Écologie et transports : l’autoroute au cœur des enjeux de la mobilité durable

Rédigé par

Pierre Véran

7839 Dernière modification le 08/12/2020 - 09:05
Écologie et transports : l’autoroute au cœur des enjeux de la mobilité durable

Le réchauffement climatique n’est pas une fatalité, mais pour se donner de réelles chances de succès, tous les acteurs publics et privés doivent s’évertuer à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Une mobilisation générale qui passe notamment par des efforts ciblés dans le domaine des transports. Ce dernier pourrait bien compter sur une prise de conscience des sociétés concessionnaires d’autoroutes bien décidées à tracer la voie aux enjeux de la mobilité durable.

Réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % à 2030 et de 75 % d’ici à 2050, tel est l’engagement pris par la France dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015. Un engagement renouvelé lors de la COP21, avec l’Accord de Paris signé le 22 avril 2016. Pour y parvenir, notre pays va devoir drastiquement diminuer ses émissions de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre. Cela implique, notamment, de les baisser significativement dans le secteur des transports. Ce dernier est le principal contributeur de gaz à effet de serre dans notre pays selon le rapport CITEPA 2019.

C’est pourquoi l’État et le ministre en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, encouragent à « rouler propre », en privilégiant les transports en commun et le vélo, en pratiquant le covoiturage ou en troquant sa bonne vieille voiture diesel pour un véhicule électrique. Les entreprises ont également un rôle à jouer en adoptant des pratiques plus vertueuses pour l’environnement et, en la matière, les entreprises du secteur du transport routier sont attendues au tournant.

Le transport routier a entamé sa mue

Si les transports représentent à eux seuls 30 % des émissions de CO2 de notre pays, ce sont essentiellement les voitures et les poids lourds qui y contribuent puisqu’ils sont à l’origine de 75 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur. C’est dire si, en intervenant spécifiquement sur ce mode de transport, il est possible d’obtenir des résultats en matière de lutte contre la pollution. Les citoyens sont incités à choisir des véhicules plus propres et les collectivités locales ont aussi leur rôle à jouer. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à favoriser les transports en commun et ce que l’on appelle désormais les mobilités douces comme la marche, le vélo, mais aussi la trottinette, le gyropode ou le skate électrique. Bien sûr, les entreprises peuvent elles aussi prendre des initiatives pour réduire leurs émissions de CO2 dues aux transports, en favorisant le ferroutage pour leurs marchandises ou en mettant en place des plateformes de covoiturage pour leurs employés.

Les autoroutes veulent s’inscrire dans le développement durable

Plus surprenant au premier abord, les autoroutes veulent elles aussi apporter leur contribution à ce formidable élan vers une France plus écologique. Les déplacements sur autoroute représentent 20 % des émissions de CO2 du secteur des transports, soit 6 % du total des émissions du pays. Il est donc indispensable que les concessionnaires autoroutiers soient partie prenante dans la lutte contre le réchauffement climatique. Un engagement notamment pris par la société Vinci Autoroutes qui a lancé le concept d’autoroute bas carbone en signant un partenariat inédit avec Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 12 novembre 2019.

Les principaux objectifs de cette autoroute bas carbone sont de favoriser l’écomobilité en densifiant le réseau de bornes de recharges électriques et hydrogène sur les aires, développer le transport multimodal en créant des voies réservées au covoiturage et aux transports en commun et en aménageant des parkings de covoiturage, et créer des hubs multimodaux. Il s’agit aussi de généraliser les matériaux recyclés pour le revêtement des chaussées, remplacer les systèmes d’éclairage par des LED, installer des panneaux solaires pour produire une énergie propre, ou encore multiplier les dispositifs de tri et les actions de protection de la biodiversité et des milieux naturels. Un programme ambitieux qui vise à accompagner la région PACA dans son plan climat baptisé « Une COP d’avance », dont l’un des objectifs est d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Une ambition élevée, mais accessible qui fait écho aux projets similaires portés par plusieurs autres régions, dont la voisine d’Occitanie présidée par Carole Delga ou la Nouvelle Aquitaine.

La mue du secteur routier est à comparer à un certain attentisme du côté du transport aérien. Avec 11 % des émissions totales de CO2 pour le secteur des transports et 2,5 % des émissions mondiales de CO2 tous secteurs confondus, l’aérien est sous le feu des critiques. Si les compagnies aériennes et les constructeurs se sont fixé pour objectif de réduire de moitié leurs émissions d’ici 2050, leurs moyens d’action restent limités. Il sera sans doute possible de concevoir des structures plus légères et des formes aérodynamiques, mais en ce qui concerne le mode de propulsion, aucune alternative au kérosène, très polluant, ne semble applicable à grande échelle à moyen terme. En effet, les biocarburants posent un problème de production de masse, l’hydrogène nécessite d’énormes réservoirs et les batteries électriques sont très lourdes. L’efficacité de la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique ne devrait pas prendre le chemin des airs dans un premier temps. Tous les espoirs reposent donc sur le plancher des vaches où, fort heureusement, de nombreuses initiatives sont déjà à l’œuvre.

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