[Dossier Hors-Site] # 19 – La structure plancher dalle Cameleo de Rector : améliorer les performances globales d'un projet par le hors-site

Rédigé par

Rector Lesage

5338 Dernière modification le 28/10/2020 - 12:00
  [Dossier Hors-Site] # 19 – La structure plancher dalle Cameleo de Rector : améliorer les performances globales d'un projet par le hors-site

Représentant 60% de l’empreinte carbone des bâtiments neufs, le gros œuvre est un enjeu majeur pour réduire l’impact environnemental de la construction. Avec Caméléo, son système plancher dalle préfabriqué, Rector s’attaque à ce dernier, tout en offrant un mode constructif qui favorise les changements d’usages futurs. Éclairage au travers d’un entretien à deux voix avec Bertrand Schott, Chef de produits et Denis Schmit, Directeur de la prescription chez Rector Lesage. 

En 2020, la construction reste un secteur très ancré dans le local. En ce sens, l’Alsace semble une terre où l’industrialisation est plus en avance que sur le reste du territoire.

Bertrand Schott : En effet en Alsace, et plus largement en Moselle, la manière de construire est un peu différente du reste du territoire français. Dès l’après-guerre, la région a fait beaucoup appel à des éléments préfabriqués pour sa reconstruction. Aujourd’hui, concernant les dalles de plancher préfabriquées, je n’ai pas de chiffres exacts mais il est sûr que nous sommes à plus de 50% des constructions utilisant cette solution. La proximité de l’Allemagne et de l’Europe du Nord, où le secteur du bâtiment est très industrialisé depuis le début du XXe siècle explique probablement en partie cela.

Denis Schmit : Le plancher dalle préfabriqué est en effet très peu utilisé dans le reste de la France, puisqu’il représente moins de 5% de la construction des bâtiments tertiaires, et 0% des logements. En s’appuyant sur une structure de poteaux porteurs, elle permet pourtant de concevoir des bâtiments dont l’aménagement intérieur peut évoluer en fonction des besoins et des usages successifs. Son avantage n’étant plus à démontrer localement, nous souhaitons aujourd’hui développer ce mode constructif au niveau national. Face à des enjeux récurrents et aussi importants comme l’empreinte carbone, la modularité ou la validation de la performance énergétique, il est une réponse parfaite.

 

Le hors-site et la modularité vont donc dans le sens de l’histoire ?

Bertrand Schott : Il faut prendre en compte deux paramètres : l’évolution du Bâtiment, et ce que peut apporter le hors site.

Concernant l’aspect Bâtiment proprement dit, au-delà d’une réduction de l’empreinte carbone, on recherche aujourd’hui à réduire les nuisances sur site en phase chantier. De leur côté, les clients ont une demande de garanties de plus en plus fortes, que ce soit pour la performance énergétique, les délais de livraison, mais aussi la qualité. La société évolue et les attentes face au produit fini, dans le secteur du bâtiment, mais aussi ailleurs, sont importantes.

Chez Rector, pour répondre à cela, tous les éléments sont tracés. Sur le béton armé par exemple nous savons d’où proviennent les matières premières (sable, ciment, fer, etc.) et où va chaque commande. En plus d’offrir une meilleure garantie, cette traçabilité nous permet d’avoir des performances calculées qui restent dans la marge d’erreur une fois installé sur site. La préfabrication apporte également une bonne garantie de qualité dans les finitions. En produisant sur place ou en faisant appel à du béton prêt à l’emploi, cela est plus difficile voire impossible tant les variables sont nombreuses et fluctuantes selon le lieu.

Denis Schmit : Du point de vue de l’empreinte carbone, les gains sur le terrain sont conséquents. Pour confirmer nos calculs, nous avons construit un démonstrateur à Epinay-sur-Orge avec le groupe immobilier Valophis. Sur cet immeuble en R+3, nous obtenons une réduction des émissions carbone de 15 à 20% par rapport à la maçonnerie traditionnelle.  

Nous avons également estimé une réduction du cout de 7% en nous basant sur le gain de temps du projet (25%, soit 2 mois) avec l’emploi de la solution Rector. Pour le promoteur, le bénéfice ne s’arrête pas là, il immobilise du capital moins longtemps, propose un chantier plus court et plus propre, etc.

