#2 - Pour un environnement bâti qui réponde aux enjeux d’aujourd’hui et de demain

Rédigé par

Alliance HQE-GBC

6537 Dernière modification le 29/11/2021 - 12:06
#2 - Pour un environnement bâti qui réponde aux enjeux d’aujourd’hui et de demain

Alors que l’atténuation du changement climatique est devenue une préoccupation dominante dans le champ de l’urbanisme et de la construction, la notion d’adaptation au changement climatique, évoquée dans les rapports du GIEC et retranscrite dans le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), reste, aujourd’hui encore, mal définie et peu prise en compte. Son intégration dans le secteur est pourtant plus que jamais nécessaire, les questions de résistance et de robustesse entraînant par voie de conséquences un enjeu de sécurité des populations. C’est ce qui a conduit l’Alliance HQE-GBC à proposer un cadre de définition qui expose les enjeux du changement climatique pour l’environnement bâti et identifie 5 domaines et 15 leviers d’actions pour un cadre bâti plus résilient.

 

Bâti et changement climatique …

 

Face à l’ampleur des phénomènes et les conséquences du changement climatique liées à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère mais aussi à l’érosion des ressources naturelles et de la biodiversité, il est nécessaire d’engager des évolutions structurelles, systémiques et culturelles. Les villes et leurs habitants doivent se préparer à faire face aux crises et à s’en remettre le plus rapidement possible.

 

Dans ce cadre, le secteur de l’urbanisme et de la construction a un rôle prépondérant à jouer : la fabrique de la ville, la géométrie et les fonctions urbaines, la robustesse et l’adéquation des bâtiments au climat local sont autant de champs d’actions qui permettront de relever les enjeux de l’adaptation au changement climatique.

 

… de l’atténuation comme prérequis …

 

Face au défi climatique, le secteur du bâtiment est stratégique car, s’il représente une part très importante avec environ 25% des émissions nationales, il a aussi la capacité de les réduire dans un délai relativement court par rapport aux secteurs de l’énergie ou des transports, en particulier en travaillant sur les bâtiments existants. La prise en compte du carbone s’est d’ailleurs beaucoup accélérée ces dernières années avec l’entraînement de toute une filière soutenue par une réglementation ambitieuse : la RE 2020 qui sera bientôt en vigueur pour les bâtiments neufs.

 

Néanmoins ce sont tous les projets de rénovation et de construction, de bâtiments, d’infrastructures et d’aménagements qui doivent s’inscrire dès à présent dans une trajectoire 2°C afin de minimiser toute contribution au changement climatique.

 

… à l’adaptation comme nécessité …

 

Les processus de dérèglement climatique étant engagés, les acteurs du cadre bâti doivent dans leurs pratiques, tant de construction, de réhabilitation que d’usage, anticiper les changements qui s’annoncent pour se préparer aux nouvelles conditions de vie qui vont s’imposer à tous.  

Aucun territoire n’est désormais à l’abri, ni de conséquences affectant la vie quotidienne ni d’événements catastrophiques. Il ne s’agit plus uniquement de lutter contre, mais d’apprendre à vivre avec afin de réduire les conséquences et la gravité de leurs impacts sur le cadre bâti, la performance économique et la qualité de vie.

… et à la résilience comme réponse à l’incertitude

Les effets du changement climatique sont déjà à l’œuvre et mettent à l’épreuve nos bâtiments nos infrastructures, et, il apparaît aujourd’hui indispensable de construire et de rénover des bâtiments et des quartiers adaptés au climat auxquels ils seront confrontés. Résilience et adaptation doivent ainsi s’appliquer au neuf comme à l’existant puisque 80 % des bâtiments qui constitueront le cadre bâti de 2050 existent déjà.

Or les phénomènes en cours étant inédits par leur ampleur et leur temporalité, tout n’est pas prévisible et l’environnement futur est loin d’être déterminé.

L’existence d’incertitudes importantes sur les évolutions climatiques conduit à adopter une nouvelle démarche et à engager une réflexion conduisant non pas directement à l’adaptation, mais plutôt au développement d’une aptitude à l’adaptation. 

