Comment l’IA bouleverse t-elle la notion d’usage ?

Rédigé par

Gérard PINOT

1999 Dernière modification le 19/12/2018 - 09:00
Comment l’IA bouleverse t-elle la notion d’usage ?

Si elle est relativement récente dans le secteur de la construction, la notion d’usage est, en revanche, couramment utilisée depuis longtemps chez les programmistes, dans la définition des besoins.

 La notion d’usage s’est généralisée à tous les métiers de l’ingénierie depuis une dizaine d’années sous une double influence, celle des utilisateurs, soucieux de leur confort, celle des applications mobiles, apparues avec les smartphones à partir de la fin des années 2000. La notion d’usage a ainsi été popularisée par les concepteurs d’applications à travers la notion de « personna » qui correspond à des typologies d’usagers.

Qu’est ce que l’intelligence artificielle dans le bâtiment ?

 L’IA dans le bâtiment – c’est à dire la capacité d’un bâtiment à recueillir des données remontant des occupants – se traduit par l’émergence du « smart building », un bâtiment numérique où tous les fluides sont gérés et contrôlés à distance en temps réel et offrant des services IT (Information Technology) à ses occupants et gestionnaires.

Le LIFI et le Bluetooth sont les deux technologies qui permettent aujourd’hui la captation d’informations sur les usages des occupants.

Est-ce que l’IA bouleverse la notion d’usage ?

Après une longue période de déconnexion entre l’ingénierie et le client, la prise en compte de l’usage et l’arrivée de nouveaux usages bousculent les acteurs de l’ingénierie et leur imposent de se positionner en offre de services pour les usagers. Dans cette perspective, le bâtiment « intelligent » et les nouveaux services qu’il permet est un atout, à condition, comme le stipule la loi sur la RGPD, de ne pas utiliser les données des personnes à leur insu.

L’apport de l’IA peut être un enjeu important dans les phases de conception du projet, pour intégrer en amont les évolutions futures des bâtiments, en termes d’usages comme de performance énergétique. Parce qu’il y a un lieu avéré entre modes d’occupation par les usagers et performance énergétique, recueillir en amont des données d’usage – et les analyser - peut permettre d’alimenter la réflexion programmatique et en conséquence la conception.

Cependant, au-delà de la notion d’usage, l’IA peut difficilement pour l’instant intégrer toutes les données qui permettent de définir à elle seule les besoins des usagers. Elle n’appréhende pas les moments de transaction sociale entre plusieurs personnes, difficiles à convertir en données.

En conclusion, si l’IA permet de consolider en temps réel des données d’usage, elle n’est pas encore en mesure d’analyser la complexité des interactions entre les usagers.

 « Si les données recueillies sont partagées avec les usagers, on peut par exemple mettre en place une démarche vertueuse pour agir sur leur niveau de confort au regard de leur consommation d’énergie en temps réel ».

Article signé Gérard Pinot, président de CINOV SYPAA (Syndicat des Programmistes en Architecture Aménagement et Urbanisme)

© jamesteohart

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