[Dossier Mobilités] #24 - La logistique urbaine : lancement d'un programme CEE pour accompagner les collectivités et acteurs économiques

Rédigé par

Hélène de solere

Cheffe de projet logistique urbaine et interurbaine

5820 Dernière modification le 25/03/2021 - 12:43
 [Dossier Mobilités] #24 -  La logistique urbaine : lancement d'un programme CEE pour accompagner les collectivités et acteurs économiques

La logistique urbaine ou la logistique du dernier kilomètre est « l’art d’acheminer dans les meilleurs conditions les flux de marchandises qui entrent, sortent et circulent dans ville[1]». Son rôle est devenu visible aux yeux de tous depuis la pandémie de la covid-19, avec des travailleurs de la livraison mieux reconnus et un approvisionnement des ménages via le e-commerce pouvant pallier en partie la fermeture des commerces non essentiels pendant les périodes de confinement.

Pour autant, cette logistique du dernier kilomètre n’est pas exempte d’externalités négatives : tant environnementales, qu’organisationnelles sur les territoires. Les pouvoirs publics locaux disposent de différents leviers afin de relever l’ensemble des défis de la logistique du dernier kilomètre sur leur territoire : amélioration de la qualité de l’air, prise en compte des enjeux sociaux liés au statut des livreurs, poursuivre le développement de l’attractivité économique de leur territoire, améliorer la qualité de vie (gestion du trafic, sécurité routière). Le programme innovations territoriales et logistique urbaine durable (InTerLUD) a pour objectif d’accompagner les collectivités dans ces démarches.

Répondre à des enjeux majeurs pour les territoires et la planète !

La logistique urbaine comprend de multiples opérations telles que la préparation et l’emballage des commandes, le transport et la livraison, la gestion des points de collecte des colis, des retours, des palettes videsLes flux liés au transport de marchandises en ville sont constitués de la manière suivante[2] : 

Les déplacements liés au transport de marchandises en ville représentent 15 à 20 % des flux. Ces différents flux se répartissent pour 50% liés à des déplacements d’achat et de livraison aux particuliers, 40% pour des livraisons et des enlèvements auprès d’entreprises et 10% liés à des flux de « gestion urbaine » : chantier du BTP, déménagements.

En ville, le flux de l’ensemble de ces déplacements représente 20% du trafic urbain, 30% de l’occupation de la voirie, mais représentent en moyenne en ville, 25% à 30% des émissions de CO2 liées au transport, 30% à 40% des NOx liées au transport et 40 à 50% des particules fines liées au transport transport[3].

Outre ces impacts environnementaux, la logistique urbaine génère également des dysfonctionnements ou des conflits d’usages sur l’espace public : arrêt sur la voirie pour livrer, stationnement en double file, etc.. Ces pratiques peuvent conduire à des situations accidentogènes, et contribuer au congestionnement des centres urbains.

Pour autant, la logistique urbaine est un moteur indispensable au bon fonctionnement et à la vitalité économique des territoires. L’optimiser est une nécessité afin de faire converger les enjeux environnementaux, les enjeux économiques et les conditions de travail pour l’ensemble de la chaîne logistique.

Infléchir les pratiques logistiques actuelles pour les optimiser, trouver des solutions d’intérêts communs pour construire une logistique urbaine durable, c’est le défi qui s’impose dès à présent à l’ensemble des acteurs publics et économiques. Une connaissance affinée des enjeux du transport de marchandises en ville, une meilleure appréhension de son organisation économique et sociale peuvent permettre de répondre aux problématiques identifiées.

Un cadre méthodologique et des outils mis à disposition des collectivités pour s’engager dans une démarche volontaire et partenariale en faveur de la Logistique urbaine.

 

Issue de la conférence environnementale de 2014, « La feuille de route 2015 » pour la transition écologique a initié l’élaboration d'un cadre national pour des chartes de logistique urbaine durable. Le développement de ce cadre national a été piloté par l'ADEME, la DGITM/MTES et le Cerema en associant les organismes institutionnels ainsi que les représentants des professionnels (Groupement des Autorités Responsables de Transport, Association des Maires de France, Chambre de Commerce et d'Industrie France…). Ce cadre méthodologique a ensuite été expérimenté sur 6 collectivités.

