[#Bureauxdedemain] Réaménager en économie circulaire des espaces de bureaux : retour sur les bonnes pratiques

5392 Dernière modification le 18/08/2022 - 10:44
[#Bureauxdedemain] Réaménager en économie circulaire des espaces de bureaux : retour sur les bonnes pratiques


Portée par l’Ifpeb, la Cerema, A4mt, Circoe et Evea, la démarche Bureaux de demain vise à favoriser l’économie circulaire dans les travaux d’aménagement des espaces de bureaux. Le projet a révélé ses enseignements principaux fin juin, d’après des retours d’expériences réalisés sur 14 démonstrateurs en Normandie et Ile-de-France.

Le programme Bureaux de demain a commencé fin 2020. Il s’inscrit dans la continuité d’une première phase menée de 2017 à 2020, constituée de tests sur les modalités de mise en œuvre de l’économie circulaire dans les bureaux. L’objectif de la démarche est de réduire les déchets générés par les chantiers et de favoriser le réemploi. Aujourd'hui encore, la production annuelle des déchets du BTP représente 42 millions de tonnes par an, dont 25% sont liées au second œuvre. Un chiffre que l’Ifpeb, la Cerema, Circoe, A4mt et Evea souhaitent contribuer à faire diminuer.

« Avec une forte rotation locative, les surfaces de bureaux sont de grandes productrices de déchets. À chaque changement d’occupant, les aménagements existants sont bien souvent déposés pour repartir sur des aménagements neufs. Une partie de ces produits et matériaux ne sont pourtant pas arrivés en fin de vie, mais ils ne répondent plus forcément aux besoins des nouveaux occupants (en termes de modularité ou d’identité visuelle par exemple) » explique Cécile Deloffre, Consultante carbone et économie circulaire à l’Ifpeb. « L’ambition de Bureaux de demain était de réduire cette production de déchets et l’ensemble des impacts associés via l’économie circulaire, et plus globalement de lutter contre cette obsolescence programmée des bureaux. »

 

Démonstrateurs et lots concernés

Suite au succès de la première phase, 14 démonstrateurs ont émergé dans la Vallée de la Seine. 64% sont des projets de réhabilitation, 22% des projets de construction et 14% sont mixtes. Au total, 120 000 m² de surface de plancher sont concernés.

Dans le cadre de la capitalisation menée par Bureaux de demain, six lots ont été analysés :

  • Les luminaires
  • Le mobilier
  • Les plafonds
  • Les planchers techniques
  • Les cloisons
  • Les revêtements de sol

La majeure partie des acteurs n’avait encore jamais eu recours au réemploi. Il se sont concentrés sur des stratégies de ciblage et de test plutôt que de massification. Les quelques uns plus avancés, pour leur part, ont commencé à intégrer une démarche plus poussée afin de maximiser le réemploi.

Des résultats au rendez-vous !

Le travail mené dans les 14 démonstrateurs a prouvé les bénéfices environnementaux du réemploi. Pour les émissions carbone, jusqu’à 84 kg de CO2 par m² SDP ont été évités. Du côté du transport, le nombre de tonnes par kilomètre a diminué jusqu’à 83%. Enfin, les produits de réemploi entrants ont constitué jusqu’à 17 kg/m² SDP et le taux de circularité est monté jusqu’à 60% de taux sur les 6 lots.

Afin d’aider les acteurs du bâtiment à s’emparer du sujet de l’économie circulaire, Bureaux de demain a mis en place une boîte à outil intégrant 3 volets : inspirer (panorama d’offres circulaires, recensement de plateformes du réemploi), évaluer (outils de calcul des bénéfices environnementaux et de calcul des coûts de la logistique), prescrire (préconisations des modes de prescription et mise à disposition en libre accès de clausiers types).