En même temps qu’elle exige de prendre en compte de nombreuses contraintes (le poids de l’existant, les limites physiques ou économiques, des dépendances intersectorielles, systémiques, territoriales à différentes échelles), l’adaptation conduit à changer de niveau d’analyse, à envisager de multiples scénarios,  mais aussi à éviter toute saturation dans l’emploi des ressources naturelles, et à rétablir une certaine flexibilité, pour gérer un futur incertain c’est-à-dire accroître la résilience environnementale.

 

Crédit photo : Nerea Marti Sesarino on Unsplash

Enjeux de l’adaptation du cadre bâti au changement climatique

Une stratégie de résilience et d’adaptation pour le bâti adresse des enjeux multiples aux décideurs de l’aménagement urbain et de l’acte de bâtir tel que d’assurer la santé et le bien-être des populations, la sécurité des populations et la continuité des services en cas de choc climatique mais aussi limiter les coûts liés à la dégradation du cadre bâti.

 

L’adaptation appliquée au cadre bâti invite à décider autrement et à développer des facultés :

  • en matière d’anticipation d’une part, au regard de l’inertie des bâtiments, des aménagements et des infrastructures et des temps longs des impacts de choix avec la recherche d’actions préventives
  • et en matière de prise de risque et d’acceptabilité de ce dernier d’autre part, compte-tenu du degré d’incertitude (scénarios et modélisations climatiques, cumul et rétroactions des risques, …) avec lequel nous sommes tous contraints à composer.

 

Elle doit inciter à agir à tous les niveaux :

  • à toutes les échelles du cadre bâti, du bâtiment aux infrastructures en passant par la parcelle ou l’opération d’aménagement ;
  • dans le neuf comme pour l’existant selon des stratégies différenciées mais complémentaires
  • d’un point de vue technique autant qu’humain ou financier (solutions constructives, usages, assurances, valeur immobilière)

L’enjeu est aussi de réussir à (re)définir les échelles d’action, d’aménager des solutions de continuité entre les échelles, de créer des coutures entre les territoires. Le changement climatique, par le risque qu’il représente, force une réflexion qui peut révéler et remettre en question la non-durabilité de certains choix organisationnels et techniques. Il doit aussi amener à une attention particulière quant au risque de mal-adaptation.

Un cadre de définition comme contribution pour une vision structurante et un langage commun

 

Le cadre de définition de la résilience et l’adaptation au changement climatique pour le cadre bâti proposé par l’Alliance HQE-GBC s’applique à différentes échelles : du bâtiment à l’aménagement en passant par les infrastructures, et pour toutes typologies d’opérations, neuves, en renouvellement de réhabilitation et même pour l’existant et l’exploitation.

 

Il propose une vision structurante, selon 5 domaines et 15 leviers d’action*, afin d’accompagner les acteurs et leur faciliter la mise en œuvre opérationnelle dans les secteurs de la construction et de l’aménagement. Par ces repères partagés, vocabulaires communs compréhensibles par tous, il doit faciliter la transversalité, transcender les clivages et inciter les différents intervenants (collectivités, aménageurs, promoteurs, …) à travailler ensemble. Depuis l’élu qui fait les choix en matière de planification, jusqu’aux gestionnaires des bâtiments qui participe à la résilience de leur parc immobilier.

Au risque d’en payer le prix fort, nos sociétés ne peuvent pas (ou plus) se permettre d’attendre la survenue d’évènements climatiques graves et répétés. Le cadre bâti figure en première ligne de l’action à prévoir face aux effets du changement climatique. Appliquer des concepts de résilience et d’adaptation qui ne consistent pas uniquement à subir et résister aux aléas climatiques, mais également à les anticiper, à les préparer, à savoir s’en remettre devient absolument incontournable pour les secteurs du bâtiment et de l’aménagement. C’est toute l’intention du cadre de définition proposé par l’Alliance HQE-GBC qui s’adresse à l’ensemble des acteurs impliqués dans la conception, la construction et l’exploitation durables des bâtiments et de la ville de demain pour les accompagner dans leur mise en œuvre de façon plus opérationnelle.

Le cadre sera publié prochainement sur le site de l’Alliance HQE-GBC :  www.hqegbc.org 

Un article signé Alliance HQE-GBC France


Article suivant : Pour des villes plus résilientes : adapter aussi les modèles économiques de l’aménagement

Retour à la page d'accueil du dossier

 

UN DOSSIER RÉALISÉ AVEC LE SOUTIEN DE :

 

Partager :