Démarche ÉcoQuartier : un accompagnement sur-mesure du Cerema pour 15 collectivités 

2089 Dernière modification le 24/11/2022 - 10:15
Démarche ÉcoQuartier : un accompagnement sur-mesure du Cerema pour 15 collectivités 


En 2022, le Cerema renforce son partenariat avec la démarche ÉcoQuartier en proposant d’accompagner pendant 3 ans 15 collectivités candidates au label, sélectionnées par un jury conjoint Ministère de l’Ecologie et Cerema, et porteuses de projets d’aménagement durable. Un projet d’accompagnement qui a l’ambition de s’étendre à un plus grand nombre de bénéficiaires au fil des années. Nous faisons le point ensemble pour en savoir davantage. Entretien avec Anne Vial et Juliette Maître, Directrices de projets Appui aux territoires et Aménagement Durable au Cerema qui pilotent cet accompagnement. 

 
Quels sont les grands principes de la démarche EcoQuartier, dont le Cerema est partenaire ? 

Juliette Maître : Dans la démarche EcoQuartier, nous nous intéressons à des projets opérationnels d’aménagement durable à l’échelle des quartiers. Cela englobe de nombreux sujets : la transition écologique bien sûr, avec l’adaptation au changement climatique, la biodiversité ou encore la sobriété énergétique, mais pas seulement. Nous nous penchons aussi sur des dimensions telles que l’exploitation des ressources du territoire, les modes de faire avec une gouvernance élargie et la participation des citoyens par exemple, la lutte contre l’artificialisation, le bien vivre ensemble, la santé des habitants, le développement économique, les mobilités… Il s’agit pour les porteurs de projet de penser tout cela ensemble.  

Anne Vial : Ces thématiques sont quelques éléments de définition des enjeux de la démarche, issus des 4 dimensions inscrites dans le référentiel EcoQuartier : démarche et processus, cadre de vie et usages, développement territorial, environnement et climat. Au Cerema, notre rôle est d’accompagner les collectivités pour que les projets qu’elles conçoivent au niveau des quartiers répondent à l’ensemble de ces enjeux à travers leur mise en œuvre opérationnelle.  

JM : Chaque projet fixe ses propres ambitions et peut aller plus ou moins loin dans la démarche sur chaque dimension, en fonction de ses ressources par exemple, mais il ne peut négliger l’une des dimensions que nous avons évoquées. C’est impossible, car elles sont interdépendantes et transversales.  

AV : Au Cerema, c’est un engagement de longue date [depuis 2009, ndlr] que nous avons avec le Ministère sur ces sujets et la démarche EcoQuartier, et cela se traduit quand nous organisons des groupes de travail, que nous travaillons sur les indicateurs et l’évaluation, que nous allons à la rencontre des collectivités et que nous expertisons leurs projets.  


Quelle expertise offre le Cerema auprès des collectivités sélectionnées dans la démarche EcoQuartier ? 

AV : Fin 2021, un appel a été passé auprès des partenaires d’EcoQuartier dans le cadre du renouvellement de la démarche et du label. Dans ce cadre-là, le Cerema a proposé une offre d’accompagnement en ingénierie des collectivités qui sont candidates en phase amont et souhaitent aller vers un processus de labellisation. Il s’agit d’un accompagnement sur mesure et dans la durée, du montage du projet à sa livraison opérationnelle, ce qui permet d’en suivre l’évolution. Au Cerema, nous avons la spécificité d’avoir des implantations territoriales et thématiques, ce qui peut nous permettre de faire du sur mesure.  

JM : C’est le principe même d’un accompagnement personnalisé : pour certains projets, le périmètre d’opération n’est même pas encore complètement défini, nous le déterminons ensemble. Les territoires ont de l’ingénierie, mais il est parfois difficile d’enclencher les choses et de définir des priorités : c’est aussi là que nous intervenons.

 

 

L’accompagnement de ces 15 collectivités est l’une de nos activités, mais nous restons en parallèle en veille sur d’autres sujets. Nous venons notamment de sortir un article sur la décarbonation des opérations d’aménagement à la suite d’un atelier-débat que nous avons organisé sur notre communauté Quartiers de Demain (une communauté pour permettre l'émergence de nouvelles pratiques sur l'aménagement urbain pour des quartiers plus sobres, plus résilients, plus inclusifs et plus créatifs à retrouver sur Expertises Territoires).

C’est ce grand écart qui fait notre particularité et que nous voulons conserver : d’un côté, être au plus près du terrain avec les collectivités et les élus sur un projet, tout en restant attentifs aux grandes tendances du secteur en prenant du recul.  


Où en est votre accompagnement de ces collectivités aujourd’hui ?  

AV : Notre accompagnement des 15 collectivités commence tout juste. La sélection s’est effectuée cet été, de nouvelles collectivités ont été ajoutées très récemment à la sélection à la suite d’un AMI sur le tourisme durable, l’exercice va donc être reproduit. Nos collègues sont actuellement en plein travail pour définir les besoins des collectivités et préparer les conventions. Ils s’engagent à les accompagner pendant au moins trois ans. Il est encore difficile de faire un bilan à cette heure-ci.  