L’ensemble de ces travaux est mis à disposition sous la forme d’un rapport sur le site de l’Ademe[4] : Engagement volontaire  en faveur d’une logistique urbaine durable.

Cette méthode a pour objectifs de répondre aux principaux enjeux suivants : 

  • D'une part permettre de réduire les impacts sur l’environnement (pollution, consommation, bruit, etc…) , de contribuer à apaiser les centres-villes (pollution visuelle, congestion, conflits d’usage de la voirie, etc…)  et d’améliorer le cadre de vie et la santé publique.
  • Elle permet également de répondre à des enjeux économiques notamment contribuant à améliorer l’efficacité du transport des marchandises. Ceci permet ainsi de renforcer l’attractivité et la compétitivité du territoire et in fine de créer de l’emploi.

La méthodologie se décline selon trois principes :

  • Le premier principe consiste à rassembler des connaissance par l’élaboration d’un diagnostic pour mieux connaître les enjeux de la logistique sur les territoires et identifier les acteurs principaux.

  • Le second principe relève de la concertation à mettre en place avec l’ensemble des acteurs du territoire – à la fois les acteurs institutionnels : collectivités, services de l’état, chambres consulaires et les acteurs économiques : transporteurs, commissionnaires de transport, grossistes, commerçants, artisans, entreprises.

  • Enfin, le dernier principe consiste en l’élaboration et la signature par l’ensemble des parties prenantes, d’une charte d’engagement volontaire partenariale en faveur d’une logistique urbaine durable, comprenant un plan d’actions ainsi que les modalités de suivi et de gouvernance.

 

Pour mettre en œuvre cette méthodologie trois étapes sont proposées :  

  • La première étape consiste à : « comprendre la démarche de charte d'engagement volontaire pour la logistique » à travers une description globale de la démarche et des outils proposés ainsi qu’une présentation des fondamentaux de la logistique urbaine et de ses acteurs.
  • La deuxième étape nommée « socle d'engagement » permet de structurer la démarche au sein de chaque collectivité. Cette étape consiste à élaborer une stratégie à partir d’un diagnostic et d’une concertation avec l’ensemble des parties prenantes du territoire pour aboutir à un engagement sur des actions partagées avec ces acteurs.
  • Enfin, la troisième étape consiste en la sélection d’un « choix des actions » à mettre en œuvre sur le territoire. La démarche propose un socle d’actions répondant aux enjeux de la logistique urbaine. Ces actions sont classées en trois groupes : actions de « planification », actions « collectivités », actions « collaboratives ». Les territoires qui s’engagent dans cette démarche auront toute latitude pour combiner ces différentes actions afin de bâtir leur stratégie. Les actions envisageables sont toutes explicitées dans le rapport de l’ADEME.

 

 

Enfin, il est recommandé de faire « vivre » la charte grâce à la gouvernance mise en place pour son élaboration. Il est important de suivre les actions définies et de partager avec l’ensemble des acteurs cet avancement afin de poursuivre la dynamique engagée sur le territoire et d’en évaluer les résultats.

 

InTerLUD : Un programme CEE pour une Logistique Urbaine Durable

Le projet InTerLUD (Innovations Territoriales et Logistique Urbaine Durable) a pour objectif de favoriser une gestion de la logistique urbaine plus durable et économe en énergie fossile au niveau des agglomérations par des démarches de concertation entre les acteurs publics et privés. Retenu par la ministre en charge des transports Elisabeth Borne le 7 février 2020, il s’inscrit dans le cadre de l’appel à programmes 2019 pour l’obtention de certificats d’Economie d’Energie (CEE).

Conduit par le Cerema, la CGI (confédération du commerce de gros et international), Logistic-Low-Carbon (filiale à 100% de CGI), l’Ademe (Agence de la Transition Energétique) et le bureau d’études Rozo, le projet InTerLUD vise à engager en 3 ans, 50 chartes de logistique urbaine durable sur le territoire national. Ces chartes ont vocation à contractualiser de nombreuses actions volontaires entre les acteurs publics et privés, entreprises à court terme, pour améliorer les conditions du transport des marchandises en ville.

