COP27, J+4 : temps forts, grands enjeux et chiffres-clés

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

1965 Dernière modification le 14/12/2022 - 17:00
COP27, J+4 : temps forts, grands enjeux et chiffres-clés

La Conférence de Charm el-Cheikh de 2022 sur les changements climatiques, dite COP27, a débuté dimanche 6 novembre pour une durée de deux semaines. Quels sont les grands sujets qui devront être tranchés au cours de cet événement dont il est parfois difficile de saisir les tenants et aboutissants ? Focus quelques jours après le début de cette réunion au sommet.

 

La dichotomie Nord/Sud en toile de fond


Nul besoin de préciser qu’il existe des disparités entre les 196 nations participantes à la COP. Ce constat est aussi vrai sous le prisme du climat. Aussi, cette année et plus que jamais, la question de la responsabilité et de la dette qu’ont les pays développés envers les autres est mise sur le devant de la scène. Le constat peut être simplifié de la sorte : ceux qui ont des moyens moindres paient pour les émissions de gaz à effet de serre des plus riches. 


On remarque ainsi que les pays les plus pollueurs de la planète sont loin d’être les plus nécessitants économiquement parlant. Parmi le top 10 des grands émetteurs de CO2*, on compte donc par exemple la Chine, les États-Unis, la Russie ou encore l’Allemagne. Dans le bas du classement en revanche, on retrouve des pays tels que Djibouti, la Somalie, la Gambie… Tous figurant dans la liste des pays les moins avancés (PMA) du monde. Plus largement, comme le rappelle un article de France info, depuis le début de la révolution industrielle, l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Australie sont responsables de 63% des émissions de CO2, contre 3% pour le continent africain**. 


La question se pose donc depuis plusieurs COP d’instaurer une forme de compensation financière de la part des pays du Nord pour ceux du Sud pour les « Pertes et dommages » (terme donné au fonds dédié) causés. Proposition rejetée à l’issue de la COP26 à Glasgow, mais depuis acceptée par plusieurs pays : l’Ecosse, la Belgique et le Danemark. La COP27 permettra-t-elle d’aboutir à un accord plus large sur le sujet ?  C’est en tout cas la première fois que cette question a été mise à l’agenda des négociations officielles de cette réunion au sommet. 


*Source : BP Statistical Review of World Energy 2021
**Source : plateforme Our World in Data

 

Ce qu’a dit Emmanuel Macron à Charm el-Cheikh 


Le président français était en Egypte lundi 7 novembre, avec au programme une rencontre sur place avec onze jeunes français et africains « sélectionnés » pour leur engagement sur les questions climatiques. Lors de cet échange, le chef d’État a affirmé que les membres de l’Union européenne étaient « les seuls à payer » pour la fameuse dette climatique que nous avons évoquée, et qu’il souhaitait « mettre la pression sur les pays riches non européens » — sous-entendu, les Etats-Unis et la Chine — pour qu’ils prennent eux aussi leur part dans ces Pertes et dommages. 


Puis, lors de son discours prononcé aux alentours de 16h30, Emmanuel Macron a affirmé que la France allait investir 1 milliard d’euros à destination de plusieurs pays moins développés, l’Afrique du Sud en premier lieu, puis éventuellement l’Inde, l’Indonésie et le Sénégal. Il a également annoncé la création d’un « groupe de sages » pour étudier la question de financements innovants pour le climat avec des organismes tels que le FMI, la Banque mondiale ou l’OCDE, avec pour finalité des proposition concrètes de leur part d’ici le printemps prochain : entre autres solutions évoquées par Emmanuel Macron, la possibilité de suspendre la dette d’un pays touché par une catastrophe climatique et la création de « nouvelles capacités de prêts » en prenant en compte « la vulnérabilité climatique » des Etats. 


En parallèle, le président a également déclaré qu’il souhaitait mettre « un coup d'arrêt à l'exploitation minière des fonds en haute mer » dans le but de protéger les écosystèmes océaniques, mais aussi instaurer des « contrats politiques et financiers » avec certains pays pour les aider à protéger leurs écosystèmes fragiles (les mangroves ou les zones humides, par exemple). 

 

« L’autoroute de l’enfer climatique avec un pied sur l’accélérateur »


Ce sont les termes employés par le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres lors d’un discours coup de poing du 7 novembre (première séance plénière officielle de la COP27), pour décrire la situation mondiale actuelle. Et d’ajouter : « L'humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s'agit soit d'un pacte de solidarité climatique, soit d'un pacte de suicide collectif ». Le « pacte » en question concerne entre autres, et là encore, un engagement à prendre de la part des pays du Nord pour aider ceux du Sud à faire face aux bouleversements climatiques actuels et à venir. 

 

Nos chiffres-clés de la COP27 

 

  • 27ème COP
  • 13 jours
  • 196 pays participants 
  • Plus de 110 dirigeants sur place 
  • 1 absent particulièrement remarqué : Xi Jinping, le président chinois
  • 35 000 participants environ chaque année
  • 2.400 Mds de $ / an d'ici 2030 nécessités par les pays du Sud pour financer leur action climatique
  • 100 Mds de $ annuels promis par les pays développés pour les plus vulnérables en 2009 (COP15), mais non tenus 
  • 15.000 décès en Europe directement liés aux vagues de chaleur de l’été 2022 selon l’OMS
  • +2°C voire +1,5°C, la limite de réchauffement climatique que les Etats signataires lors de la COP15 sont actuellement engagés à ne pas dépasser
  • Entre +2,5 et +2,9°C d’ici la fin du siècle prévus par le groupe de recherche Climate Action Tracker
  • 23 pays sur 193 ont soumis leur plan climatique à l’ONU

 

Article rédigé par Amandine Martinet pour Construction21

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