Nous pouvons déjà dire que pour certaines collectivités, nous mettrons en place des conseils sur la question de la participation citoyenne et de la co-construction, ce qui représente un énorme enjeu. Cela fait d’ailleurs écho à un pôle participation que nous avons au Cerema, avec des outils tels que la boussole de la participation.  

 
En effet, la participation du public à la conception des projets est au cœur du dispositif, comment s’assurer que ces avis seront bien pris en compte dans le projet final ?  

JM : C’est quelque chose qui se travaille, nous n’avons pas les mêmes processus en fonction des situations. Certains de nos projets se situent dans des cœurs de ville, un tissu déjà constitué avec des habitants. Lorsque nous sommes dans le cas d’une friche industrielle par exemple, il faut composer avec des riverains.  

AV : Notre rôle est d’inciter les collectivités à aller vers plus de participation citoyenne voire de la co-construction. C’est non seulement une tendance, mais aussi une nécessité. Nous avons pu le constater dans certains projets d’aménagement. Ceux qui fonctionnent le mieux sont ceux qui sont coconstruits avec un maximum de partenaires : les citoyens, les associations locales… Tout cela forme une nouvelle gouvernance. Lorsqu’il y a des moments d’échange et de collaboration entre toutes les parties, cela déclenche une meilleure appropriation pour un meilleur cadre de vie final, répondant au mieux aux besoins.  

Dans le cadre de l’accompagnement des 15 collectivités, nous mettons en place des outils de partage pour permettre aux acteurs de se parler et travailler ensemble sur de nouvelles pratiques et des solutions communes.  


Selon vous, toutes les collectivités peuvent-elles prétendre à l’intégration de la démarche EcoQuartier ?  

 

AV : Le seul prérequis est d’avoir un projet avec une intention d’aménagement durable, et une volonté politique de répondre aux 4 dimensions et 20 engagements [cités en question 1, ndlr]. Le reste se construit avec nous. Les contextes peuvent donc être extrêmement différents : rural, urbain, de taille et de programmation très variées.  

JM : Cela comprend notamment les DOM ou encore la Corse, nous ne nous adressons pas uniquement à la France métropolitaine.  

AV : Le label EcoQuartier a aujourd’hui une renommée internationale, et nous diffusons notre expertise et nos principes au-delà des frontières.  

JM : En résumé, le seul vrai prérequis, c’est la volonté politique, car sans cela, on ne fait pas d’aménagement. Ce n’est pas une question d’argent, de taille ou d’ingénierie. Nous avons d’ailleurs sélectionné des projets avec moins d’ingénierie et donc plus de besoins pour pouvoir leur apporter notre aide. A partir du moment où nous sentons une motivation, nous pouvons toujours trouver des solutions d’accompagnement.  

Il est d’ailleurs souvent beaucoup plus facile de mener des concertations citoyennes dans de toutes petites communes plutôt que dans de grandes villes. Le maire y est directement impliqué, et les habitants sont plus accessibles.  


Quels freins à la décarbonation des quartiers identifiez-vous en priorité ?  

AV : Il y a parfois une méconnaissance, parfois une question d’acculturation et de mobilisation. Il faut former les élus et les sensibiliser à ces questions de sobriété, de diminution des GES à l’échelle de l’aménagement, de désimperméabilisation, de réemploi, etc. C’est aussi notre rôle au Cerema, à travers nos actions sur le terrain, mais aussi via nos interventions dans différentes conférences et webinaires et nos publications régulières.  

JM : Il est certain que la question économique compte, mais c’est le cas pour tous les projets aujourd’hui : avoir un projet d’aménagement durable ne coûtera pas forcément plus cher qu’un autre type de projet. Il faut réussir à penser les choses différemment, et pour cela, les penser au plus tôt pour dépenser moins. C’est la correction après coup qui coûte généralement le plus cher. Par exemple, penser l’orientation d’un bâtiment en amont, cela ne coûte rien à part un peu de mobilisation intellectuelle !  


La démarche a pour ambition de s’élargir à de nouvelles collectivités l’année prochaine. Pouvez-vous nous en dire davantage ?  

AV : Nous avons discuté avec le ministère et tous les partenaires de la commission EcoQuartier pour proposer un accompagnement de 15 collectivités pendant 3 ans au départ, puis 15 autres l’année suivante, puis encore 15 autres, pour arriver nous l’espérons à terme sur un rythme de 45 projets à suivre par an. Nous souhaitons accompagner des projets à des stades d’avancement différents et répartis sur toute la France, ce qui nous permettrait de monter en compétences sur tout le territoire. Pour 2023, les modalités de sélection seront sensiblement les mêmes que celles de l’année dernière.  

Cette année, nous avions pour thématique prioritaire les entrées de villes, et nous sommes en train de définir celle de l’année prochaine.  

JM : Les labels EcoQuartiers 2022 seront annoncées le 14 décembre. Une cinquantaine de projets ont candidaté cette année à différentes étapes de labellisation.

 
 
Propos recueillis par Amandine Martinet pour Construction21

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