Le programme s’adresse en particulier aux villes de taille moyenne et métropoles, dont les problématiques en termes de logistique urbaine peuvent être complexes. Il permet un financement pour l’élaboration des chartes jusqu’à 70% par les Contrats d’Economies d’Energie pour les communautés d’agglomérations et communautés de communes, à 50% pour les métropoles et communautés urbaines.

 

InTerLUD comprend cinq axes principaux :

Un axe sensibilisation des acteurs (collectivités et filières économiques) aux enjeux actuels de la logistique urbaine, aux actions possibles et aux outils existants, tels que les chartes de logistiques urbaines. Des évènements territoriaux seront organisés en partenariat avec les collectivités et les entreprises, favorisant également la mise en réseau des différents acteurs. 

Un second axe, visant à mettre à disposition de tous via une plateforme internet, des bonnes pratiques et de proposer des outils applicatifs aux acteurs économiques (navigation GPS qui tienne compte des arrêtés de circulation des communes, localisation des points de recharge en énergie alternative, etc) pour améliorer le transport de marchandises en ville.

Un troisième axe permettant d’’accompagner les territoires qui se lancent dans l’élaboration d’une charte : il s’agit de subventionner de façon importante (jusqu’à 70 % pour les plus petites collectivités) le coût de réalisation des chartes de logistique urbaine. D’organiser des séminaires de mobilisation, réunissant acteurs publics et économiques, pour initier la dynamique à l’échelle locale et faciliter la concertation avec les acteurs économiques. 

L’axe quatre du programme a pour objet de proposer des formations aux techniciens des collectivités aux enjeux de la logistique urbaine, aux différents leviers d’actions de l’EPCI, ainsi qu’à la méthodologie d’engagement volontaire en faveur de la logistique urbaine. Pour les acteurs économique, le programme prévoit de compléter les formations déjà existantes afin d’améliorer la prise en compte des enjeux de la logistique urbaine pour les conducteurs et au sein des entreprises de logistique. 

Enfin comme tout programme issu des certificats d’innovation énergétiques, InTerLUD fera l’objet d’une évaluation globale des effets du programme, au fil de l’avancement du projet, pour mesurer l’apport du programme et l’atteinte des gains attendus en termes d’émissions ou de consommation d’énergie.

L’ évaluation globale des effets du programme, au fil de l’avancement du projet, pour mesurer l’apport du programme et l’atteinte des gains attendus en termes d’émissions ou de consommation d’énergie.

 Pour en savoir plus sur le programme : www.interlud.green, ou vous pouvez prendre contact avec les équipes en charge du déploiement territorial : interlud[a]cerema.fr

Face aux enjeux environnementaux et aux différents désordres observés sur le territoire en lien avec le transport de marchandises : augmentation de la congestion de la circulation, conflits d’usages de la voirie, dans un contexte où le nombre des livraisons de colis augmente avec l’accroissement du e-commerce les collectivités se mobilisent de plus en plus pour porter une politique publique visant à améliorer la logistique du dernier km. Le programme InTerLUD propose à ces territoires un accompagnement adapté pour répondre à ces questions et permettre la mise en place d’actions concertées par les différents acteurs de la logistique.

Pour en savoir plus sur le programme : www.interlud.green ou contactez-nous via : [email protected]

Un article signé Hélène de Solère, Cheffe de projet logistique urbaine chez Cerema

 

Crédit photo: InterLUD

 
 

[1] Définition de D. Patier, La logistique dans la ville, Celse, Paris, 2002

[2] Source Laboratoire d’Economie des Transports, 2013

[3]  Guide CEREMA – Logistique Urbaine – Connaitre et Agir, 2014

[4] https://www.ademe.fr/engagement-volontaire-faveur-logistique-urbaine

Un DOSSIER réalisé avec le soutien de :

 

 

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