4 facteurs de succès identifiés

Les équipes de Bureaux de demain ont relevé quatre grands facteurs de succès dans la mise en place d’une démarche d’économie circulaire :

  • Avoir une ambition forte et partagée de l’équipe projet. Les projets menés dans les démonstrateurs ont permis de constater l’importance de la communication et de la sensibilisation des acteurs concernés, par exemple à travers des ateliers de consigne avec interventions d’experts du réemploi. Les équipes projets ont créé les conditions d’un dialogue en étant à l’écoute des craintes des acteurs, en leur permettant de faire des propositions, en leur partageant des retours d’expériences, etc.
  • Assurer le pilotage de la démarche tout au long du projet. Plus l’économie circulaire est intégrée tôt dans un projet, plus les objectifs sont tenus. D’après les retours des démonstrateurs, la phase idéale pour intégrer le réemploi est celle de l’Avant-Projet Définitif (APD). Mais le prendre en compte en amont permet de mieux sensibiliser et engager les acteurs. De plus, il est essentiel de faire appel à des experts en réemploi pour mieux identifier les flux et les matériaux disponibles, rassurer les parties prenantes, aider à la rédaction des pièces marchés, etc.
  • Sécuriser le sourcing. Les problèmes liés à l’identification des gisements sont une raison importante d’abandon dans le réemploi. Trois bonnes pratiques ont été observées afin d’éviter cet écueil : réaliser un pré-sourcing, identifier les fournisseurs suffisamment en amont et anticiper la réservation des produits.
  • Faire une rédaction de marché adaptée au réemploi. Le réemploi demande des changements de pratiques, il est donc nécessaire d’accompagner les entreprises à travers un cadrage précis. Il faut les inciter à se tourner vers des nouvelles pratiques, notamment en sécurisant le planning (ce qui est important pour la gestion de la logistique) et en anticipant la validation des produits (pour répondre aux enjeux de performances techniques et d’assurabilité).

Enseignements lot par lot

Le travail réalisé dans le cadre de Bureaux de demain a permis de dresser un tableau des enseignements lot par lot.

Plancher technique. Il s’agit du lot le plus ciblé. C’est un fort levier de décarbonation du bâtiment, le poids carbone du produit étant assez significatif. De plus, le produit n’étant pas visible une fois mis en place, il n’impacte pas l’identité visuelle des bureaux. Le lot bénéficie d’une filière relativement mature. Son coût en réemploi est équivalent au neuf, voire légèrement plus cher. Cependant, pour l’instant, la demande est plus importante que l’offre, ce qui pousse certains projets à revoir leurs ambitions à la baisse à cause du manque de disponibilité.

Revêtements de sols. Ce lot concerne surtout des moquettes en bureau. Le gisement est assez important, le coût en réemploi est moins élevé que le neuf et les produits n’ont que peu de contraintes réglementaires. Cependant, le lot soulève des enjeux d’identité visuelle et d’homogénéisation.

Luminaires. Le gisement est limité et pose des problématiques de garantie, liées à la durée de vie résiduelle des luminaires réemployés, ainsi que de rupture technologique. En effet, les acteurs recherchent de la LED. Or, ce gisement n’est pas encore très développé, même s’il devrait augmenter dans les années à venir.

Cloisons. Les cloisons utilisées dans les démonstrateurs relèvent plutôt de l’éco-conception que du réemploi. Cela s’explique par le coût et la difficulté de la dépose, la complexité du transport, ainsi que la compatibilité des dimensions.

Plafonds. Ce lot a connu un taux d’abandon élevé au cours du projet, dû notamment à la fragilité du produit, avec des taux de perte importants à la dépose. De plus, le lot soulève des enjeux acoustiques et esthétiques assez forts. Cependant, la réutilisation in situ est apparue comme un bon levier pour dépasser la problématique des stocks disponibles.

Mobilier. Les travaux réalisés dans le cadre de Bureaux de demain ont relevé le fort potentiel de ce lot. Le gisement est important et de qualité : un grand nombre d’acteurs proposent du mobilier de seconde main. De plus, le potentiel de bénéfice économique est élevé (jusqu’à 50% moins cher que du neuf). Enfin le mobilier n’est pas soumis à des contraintes réglementaires particulières. Seul bémol : l’enjeu d’esthétique et d’identité visuelle.


Accéder à la restitution du projet Bureaux de demain.

Propos recueillis par Construction21 - La rédaction


Article suivant : Tertiaire et réemploi : pour une mise en place systématique. L’exemple du projet Kalifornia à Malakoff


Retour à la page d'accueil du dossier

 

 

Un dossier réalisé avec le soutien de : 

Partager :