Concevoir pour la résilience

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854 Dernière modification le 30/06/2020 - 10:21
Concevoir pour la résilience

Il ne fait aucun doute qu’après des mois d’isolement prolongé et d’éloignement, nous commençons à ressentir le désir de retrouver des liens sociaux. Beaucoup d’entre nous sont impatients de retourner au bureau simplement pour interagir avec ceux que nous voyions presque tous les jours.

La réalité, est que beaucoup d’entre nous doivent et veulent retourner au travail, ce qui signifie que les espaces de travail doivent s’adapter — et rapidement.

Nos environnements de travail seront différents de ce qu’ils étaient auparavant. © 2013 Y.K. Cheung Photography

Mais comment intégrer la santé et le bien-être ?  Et quelle est notre responsabilité de créer ce sentiment de sécurité physique et psychologique dans les intérieurs maintenant et dans l’avenir?

J’ai déjà dit que les designers et architectes sont les meilleurs pour résoudre ces problèmes.  Je prédis qu’en réponse à ce qui se passe aujourd’hui, nous commencerons à voir des designers utiliser la résilience comme modèle dans la construction des bâtiments.

Stratégies de conception à court terme et à long terme

En ce moment, les entreprises prennent des décisions à court terme sur leurs environnements de travail tout en repoussant le long terme. Cependant, il est toujours important pour les designers d’équilibrer ces deux besoins, et je pense que nous trouverons que les solutions flexibles et adaptables seront les plus efficaces pour l’avenir.

Flexibilité

La première question que vous ou vos clients devriez vous poser est la suivante : « Quels sont vos plans pour retourner au bureau? »

Les grands espaces en open space sont mûrs pour un réarrangement dans des configurations plus flexibles, surtout lorsqu’il y a un besoin évident d’éloignement physique entre les espaces de travail. ©2016 Darris Lee Harris Photography

La modularité (dans les meubles, dans les planchers) permet une flexibilité dans les espaces, ce qui sera essentiel dans les bureaux post-COVID. Photo: Eric Laignel & Weston Colton

En fin de compte, il n’y a pas de « look » qui définit un espace résilient. © 2017 Kris Decker & Firewater

Selon un certain nombre de facteurs — budget, emplacement, lignes directrices en matière de santé publique, type d’entreprise, culture de travail, niveau de confort personnel — le retour au travail sera différent pour chacun d’entre nous. En même temps, notre approche des espaces de travail et des espaces éducatifs devra tenir compte de la possibilité très réelle d’une deuxième vague de COVID-19.  Donc, dans nos efforts pour « revenir en arrière », nous devons aussi prévoir la nécessité de « reculer ».

Bref, rien n’est permanent.

Ce qui signifie que toutes les solutions mises en place dans les espaces doivent être faciles, rapides et à faible coût. Des stratégies de design flexibles pourraient tirer parti des sols modulaires pour apporter des changements efficaces et simples; par exemple, remplacer de façon sélective certaines dalles pour faciliter la distanciation physique ou pour orienter les circulations. La flexibilité exige d’aborder la sécurité parallèlement à la simplicité de mise en oeuvre.

Adaptabilité

La flexibilité est nécessaire à court terme mais l’impact de la COVID-19 exigera plus que cela. Les changements que nous verrons sur le plan du design pourraient ne pas se produire avant un certain temps et, dans bien des cas, seront imprévisibles. De ce fait, l’adaptabilité deviendra plus importante pour les bâtiments et les espaces qui s’y trouvent.

L’adaptabilité exige la capacité de s’adapter à des changements importants au cours de la vie d’un bâtiment en réponse à son environnement social, économique et physique. L’adaptabilité répond également aux besoins en constante évolution des occupants de ces bâtiments.

Ainsi, concevoir des espaces adaptables est un exercice qui doit prendre en compte le présent et l’avenir. Tout comme la nature, l’architecture des espaces n’a pas besoin d’être parfaite, elle doit simplement pouvoir changer en fonction de nouvelles informations, c’est-à-dire de ce qui se passe dans le monde et comment cela affecte les gens qui utilisent les espaces. Rester à l’écoute de ces facteurs internes et externes est l’essence même de l’adaptabilité.

Les espaces flexibles et semi-permanents permettent non seulement de garantir la distanciation physique mais aussi de créer un sentiment de sécurité psychologique. © Jasper Sanidad

Vers la résilience

Les pandémies ont toujours changé l’architecture et le design; la COVID-19 aura également un impact historique. Il se trouve que cela se produit à un moment où tout le monde est plus que jamais connecté et conscient de l’impact à l’échelle mondiale. Et même si la COVID-19 est peut-être une priorité pour les designers à l’heure actuelle, il est important que nos solutions ne soient pas trop normatives, sinon elles risquent de paraître désuètes en quelques années. C’est pourquoi la résilience réapparaît comme un impératif de conception – l’accent mis sur le bien-être, la sécurité et la santé est approprié pour cette période.

La planification de la résilience doit se penser en fonction de l’entreprise, de sa culture, de son budget et de sa vision unique.  En fin de compte, les espaces résilients doivent être en mesure de répondre à n’importe quelle réalité, mais à l’heure actuelle, il n’y a pas de modèle de conception universel pour ce à quoi ces espaces doivent ressembler.

Notre compréhension du bien-être s’approfondit et devient plus collective. L’espace de travail partagé devra donc faire l’objet d’une évaluation critique de la façon dont il soutient le mieux ceux qui l’utilisent, non seulement pour la productivité, mais aussi pour la sécurité et le bien-être.  Les designers savent déjà créer de beaux espaces, et dans un monde post-COVID, ils pourront et devront aussi concevoir des espaces sains.

 

Ndla: Cet article a été écrit en collaboration avec Sonya Lehner. Image de tête © Macbeth Studio.

 

 

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