlasticsEurope, les meilleurs élèves européens en la matière sont le Royaume-Uni avec 31.6% de recyclage, l’Allemagne avec 26.5%, la Suisse avec 25.8% et les Pays-Bas avec 25%.

Des efforts doivent donc être fournis pour augmenter le taux de valorisation des déchets plastiques du BTP, particulièrement dans le développement des filières de recyclage. Cependant, alors que la masse de déchets plastiques a augmenté de près de 30% entre 2009 et 2010 dans ce secteur, la priorité doit être de limiter cette production de déchets, en ayant recours à des matériaux alternatifs moins polluants, en mettant en place des plans de calepinage… Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas.

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