Édito de Laurent ROSSEZ | Élections municipales sur Mars et sans planète B...

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NOVA BUILD

L'écoconstruction est notre avenir

1493 Dernière modification le 07/02/2020 - 10:12
Édito de Laurent ROSSEZ | Élections municipales sur Mars et sans planète B...

Aux élections municipales des 15 et 22 mars prochains, les Français éliront leurs conseillers municipaux.

Les grandes orientations à l’échelle urbaine qui seront prises dans la prochaine mandature 2020-2026 vont permettre, ou non, aux communes et agglomérations d’engager les changements holistiques conditionnant la santé, le confort et le bien-être de leurs concitoyens. Car en même temps que les futurs élus devront engager plus fortement les transitions pour préserver au maximum les zones naturelles, ils devront aussi envisager les adaptations vitales pour préparer leur ville à l’ère nouvelle du réchauffement climatique désormais inéluctable.

Maintenant que l'objectif d'une ville neutre en carbone à l'horizon 2050 est inscrit dans la loi, il va falloir se donner les moyens de l'atteindre. Et pour avoir le cœur net sur les réelles intentions en la matière, il existe un marqueur très clair, à savoir la profession de foi en ce qui concerne la lutte contre l’artificialisation des sols.

Une écoconscience proéminente

S’il y a une échelle à laquelle la politique publique à des effets immédiats sur les citoyens, c’est bien la ville.

Antérieurement, les mauvais choix en termes d’urbanisme avaient des conséquences progressives sur la dégradation de la qualité de vie.

Dorénavant, la pertinence des politiques d’aménagement du territoire sont rapidement perceptibles par les citoyens car l’accélération du dérèglement climatique joue le rôle d’un révélateur instantané des erreurs ou des non-sens opérés. Ainsi « l’éco-conscience » est une donnée en pleine expansion, les habitants portant un regard toujours plus intéressé, pertinent et critique sur la façon de gérer l’aménagement de l’écosystème urbain.

Soyons certains que ce mouvement de fond n’est qu’un début et que les futurs édiles auront de plus en plus à rendre des comptes de leurs choix à leurs administrés au fur et à mesure que le « bien vivre en ville » sera chahuté. Cette même question se pose aussi dans les territoires ruraux, réserves de biodiversité et d’espaces non aménagés qu’il convient absolument de sanctuariser.

La raison d'être des conseillers municipaux

Au même titre que la société demande aux entreprises de rendre visibles leurs engagements permettant de limiter les atteintes à l’environnement liés à leur production de biens et services, nous en sommes arrivés à un point où il est devenu tout aussi vital d’exiger une présentation formelle des engagements des candidats à l’élection en ce qui concerne la préservation du vivant et de la Terre.

L’échelon des communes, pour beaucoup regroupées, ou des villes et agglomérations associées, est le bon niveau pour aborder cette question de la « mission » que souhaitent porter les futurs élus, en exigeant d’eux la clarification de leurs priorités ; notamment en matière d’atténuation des impacts environnementaux et d’adaptation aux conséquences de l’incontestable dérive climatique.

Aujourd’hui il est avéré que les sociétés confrontées à des mises en cause sur des questions environnementales subissent une détérioration de leur performance de 10 à 15 % par rapport à leurs concurrents, pendant 2 années au minimum.

De la même manière, les villes qui auront sous-estimé les efforts à faire pour préserver ce qui peut encore l’être, et surtout préparer l’avenir qui s’annonce nettement plus chaud, subiront aussi une dégradation de leur attractivité avec des effets négatifs immédiats sur le dynamisme démographique et l’économie.

On est alors en droit de se poser la question des piliers ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) des programmes électoraux. Permettent-ils d’évaluer la prise en compte par les candidats du développement durable et des enjeux de long terme sur la ville, comme la préservation de la biodiversité, les mobilités décarbonées, l’économie circulaire, la réhabilitation de ce qui existe plutôt que l’artificialisation permanente, la recherche de résilience en prévision de l’avenir ?

Je veux dire par là que la mise en œuvre de « solutions climat » à l’échelle de la ville doit devenir le préalable à toute décision locale, au risque de passer à côté de l’essentiel !

L'artificialisation des sols comme marqueur clé

Tout comme pour les entreprises, certaines villes peuvent considérer le défi climatique comme une opportunité de différenciation. Et comparativement aux autres communes, apporter une véritable amélioration du cadre de vie et des liens sociaux via une stratégie bas carbone systémique. C’est une question de priorisation et de volontarisme politiques.

Et pour avoir le cœur net sur les réelles intentions en la matière, il existe un marqueur très clair, à savoir la profession de foi en ce qui concerne la lutte contre l’artificialisation des sols. Cet objectif, présenté comme l'un des fils conducteurs de l'action de l'État dès 2020, doit se décliner à l’échelle de la ville.

Car il faut se tourner vers les friches urbaines, les dépolluer, les renaturer. Et réhabiliter beaucoup plus pour rendre à nouveau les centres villes attractifs et accessibles. Il ne s’agit plus d’être nécessairement un maire « bâtisseur » mais plutôt « rénovateur », soucieux de raviver ce qui est déjà là. Ce n’est pas un recroquevillement mais au contraire une reconquête.

Et contrairement aux idées reçues, l’offre de logements en France est supérieure à la demande mais ils ne se situent pas aux endroits où les gens ont envie de vivre ou ont la possibilité de travailler. En effet, durant les 20 dernières années, le parc de logements a augmenté plus vite que la population alors que le nombre d’habitants du centre de nombreuses villes moyennes a structurellement baissé faute d’attractivité ou de qualité de l’offre en matière d’habitat.

Dans l'attente des précisions ministérielles sur le concept ZAN de "Zéro Artificialisation Nette", gageons que la performance des prochains mandats qui vont s’ouvrir viendra de l’invention de nouvelles formes urbaines tout en sanctuarisant les zones non construites, planification essentielle pour lutter contre les îlots de chaleur.

In fine, un candidat et son équipe municipale, quels qu'ils soient, auront réussi leur mandat demain s’ils parviennent à transformer leur ville d’une manière durable, c’est-à-dire à préserver les espaces naturels existants tout en restaurant ce qui existe pour continuer à répondre aux besoins structuraux de création d’espaces à vivre.

 

   

Laurent Rossez, Président de NOVABUILD.

 

 

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