EDF rêve à la ville bas carbone avec les architectes et les urbanistes

Rédigé par

Juliette M'Fouilou

Chargée de communication web

4343 Dernière modification le 05/01/2018 - 10:35
EDF rêve à la ville bas carbone avec les architectes et les urbanistes

A quoi ressembleront les quartiers de demain ? C’est la question à laquelle doivent répondre les candidats du concours Bas Carbone EDF. Des équipes d’architectes, d’ingénieurs, d’aménageurs, de paysagistes imaginent une ville qui n’existe pas encore et ses contraintes futures. Interview de Philippe Labro, Responsable Partenariats chez EDF.

Comment est né le concours EDF Bas Carbone ?

Philippe Labro: Notre concours est né il y a 10 ans, de la volonté d’EDF de travailler avec les architectes pour promouvoir une architecture bas carbone et ses fondamentaux. A l’époque, rares étaient les acteurs impliqués sur la question du bas carbone. L’attention du secteur était concentrée sur l’efficacité énergétique. Le thème de la première édition portait sur la maison individuelle.

Quel est l’intérêt d’EDF à organiser ce concours ?

Philippe Labro: Nous renforçons ainsi nos liens avec les prescripteurs que sont les architectes, qui peuvent introduire l’innovation et promouvoir une énergie bas carbone, celle que l’on ne consomme pas et aussi celle produite en dégageant le moins de CO2 possible. EDF produit l’énergie la moins carbonée au monde grâce aux énergies renouvelables et au nucléaire. Nous voulons être moteurs de la décarbonation du bâtiment et de la ville.

La définition du bas carbone peut varier d’un secteur ou d’un acteur à l’autre. Quelle est celle d’EDF ?

Philippe Labro: Pour nous la définition du bas carbone a surtout évolué avec les objectifs de notre concours. Les premières éditions exigeaient des candidats qu’ils proposent des bâtiments qui dégagent moins de 5 kg de CO2/an. Il s’agissait d’amener les concepteurs à penser des systèmes et des process qui émettent le moins de carbone possible en phase de construction mais aussi en phase d’exploitation. Nous mesurions la performance sur l’empreinte CO2 du bâtiment et de ses usages.

Les dernières éditions nous ont fait changer d’échelle. Face à un monde de plus en plus urbanisé, nous avons décidé de penser le bas carbone à l’échelle d’un quartier ou d’une ville. Un Français produit en moyenne 8 à 10 tonnes de CO2 par an. Un tiers vient de l’alimentation, un tiers de ses déplacements, et un tiers vient du bâtiment. En passant à l’échelle de la ville, nous avons voulu que les candidats travaillent à réduire l’impact carbone global de l’individu.

Pourquoi avoir proposé le quartier de La Jallère à Bordeaux pour l’édition 2017 du concours ?

Philippe Labro: La Jallère est un quartier qui réunit un très grand nombre de contraintes urbanistiques qui ne peuvent que stimuler l’imagination et l’innovation. Il se situe en zone humide, inondable, c’est un secteur relativement délaissé, à l’extérieur du périphérique bordelais. On y trouve très peu de bâtiments résidentiels, mais beaucoup d’immeubles tertiaires.

Le concours se veut prospectif, c’est pourquoi nous avons demandé aux candidats qu’ils imaginent ce quartier en 2050. Personne ne peut dire quelles seront les réglementations dans 30 ans, ils devaient donc inventer leurs propres réglementations et leur mixité sociale. La seule contrainte, autre que celles imposées par le site : la neutralité carbone.

Quelles sont les conclusions qui ressortent de cette prospective ?

Philippe Labro: Nous nous sommes rendu compte que la neutralité carbone d’une ville se heurtait au problème de sa densité de population. Si vous mettez tout en œuvre pour avoir un quartier bas carbone et facteur 4, il vous restera toujours 1 tonne ou 1,5 tonne de C02 produite par les habitants. Le seul moyen d’éliminer ce reliquat est de promouvoir la photosynthèse en introduisant de la foresterie dans le quartier. Or, à cette échelle, ce sont des centaines d’arbres qu’il faudrait planter, réduisant la densité de population à 6 habitants à l’hectare !

C’est là que la notion de villages à carbone positif entre en jeu. Par un jeu de crédits carbone, ces villages en périphérie de la ville, qui auraient un bilan CO2 positif, viendraient compenser le carbone que l’on ne parvient pas à éliminer en ville.

Verra-t-on certaines des solutions imaginées par les candidats mises en œuvre à La Jallère ?

Philippe Labro: Aucun des quartiers prototypes qui ont été imaginés pour le concours ne sera bâti. Mais ce genre de prospective fonctionne comme un concept car. Certaines des solutions du concept car sont parfois mises en œuvre dans les modèles de série. Je pense et j’espère que certaines des idées de nos brillants candidats seront reprises bientôt dans des projets d’écoquartier.

Le concours vous a-t-il permis de voir des tendances émergentes en faveur du bas carbone ?

Philippe Labro: Les circuits courts d’alimentation sont devenus une évidence à l’échelle des territoires. Ils constituent une solution simple pour réduire notre empreinte carbone, mais ils correspondent également de plus en plus à un désir des consommateurs. Nous voyons aussi de plus en plus de boucles locales de production d’énergie, rattachées au réseau global. Les urbanistes travaillent sur la mobilité énergétique et partagée. A observer les réponses apportées dans les concours, nous constatons que le défi du quartier bas carbone sera résolu moins par la technologie que par les usages.

Avez-vous confronté les projets des candidats 2017 à de « vrais » habitants de Bordeaux ?

Philippe Labro: Tout à fait. Lors de la cérémonie de remise de prix en septembre 2017 à la base sous-marine de Bordeaux, les candidats ont été mis en avant dans le cadre d’une exposition dans laquelle chaque projet était expliqué dans le détail. L’exposition a rencontré un très fort succès et les projets ont été très bien accueillis.

Un mode de vie décarboné n’est plus une contrainte si l’aménageur et l’élu proposent des opportunités qui facilitent ce mode de vie. C’est dans ce sens qu’allaient les 4 projets du concours 2017.

Quel sera le thème de l’édition 2018 ?

Philippe Labro: Nous n’avons pas encore sélectionné le territoire et le périmètre du concours. En revanche, le thème est connu : l’adaptation au changement climatique. Nos efforts présents ne suffisent pas encore à limiter le réchauffement en dessous des 2°C. Il faut continuer à réduire nos émissions pour y parvenir, mais il faut aussi que les bâtiments et les villes se préparent à ce changement.

--> Plus d'informations sur le Concours bas carbone 2016/2017

 

Propos recueillis par Sylvain Bosquet, Responsable web éditorial Construction21 France

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