Construction et filière bois, un matériau en question

Rédigé par

Joris Gaudion

AMO chef de projet senior

754 Dernière modification le 09/07/2021 - 10:23
Construction et filière bois, un matériau en question

Quelles sont les opportunités offertes par la construction bois ? Pouvons-nous considérer le bois comme le matériau de la ville durable de demain ?

La filière bois permet de construire des bâtiments bas-carbone, indispensables pour la transition écologique de nos territoires. Grâce aux progrès techniques, aux évolutions de réglementation, à l’amélioration de sa perception, la filière et la construction bois sont en train de changer d’échelle et tendent à s’imposer sur les chantiers. cette situation est une opportunité pour nos territoires afin de dynamiser certaines filières et faire valoir certains savoir-faire locaux. Cependant, cet essor est récent et les mailles de cette filière ne sont pas encore solides. Certaines questions persistent concernant la durabilité de ces constructions qui doivent s’appuyer sur une filière viable et responsable écologiquement parlant. Un équilibre, un modèle et des dynamiques restent encore à trouver et pérenniser par les acteurs locaux et les territoires.


Le bois, un matériau d'actualité

La filière bois, un pas vers le développement durable ?

Les atouts du bois sont indéniables. Parmi ces derniers, la capacité des arbres à fixer le CO2 permet  de contribuer à la diminution de rejet de gaz à effet de serre. C’est donc une ressource renouvelable qui semble être une clé du développement durable – tant que la filière ne pratique pas une production extensive.
Les opportunités de développement de la filière bois sont ainsi présentes sur le territoire. La France possède le 3ème stock en volume de bois sur pied en Europe, avec des forêts notables comme celle des Landes de Gascogne en Aquitaine étendue sur plus d’1 million d’hectares. Cependant malgré cette forte présence de la ressource sur les territoires, il faut noter que la France fait partie des pays européens qui consomment le moins de bois par habitant, une filière et une demande qui reste à développer.

Malgré cela, la qualité écologique du bois est souvent remise en question. Ces incertitudes persistent concernant la définition des critères, des seuils de renouvelabilité et de soutenabilité des exploitations de bois. De même, la capacité des forêts cultivées à remplacer les fonctions écologiques des forêts primaires semble ne pas être aussi performantes notamment concernant la capacité à stocker le dioxyde de carbone.

Le bois, matériau roi pour la fabrique de la ville de demain ?

Grâce aux progrès techniques, aux évolutions de réglementation et à l’amélioration de sa perception, la filière et la construction bois sont en train de changer d’échelle et tendent à s’imposer de plus en plus sur les chantiers. 

En effet, les règlements se modifient pour dynamiser cette filière qui est présentée comme indispensable pour une transition écologique et énergétique rapide et réussie. C’est dans ce cadre que plusieurs acteurs indiquent l’importance de mesures concernant la traçabilité du bois pour éviter toutes dérives, et rester dans une dynamique de filières locales. En outre, parler d’éco-conditionnalité et non simplement de bois permet d’éviter de potentielles dérives.

Ce matériau constitue une offre alternative attractive pour la fabrique de la ville – et notamment pour ses qualités modulaires et thermiques. C’est ainsi qu’aujourd’hui, on peut retrouver du bois dans des mégaprojets, comme symbole de la transition écologique et énergétique.

Exemple : Jeux Olympiques de Tokyo et superstructure en bois : le stade olympique de Kengo Kuma

Le projet du stade est né de l’imagination de l’architecte japonais, Kengo Kuma, qui s’est attaché à favoriser l’emploi de matériaux locaux comme le cèdre. La volonté de ce projet est double : s’inscrire à la fois dans les savoir-faire et traditions locales mais aussi dans le développement durable. C’est ainsi près de 2000 mètres cubes de bois de cèdre qui ont été acheminés de tout le Japon.

 

Pour aller plus loin : Espaces urbains, espaces publics: lieux de vie de tous les possibles


Un équilibrage à trouver pour les construction de demain

Énergie grise et bois international, une filière qui doit se structurer

Bien que les constructions bois soient présentées comme un pas vers le développement durable, les risques écologiques et les risques liés à ce matériau et cette filière sont souvent omis. 

“Atteindre une performance environnementale pour un bâtiment ne peut se faire qu’en associant intelligemment des produits de construction aux caractéristiques techniques et environnementales bien identifiées, à l’aide de procédés bien maîtrisés”

Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (ADEME)

Par exemple, en réfléchissant en termes de cycles de vie et de provenance des matériaux, la construction bois n’est aujourd’hui pas neutre au niveau de son bilan carbone. Analyser l’énergie grise produite permet de s’informer réellement sur l’impact écologique de telle ou telle construction. Il s’agit de mesurer « la somme totale de l’énergie nécessaire à assurer l’élaboration d’un produit, et ceci de l’extraction du/des matériau(x) brut(s), en passant par le traitement, la transformation, la mise en œuvre du produit, jusqu’aux transports successifs qu’aura nécessité la mise en œuvre. Sont également inclues les dépenses énergétiques des matériels et engins ayant contribué à son élaboration » – pour reprendre la définition d’Erik Niemann, chargé de mission auprès de la MGC/DRAST.

C’est ainsi qu’il est possible de se rendre compte que la majorité des scieries françaises ne sont pas encore en capacité de garantir de telles livraisons pour les chantiers, et que les modules viennent plus souvent de l’international que du local. Dans ce cadre d’importation, l’ADEME, dans son guide sectoriel sur les travaux publics datant de 2015, estime « l’impact CO2 lié à la fabrication d’une tonne de bois à 147 kgCO2, une tonne de béton à 138 kgCO2 et une tonne d’acier à 3190 kgCO2 » . Du progrès reste donc à faire, cependant il faut également tenir compte du fait que les bâtiments en bois sont deux fois plus légers que les bâtiments en béton.

Bois et cyle de vie, une équation qui n’est pas si simple

Le bois, pour garantir de bonnes performances énergétiques, doit aussi subir certains traitements chimiques indispensables, plus ou moins propres écologiquement parlant. Cependant, ces modules de bois traités – souvent des panneaux extérieurs – ne peuvent pas être recyclés ou valorisés comme déchets. Cela nuit donc profondément à la virtuosité du cycle de vie de ce matériau.

Selon la réglementation en vigueur, ces matériaux doivent suivre la filière des produits dangereux et sont incinérés dans des installations spéciales pour éviter les risques d’émissions trop importantes. De même qu’il ne faut pas oublier selon le FDES Bois que, « un mètre cube de bois rejette une tonne de CO2, soit la même quantité de CO2 qu’il a absorbé durant sa croissance » – des transformations et des cycles de vie à étudier donc.

Le bois a sans aucun doute sa place en construction, mais n’est pas encore la solution miracle. La filière reste à développer pour tirer pleinement partie des opportunités locales, tant en termes de développement que d’éco-responsabilité, sur nos territoires

Par cette accessibilité et cette attractivité, les réseaux créés sont donc stimulés et élargis, capitalisant sur les flux qui traversent le territoire. Ce sont des véritables écosystèmes en perpétuel renouvellement qui peuvent ainsi se développer.

 

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