 

L’un des reproches fait aux éléments produits hors-site est pourtant leur coût unitaire plus élevé

Denis Schmit : Si l’on raisonne à l’échelle de chaque lot, les éléments produits hors-site ont effectivement un coût un peu plus élevé. Mais comme je l’expliquais, il faut penser global et non pas produit par produit. Les éléments préfabriqués embarquent une ingénierie qui permet de réduire un grand nombre de contraintes de construction et donc d’avoir une performance globale bien supérieure à de la production sur site. Le côté financier n’y fait pas exception. L’Allemagne ou la Hollande l’ont bien compris en industrialisant depuis longtemps le secteur de la construction. La France est un peu une exception culturelle ! Pourtant, si l’on se penche sur chacun des coûts, nous avons des atouts indéniables : une des mains d’œuvre les moins chères d’Europe, des matériaux parmi moins couteux également. Néanmoins, le coût global de construction reste très élevé par rapport à nos voisins. Le processus d’étude puis de construction est long, il pâti d’un manque de coordination, et de choix faits sans concertation par les différents acteurs. A défaut de penser global, les constructeurs n’optimisent pas les bâtiments, notamment les matériaux nécessaires à leur construction. L’une des illustrations est sans doute cette surconsommation de 30% de ciment par rapport à la moyenne européenne. Une mauvaise nouvelle sur le plan économique, mais également écologique.

Comment pourrait-on pousser le marché à adopter plus rapidement la construction hors-site ?

Bertrand Schott : Cela dépend des secteurs. Sur le tertiaire, l’évolution se fait de manière très rapide. Il y a deux ans, personne ne venait nous consulter en amont de la réalisation d’un projet. Aujourd’hui, les maîtres d’ouvrages sont plus enclins à franchir le cap. En une année, nous avons eu près de 40 demandes. En revanche, le secteur résidentiel est plus compliqué : contrairement au tertiaire, les projets vendus sur plans ont déjà leur système constructif quasiment figé par l’acte de vente. Adopter la préfabrication apparaît dans cette situation beaucoup plus difficile. Toutefois, au vu des bénéfices offerts par notre système, nous nous positionnons presque systématiquement sur le « projet d’après » où le MOA nous questionne dès la genèse du projet. 

Denis Schmit : Il y aussi une vision un peu erronée du hors-site. On a souvent l’impression que préfabriqué veulent dire standardisé. Cette vision peut faire fuir des maîtres d’ouvrages souhaitant une certaine liberté architecturale. D’autant plus qu’à la différence de la Suisse par exemple l’architecte n’est pas forcément ingénieur et entame la réflexion structurelle plus en aval.

Sur un produit comme le nôtre, le préfabriqué se rapporte à une facilité de mise en œuvre, dont la dimension est adaptée au projet avec une longueur variable, le levage disponible sur place, etc. La préfabrication n’entrave en rien le geste architectural, il est important de le souligner. 

Vous avez évoqué le BIM en début d’interview, est-il indissociable du hors-site ?

Denis Schmit : La numérisation permet de garantir une bonne cohérence et un bon suivi dans un projet, de la conception jusqu’à la livraison du bâtiment. Chez nous, par exemple, tous les éléments de structure préfabriquées que nous produisons sont réalisés via le BIM. Nous nous appuyons donc sur tous les outils dont nous disposons.

Bertrand Schott : Le BIM est structurant pour un maître d’ouvrage : travailler avec permet de mieux anticiper l’empreinte carbone d’un projet, et ce en faisant les bons choix. Structurellement, faire le une dalle béton de quelques centimètres, ou en bois pouvant dépassant les 50 cm d’épaisseur implique des contraintes très différentes. Le BIM permet d’arbitrer très tôt et d’adapter plus rapidement le projet.

 

Denis Schmit, Directeur de la prescription chez Rector Lesage             

Bertrand Schott, Chef de produits chez Rector Lesage

 

Propos recueillis par Clément Gaillard, Construction21 - La rédaction

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