ChartierDalix, pour une architecture "porteuse de vie"

Rédigé par

Claire NIONCEL

Journaliste

1892 Dernière modification le 03/10/2022 - 00:00
ChartierDalix, pour une architecture

Pascale Dalix, cofondatrice de l'agence  ChartierDalix était présente sur le salon  INNOPOLIS pour parler d'une architecture appréhendée comme "un écosystème pour accueillir le vivant". L'exemple du bâtiment de l'Ecole des Sciences et de la Biodiversité à Boulogne-Billancourt en est un exemple éclairant. 

"Repenser le lien avec la nature dans les villes", tel est le leitmotiv de Pascale Dalix qui intervenait mardi 21 septembre sur la thématique de la végétalisation verticale. L'agence d'architecture ChartierDalix qu'elle a cofondé en 2008 avec Frédéric Chartier, a livré plus d'une vingtaine de bâtiments. Une dizaine de chantiers sont en cours en 2022, dont notamment un pôle logistique support d’agriculture urbaine sur La ferme Suzanne à Vitry-sur-Seine (94) qui va être inauguré prochainement. 

Une imbrication entre vivant et bâti, entre nature et matériaux

Un axe fort de travail de l'agence est l'accueil du vivant dans l'architecture pour un retour de la biodiversité dans les villes. Pascale Dalix illustre son propos avec l'exemple de l'Ecole des Sciences et de la Biodiversité, bâtiment livré par l'agence en 2015. Celui-ci comprend une école primaire de 18 classes et un gymnase, au sein d'un écosystème englobant la toiture et les murs d'enceinte, le tout constituant un lieu d’apprentissage et un espace de nature entièrement recréé.
Le complexe de 6766 m² dispose d'une toiture de 2500 m² aménagée en plusieurs espaces, îlots boisés avec des prairies naturelles, paysages comestibles, jardins pédagogiques.... L'architecte explique qu'"un écosystème naturel a été reconstitué de façon à créer un espace autonome, nécessitant peu d'entretien". Et, comme il est important de préserver la continuité entre le sol, les murs, et le toit, tout a été pensé pour que la végétation se prolonge naturellement de la toiture dans la texture des murs d’enceinte, ainsi qualifié de "murs habités". L'enceinte est ainsi constituée de 1300 blocs disposés en quinconce, avec des hôtels à insectes, des nichoirs de tailles adaptées aux oiseaux présents sur le site, des canaux pour le cheminement de l'eau. Le bâtiment est conçu comme une succession de différents niveaux topographiques sans rupture. 
Mais, se comportant comme un écosystème vivant, le bâtiment est évolutif dans son aspect. "Son enveloppe sera différente dans 5 ans, 10 ans, avec l'incertitude d'une nature qui répond à ses propres lois". Ainsi Pascale Dalix, indique que l'agence suit en continu le bâtiment et met en oeuvre un plan de gestion écologique de la toiture (suivi faune et flore, fauche tous les deux ans). L'architecte révèle que "140 espèces végétales ont été identifiées au bout de deux ans, soit deux fois plus que lors du lancement du projet.", mais celle-ci ajoute que "les derniers recensements ont montré une baisse de la biodiversité, qui a conduit à réensemencer une partie des prairies." L'écosystème est bien vivant...

Un modèle d'architecture qui pose de nouvelles questions

"Mimer le système naturel", ouvre de nouveaux champs de travail. "Comment une paroi qui se fait coloniser par le vivant évolue ? Quels sont les matériaux qui sont le mieux adaptés à une végétalisation ? Leur résistance diminue-t-elle davantage avec le temps ?..." Pour tenter de répondre à ces questions, l'agence travaille avec un cimentier pour tester différents types de béton, et expérimente aussi d'autres matériaux, comme la brique ou un prototype de pierre sèche. Les architectes constatent que certains matériaux comme la pierre sèche offre des conditions plus favorables à un développement naturel de la végétation. Et le béton se rapproche de la pierre en matière d'inertie. Sans cesse en recherche d'innovation, Pascale Dalix évoque ainsi le nouveau siège de l'AP-HPau cœur de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, qui vient d'être livré : un bâtiment compact de forme triangulaire avec un coeur végétal et des murs "troués" pour accueillir de la végétation, une innovation brevetée avecVINCI Construction. "Pour qui construit-on ? l'homme ? la nature ?". Il y a peut être une nouvelle relation à imaginer, pour préserver ou tisser ce lien avec le vivant, conclue l'architecte...

Marie-Christine Bidault 

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