Coût social du bruit en France : 57 milliards d’euros par an

Rédigé par

René GAMBA

Consultant

2760 Dernière modification le 16/10/2017 - 10:59
Coût social du bruit en France : 57 milliards d’euros par an

Une étude présentée le 14 juin 2016 au Conseil national du bruit (CNB), évalue à plus de 57 milliards d’euros par an le coût social du bruit en France. En compilant et analysant les données disponibles, l’étude copilotée par l’Ademe et le CNB, et réalisée par E&Y révèle que plus de 25 millions de personnes en France sont affectées significativement par le bruit des transports, dont 9 millions exposés à des niveaux critiques pour leur santé. Outre le bruit des transports, l’exposition au bruit en milieu professionnel, en milieu scolaire, ou encore les bruits de voisinage sont également responsables des coûts estimés. Des pistes d’actions sont envisageables à court terme et à moindre coût.

Méthodologie

En septembre 2013, le CNB a inscrit dans son programme de travail “l’approche économique du bruit” et notamment l’évaluation des coûts induits par le bruit. L’étude confiée à E&Y par l’Ademe et le CNB, s’inscrit dans le cadre de ces travaux, et a pour objectif de consolider et d’améliorer les connaissances des décideurs publics et privés sur les conséquences financières directes et indirectes de l’exposition au bruit. La méthodologie de cette étude repose sur une analyse critique des travaux disponibles à l’échelle française et européenne : études scientifiques, études technico-économiques, enquêtes et sondages auprès des populations, articles de presse… A partir de cette base, une description des coûts sociaux directs et indirects des principales sources de nuisances sonores (transport, voisinage, milieu professionnel) a été établie, puis une traduction économique de chaque poste de coût lorsque les données disponibles le permettent. 

25 millions de personnes en France sont affectées significativement par le bruit des transports,
dont 9 millions exposés à des niveaux critiques pour leur santé

Etude CNB

Transports... mais aussi travail, voisinage...

Ainsi, il apparaît que le coût induit par le bruit des transports est évalué à 20,6 milliards d’euros par an, ne prenant en compte que l’exposition des personnes à leur domicile, et considérant les impacts en matière de troubles du sommeil, de gêne, de risques cardiovasculaires accrus, de pertes de valeurs immobilières, de pertes de productivité et de troubles de l’apprentissage. Avec un coût de 19,2 milliards d’euros par an, l’exposition au bruit en milieu professionnel est aussi un problème dé- noncé par près des deux tiers des Français.

Les conséquences vont de la surdité professionnelle, à l’accident du travail, sans oublier la perte de productivité qui est à l’origine du coût le plus élevé (18 milliards d’euros par an). Les bruits de voisinage sont un phénomène consé- quent dénoncé dans tous les sondages, mais dont le coût social n’avait, jusqu’alors, pas été mesuré. Son évaluation conduit à 11,5 milliards d’euros par an, en ne considérant que la gêne, les troubles du sommeil et les autres impacts sanitaires pour les individus exposés, mais pas la perte de valeur immobilière. Au-delà de ces effets, les nuisances sonores du voisinage peuvent avoir des conséquences sur les incivilités et les conflits de voisinage.

Apprentissage perturbé et décrochage scolaire

Dernier poste chiffré dans l’étude, les troubles d’apprentissage et les décrochements scolaires attribuables au bruit, soit 6,3 milliards d’euros par an. La simple évaluation monétaire ne rend pas compte des conséquences du bruit sur les inégalités sociales.

Hôpital, loisirs, …

Enfin, ces résultats ne traduisent que partiellement les coûts sociaux du bruit, le bruit à l’hôpital, dans les moyens de transport ou lors des loisirs par exemple n’étant pas pris en compte. L’étude fournit des éléments nécessaires à de premières comparaisons du coût financier des mesures d’atténuation du bruit connues et éprouvées (par exemple, revêtements routiers phoniques, murs anti-bruit, isolement de façade, traitement acoustique des bâtiments scolaires, d’habitation, ou de santé…) et des bénéfices sociaux qui pourraient en découler (ex. diminution de la gêne et des troubles du sommeil liés au bruit des transports). Les résultats de cette étude méritent ainsi d’être mis en perspective avec ceux, d’une autre étude réalisée par Beauvais Consultants pour l’Ademe, concernant le financement du traitement des points noirs du bruit routier, pour un coût total évalué à 6 milliards d’euros et pouvant être étalé sur dix ou vingt ans.

René Gamba, président de la Commission Technique du CNB

Article publié sur Environnement & Technique
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