Comment la fête des voisins valorise le rôle du syndic de copropriété ?
À quelques jours de la nouvelle saison de la Fête des Voisins le 2 juin 2023, Atanase Périfan, son dynamique créateur, souligne les très nombreux atouts de cet événement pour les syndics de copropriété. Rencontre.
« Se parler, échanger entre voisins, cela permet de mieux faire respirer la copropriété pour les décisions les plus lourdes »
Comment se présente cette nouvelle édition de la Fête des Voisins ?
Ce 2 juin marque le lancement de la 24ème saison de la Fête des Voisins. Nous attendons cette année dix millions de participants pour retrouver la jauge de nos périodes normales d’avant la pandémie, en 2019. Cinquante pays dans le monde vont célébrer cette fête, ce qui en fait le premier rendez-vous citoyen sur la planète.
Quel était l’objectif initial, lorsque vous avez lancé la première édition en 1999 ?
A l’époque, j’étais de permanence en mairie, dans le XVIIème arrondissement de Paris. J’ai été appelé sur le cas d’une personne âgée décédée depuis quatre mois dans son appartement. Ce fut à la fois un choc et un déclic. J’ai trouvé hallucinant que cette dame n’existe plus pour personne. Je me suis alors demandé comment faire pour trouver un prétexte pour que les gens se parlent et accélérer les rencontres au sein des copropriétés. En somme, cette Fête des Voisins[HD1] agit comme le pendant de l’assemblée générale organisée par les syndics. L’assemblée générale constitue un moment de travail, également de rencontre, mais sur des sujets principalement matériels. La Fête des Voisins contrebalance cela par un moment festif. Il faut évidemment régler les problèmes de copropriété, mais on ne peut pas tout faire au même moment. L’idée consiste donc tout simplement à créer du lien social, que les gens aient envie de se rencontrer, de partager, d’échanger. Il est important que les gens se parlent et s’écoutent.
Les syndics de copropriété se prêtent-ils à la fête ?
Je me suis demandé dès l’origine comment les syndics pouvaient s’approprier cette démarche pour montrer aux propriétaires et aux locataires que leur métier ne se contente pas à ce que les cages d’escalier soient propres et que les ascenseurs fonctionnent. S’ils ne sont que prestataires de services, ils risquent de devenir des services clients qui vont recevoir des plaintes toute la journée. Les syndics, avec les gardiens, ont d’ailleurs été les premiers relais naturels de cette Fête des Voisins. Et nous avons impliqué à la fois le logement privé et le logement public. Il y a des milliers de syndics qui proposent à leurs immeubles de l’organiser et qui y participent. Par exemple, cette année, notre partenaire officiel est Century 21.
Quels sont les atouts de cet événement pour les syndics ?
Par expérience, je sais que les syndics sont des gens profondément humains, or il existe une vraie injustice à l’égard de leur métier, qui se trouve parfois mal perçu. Grâce à la Fête des Voisins, ils changent de posture et ne sont plus perçus uniquement sur le plan matériel. Platon avait une belle phrase : « Ce ne sont pas les murs mais les hommes qui font la force des remparts ». Autrement dit, ce sont ses habitants qui font l’âme d’un immeuble. Une relation de voisinage peut être aussi bien l’enfer que géniale. Cette Fête des Voisins consiste précisément à faire du lieu d’habitation un lieu de communauté de vie, d’entraide, de convivialité, de solidarité. En réalité, nous avons tous intérêt à avoir de bonnes relations de voisinage : ça change la vie.
Estimez-vous que les syndics de copropriété s’approprient suffisamment cette Fête des Voisins ?
La crise du Covid a mis un frein à la relation au sein des immeubles. Les syndics ont géré la crise comme les autres, ce qui n’a pas été simple. Les assemblées générales ont eu lieu en visio, voire annulées. Il faut réhumaniser la relation entre le syndic, le conseil syndical et les habitants. D’une part, cela va valoriser le rôle du syndic, rappeler son côté humain. D’autre part, je constate aujourd’hui une quête de sens chez les Français, une souffrance relationnelle : avec le vieillissement de la population, faire de l’immeuble un lieu de solidarité a beaucoup de sens. Si nous n’allons pas chercher cette énergie renouvelable à l’infini, qui ne coûte rien, n’est pas polluante et qui s’appelle la générosité citoyenne des voisins, notre modèle va péricliter. Le binôme constitué par les syndics et les conseils syndicaux peut jouer un rôle formidable en la matière, celui d’amortisseur social.
La Fête des Voisins peut-elle jouer un rôle lors des assemblées générales ?
Se parler, échanger entre voisins, cela permet de mieux faire respirer la copropriété pour les décisions les plus lourdes, le ravalement, changer l’ascenseur, discuter de la rénovation énergétique. Le syndic a donc tout intérêt à ce que la Fête des Voisins se déroule. Il y a des gisements de générosité chez les Français et l’immeuble représente une vraie cellule de solidarité. La Fête des Voisins représente un véritable outil d’apaisement, et une journée qui génère des millions de situations d’entraide toute l’année. C’est la raison pour laquelle j’ai créé Voisins Solidaires[HD2] , un programme comprenant une quarantaine d’actions qui transforme la dynamique de convivialité créée par ce moment unique dans l’année en une dynamique d’entraide et de solidarité toute l’année.
[HD1] https://www.lafetedesvoisins.fr/
[HD2] https://www.voisinssolidaires.fr/