[Chroniques Urbaines #08 - Final Saison1] Quand les conteneurs maritimes s’invitent dans nos villes

Rédigé par

Laetitia Morere

2162 Dernière modification le 30/05/2018 - 10:58
[Chroniques Urbaines #08 - Final Saison1] Quand les conteneurs maritimes s’invitent dans nos villes

Le développement des conteneurs maritimes, et des porte-conteneurs associés, ont largement contribué à la transformation de grandes villes côtières en hubs maritimes. Alors que le phénomène de mondialisation est évident dans l’activité commerciale mondiale, la question éco-responsable du recyclage des conteneurs usagés se pose à tous. Réutiliser des conteneurs au fond de son jardin pour créer un espace de stockage, c’est déjà un bon début… Mais une multitude de possibilités bien plus surprenantes sont également envisageables pour repenser l’usage des conteneurs au sein de notre habitat.

D’hier à aujourd’hui…

Histoire des échanges maritimes

Toutes les grandes civilisations ont toujours bâti leurs cités principales le long d’axes maritimes ou fluviaux pour faciliter le transport de biens. Le plus vieux port du monde, celui de Wadi al-Jarf en Égypte datant de 2600 avant JC, organisait les échanges de biens dans des jarres, peintes avec l’inscription du port de destination des produits. Pendant des siècles, le commerce maritime a suivi un modèle de chargement manuel très simple.

Ce n’est qu’au XIXème siècle que les limites du modèle se firent sentir, causées par les disparitions mystérieuses et répétées de marchandises en vrac au cours des phases de chargement. Les ouvriers portuaires étant encore responsables du chargement de chaque sac, caisse ou baril d’alcool, les arrêts des navires dans les ports s’éternisaient souvent pendant des semaines. Une solution devait donc être trouvée pour sécuriser, accélérer et interconnecter les échanges commerciaux, et ainsi permettre le développement massifié et sans risque du commerce international.

L’invention d’un modèle de transport

C’est en 1937 que l’impatient Malcom McLean, propriétaire d’une société de transport routier en Caroline du Sud invente un nouveau procédé de chargement. Si les remorques entièrement chargées des camions pouvaient être directement déposées sur un cargo à l’arrivée au port, un temps phénoménal serait gagné au chargement comme au déchargement.

Il fallut alors près de 20 ans à McLean pour penser à remplacer les remorques de ses camions par des conteneurs en acier ultra-robuste et lancer un nouveau business complètement précurseur. Le 26 avril 1956, 58 conteneurs de la société McLean traversent l’Atlantique sur un vieux pétrolier de la Seconde Guerre Mondiale, le « Ideal X ».

L’explosion du commerce maritime international

L’invention de McLean, suivie par de nombreux investisseurs, va alors bouleverser le commerce mondial. Le nombre de dockers fut drastiquement diminué permettant d’atteindre un coût de chargement record de seulement 16 centimes par tonne de chargement ; et la rentabilité fut maximisée puisque 30 tonnes de marchandises pouvaient être chargées par heure en 1970 lorsque 5 ans plus tôt il n’était possible que d’en charger 1,7 tonnes par heure.

Aujourd’hui, 8 millions de conteneurs transitent chaque année sur les eaux mondiales. Le commerce mondial n’a jamais été aussi dense, à l’image des infrastructures portuaires toujours plus massives qui se développent : le plus gros porte-conteneurs est français et peut accueillir jusqu’à 20 000 conteneurs.

De nombreux fabricants ou grands distributeurs comme Dell ou Wal-Mart décident alors d’orienter entièrement leur stratégie commerciale sur un approvisionnement de leur clientèle en un temps record. Très vite, les pratiques de consommation des ménages évoluent puisqu’il devient possible pour tous d’accéder à des produits provenant de l’autre bout du monde en seulement quelques jours et à prix réduits.

Et demain ?

« Container Buildings », la nouvelle tendance !

Le conteneur fût un fervent accélérateur de la mondialisation à la fin du XXème siècle, mais aujourd’hui le nombre de boxes métalliques sur Terre est proche des 500 millions, soit 16 conteneurs en déplacement chaque seconde et très peu de recyclage est prévu pour les conteneurs usagés. Comment le monde urbain, pourtant bien éloigné du secteur maritime, pourrait-il répondre à cet enjeu clé ?

Une tendance actuelle se détache dans le domaine de la construction durable : la maison conteneur ! Il s’agit le plus souvent d’un projet d’auto-construction qui permet d’accéder à la propriété avec un avantage financier évident et des délais de construction extrêmement réduits. Personnalisable et modulable, la maison conteneur est aussi écologique puisqu’elle recycle un conteneur maritime en fin de vie.

Avec une telle facilité de construction, une maison conteneur peut facilement démultiplier sa surface habitable et s’incorporer dans tous les types d’habitats, même les plus arides comme le désert. Une telle construction se greffe également parfaitement au tissu urbain de grandes villes. C’est le cas d’une résidence construite en empilant et découpant 21 conteneurs, située au cœur de Brooklyn !

Des perspectives de constructions incroyables

Et si on vous disait qu’un conteneur maritime pouvait devenir une véritable œuvre d’art urbain. C’est la réflexion lancée par l’artiste et architecte Luc Deleu en avril 2013 lors de l’installation en plein centre de Bruxelles de son « Container ». Dans une démarche similaire, Vincent Ganivet propose une œuvre étonnante à l’occasion des 500 ans du Port du Havre. La « Catène » réalise une double prouesse : au cœur de la ville, l’installation mesure près de 30 mètres de haut et se compose de 26 conteneurs recyclés. L’œuvre bénéficie depuis son installation d’un impressionnant succès auprès de la population du Havre : les conteneurs semblent adoptés même au cœur des villes !

Dans le secteur des constructions sportives, le Qatar annonce la construction du « stade le plus écologique du monde » pour accueillir la Coupe du monde 2022 ! Tel un grand jeu de Lego, 900 conteneurs seront assemblés pour former le futur Ras Abu Aboud Stadium d’une capacité de 40 000 spectateurs. Le bâtiment respectera toutes les exigences de l’Organisation en recherche et développement pour les pays du Golf (GORD), un référentiel à haute qualité environnementale semblable au BREEAM européen. Dans une logique d’adaptabilité, le stade est 100% démontable et donc réutilisable pour un tout autre évènement.

En parallèle d’une utilisation massive dans le transport maritime, les conteneurs semblent avoir un bel avenir au cœur de nos villes, pour des constructions toujours plus durables. Conversion urbaine réussie !

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Article publié par Green Soluce
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