[Livre blanc R-evolution] Croiser théorie et pratique

Rédigé par

Magali HOULLIER

Responsable communication

2511 Dernière modification le 30/07/2020 - 10:30
[Livre blanc R-evolution] Croiser théorie et pratique

Les bénéfices de l’apprentissage par l’expérimentation ne sont plus à prouver. L’expérience sert de base à la réflexion, au raisonnement et à la mémorisation des informations mais aussi de support à l’action concrète.

Le secteur du bâtiment est particulièrement bien adapté à ce type de pédagogie, que ce soit en formation initiale ou continue. Les professionnels du secteur de la formation mais aussi, et surtout les professionnels de terrain ne s’y sont pas trompés et ont mis au point de nouvelles formations aux technologies high-tech et low-tech, qui pour ces dernières, malgré leur simplicité apparente, requièrent également une grande technicité souvent méconnue ou disparue. C’est l’exemple de Raphaël FOURQUEMIN, architecte et administrateur de l’Association IDRE (Interprofessionnelle de la Déconstruction et du Ré-Emploi) qui propose des formations à la déconstruction et au réemploi notamment au travers de chantiers expérimentaux.

« Générer du savoir et du savoir-faire que l’on puisse transmettre aux professionnels. On démonte des bâtiments en expérimentant toutes les techniques possibles, en monitorant tout ça le plus possible, avec des photos, des vidéos, des prises de note sur l’entité, les cavités, les temps passés, les coûts de matière en équivalent neuf, les prix de revente potentiels, ce qu’on arrive à valider à travers la revente de ce qui sort de nos chantiers... Ces chantiers expérimentaux nous permettent ainsi de générer du savoir-faire et du savoir, que l’on rediffuse au travers de sensibilisation, des petites interventions courtes aux formations plus poussées allant d’une journée à trois semaines »

Raphaël FOURQUEMIN, Architecte et co-fondateur de l’Association IDRE

Formation Pro-Paille

Au cours de son dernier chantier-formation, l’association IDRE a formé une quinzaine de professionnels au démontage intégral d’un petit bâtiment de 80m2. « La formation était essentiellement pratique, sur site, mais durant ces 3 semaines de chantier, nous avons distillé petit à petit la théorie : à chaque fois qu’on arrivait sur un point particulier, nous faisions un focus théorique qui permettait de pousser plus loin la connaissance ».

Un savant équilibre théorie/pratique qui devient le cœur des nouveaux modes d’apprentissage comme le confirme Nicolas RABUEL, chef de projet Structuration de la Filière Construction Paille chez ODEYS, responsable de la formation Pro-Paille destinée à tous les acteurs de la filière (architectes, bureaux de contrôle, bureaux d’étude, constructeurs, enseignants). La formation Pro- Paille est composée à 60% de partie théorique sur les aspects techniques de la construction, les différentes ossatures, les éléments singuliers, la physique du bâtiment, la communication, et à 40% de pratique où l’on apprend à déplacer une botte, la redimensionner, la caractériser, la mettre dans une ossature, y poser un enduit, un support d’accroche, la gestion des interfaces, etc... Cette formation se conclue par un examen écrit qu’il faut réussir pour être certifié Pro-Paille.

Quand l’expérimentation ne se fait pas ou ne peut se faire in situ, d’autres initiatives prennent forme depuis plusieurs années. Hackerspace, makerspace,fablab...sontaucœurdecerenouveau. Ces fabriques à idées et lieux de partage dénotent d’un réel changement d’état d’esprit « pratiquer pour apprendre » qui se développe à la fois dans les pépinières, incubateurs, tiers-lieu, mais aussi au sein même des écoles avec par exemple le makerspace de l’Ecole des Ponts Paris Tech (ENPC).

« Ce qui est particulièrement intéressant dans l’environnement de l’ENPC c’est notre grande variété de moyens de fabrication. Nous avons 12 laboratoires de recherche (mathématique, gestion de l’eau, des territoires, des transports, de structures et de matériaux) et 16 masters spécialisés ainsi qu’une convention de partenariat avec l’École d’architecture de la ville & des territoires (ENSAP) de Marne la Vallée avec qui nous partageons nos moyens. C’est donc une grande diversité de pratiques qui se regroupent au sein de notre makerspace qui regroupe des moyens de fabrication numérique, de découpe laser et d’autres outils relativement classiques mais qui ont cette particularité d’articuler le numérique avec la fabrication notamment la fonderie ou la céramique »

Adrien RIGOBELLO président-fondateur de l’ONG thr34d5 médialab et responsable académique du mastère spécialisé Design by Data à l’ENPC et du makerspace.

« Le makerspace permet à mes étudiants de challenger leurs idées, mutualiser les compétences, de faire des tests et de produire des innovations qui pourront réellement être mise en œuvre. [...] Ce qui m’intéresse – poursuit-il - ce sont les discussions qui se créent entre le matériel, l’artisanat et le numérique, les compétences de code, des compétences transférables, systémiques. On peut avoir un transfert de technologies, d’approches et du coup , la question devient alors : comment retranscrire cela sur la matière ? Comment combiner l’intelligence du cerveau et l’intelligence de la main ? »

De gauche à droite, Adrien RIGOBELLO, Elodie MORAUD, Nicolas RABUEL Raphaël FOURQUEMIN Sophie BRINDEL-BETH, Vincent LEFORT

 

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