#6 - Concevoir des façades à l’aube de l’évaluation carbone de la RE2020

Rédigé par

Arnaud Clavreul

Ingénieur

3445 Dernière modification le 16/06/2022 - 12:00
#6 - Concevoir des façades à l’aube de l’évaluation carbone de la RE2020

L'architecture a régulièrement évolué aux grés des différentes évolutions réglementaires (réglementations thermiques successives, règles incendies) mais au cours de la décennie 2022 – 2031, la prise en compte de l’impact carbone des matériaux de construction va bouleverser les pratiques architecturales et orienter les nouvelles générations de concepteurs et constructeurs. Les futurs outils d’aide à la conception pour relever ces défis sont actuellement en construction. Fort de plusieurs années de recherches sur l’Analyse du Cycle de Vie des façades et de son engagement dans les récents travaux du « Brief Façade » du Hub des Prescripteurs Bas-Carbone Arcora livre son analyse des évolutions en cours dans le domaine.

Les façades, menuiseries extérieures et bardages représentent environ 17 % de l’impact carbone en moyenne des immeubles de bureau. En vue de l’évolution des seuils d’impact carbone « Ic construction » à venir dans les prochaines années, la réduction d’impact sur le réchauffement climatique de chaque lot s’annonce colossale.


“Ic construction” : un nouvel indicateur réglementaire fondamental

L’implication des filières industrielles du bâtiment dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) au travers de la RE2020 a conduit à la création de catalogues de solutions constructives aux données environnementales renseignées. La RE2020 permet ainsi de mettre en lumière des modes constructifs plus vertueux et en phase avec les objectifs nationaux de réduction d’émission de gaz à effet de serre.

L'évaluation de l’impact environnemental des produits de construction au travers des FDES se démocratise, et de nombreuses actions de réduction d’impact sont lancées pour des produits moins carbonés On peut notamment citer l’intégration et la promotion du recyclage, l’amélioration de l'efficacité énergétique des appareils de production, une meilleure prise en compte de la fin de vie des produits. Des différenciations selon le critère carbone commencent à s’observer entre produits équivalents de différentes marques.

Pour autant la diversité architecturale ne saurait être réduite à une conception sur catalogue. La donnée environnementale doit être au service d’une conception réfléchie et partagée par l’ensemble des acteurs de l’acte de construire.

Des données environnementales paramétrables pour une conception moins carbonée

Cette donnée doit donc être compréhensible de tous et adaptable aux projets dans leur diversité sans quoi l’évaluation carbone réglementaire s’éloignerait des objectifs initialement fixés. En effet, les biais de l’évaluation carbone des produits de construction peuvent être multiples :

  • Précision - La donnée environnementale que j’utilise est-elle assez précise ?
  • Exactitude - La donnée environnementale utilisée correspond-elle bien à mon projet ?
  • Complétude - La description de mon projet est-elle complète ?

Convaincu de l’intérêt d’élargir sa vision multicritère pour parfaire son approche, le bureau d'ingénierie Arcora développe depuis plusieurs années une expertise d’évaluation de l’impact environnemental de ses ouvrages afin de lever ces biais. Ce travail de recherche porte sur les méthodes d’analyse et de quantification de l’impact carbone, sur l’évaluation de sa sensibilité aux différents matériaux et systèmes qui composent la façade et enfin sur les leviers de réduction.

Une connaissance approfondie des impacts carbone de chaque matériau est la clé pour identifier les impacts majeurs sur le climat de nos conceptions. Dans le cas du verre par exemple, l’épaisseur d’un vitrage et les différentes transformations (assemblage en double vitrage, feuilletage, etc.) vont influencer directement son impact sur le réchauffement climatique.

Concernant l’aluminium, la provenance des billettes d’aluminium nécessaires à la fabrication des profilés de menuiserie influence directement la pertinence ou non d’une façade en mur-rideau. L’impact sur le réchauffement climatique de ce matériau varie énormément en fonction du mix énergétique de chaque pays producteur, ainsi qu’à l’intégration ou non d’aluminium recyclé dans la production. Définir précisément la provenance et le taux de recyclage des matériaux prescrits permettra à l’avenir d’améliorer la précision des données environnementales de nos conceptions.

Le ratio de clair de vitrage, la nature de l’habillage et de l’isolant des parties opaques, le type de protection solaire sont autant de facteurs clés de conception qui doivent être intégrés lors de la définition d’une façade peu carbonée. Ce nouveau critère carbone vient aussi en complément des indicateurs d’analyse courants des façades comme la performance thermique ou solaire, et l’adéquation aux usages des occupants.

Le bureau d’ingénierie Arcora s’est ainsi doté d'un configurateur d'évaluation du poids carbone, qui permet une visualisation 3D de la trame de façade étudiée, et la décomposition par élément de son poids carbone. Cette évaluation est paramétrable par le choix de différents modes constructifs, de différentes trames avec des dimensions variables, des menuiseries de nature variée. Les définitions précises de la nature de vitrage, de la partie opaque ainsi que des protections solaires sont intégrées à cet outil en ligne.

Ce configurateur intitulé "Ecale" sera accessible en ligne à horizon de l'été 2022 pour sensibiliser l’ensemble des acteurs de la construction sur les enjeux de l’Impact Carbone des façades. Ces développements sont réalisés avec le soutien du programme d’intrapreneuriat « IN3 » du groupe Ingérop.

Par Arnaud Clavreul et l’équipe Arcora, filiale du groupe Ingérop


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